Le duo féminin et masculin du film cannois « Riposte féministe » sur les militantes qui animent le féminisme français

« Nous sommes féministes, riposte féministe !? C'était l'écho des militants dans le public ? acclamations et chants lors de l'ovation debout qui a accueilli la première deRiposte féministe,le long métrage documentaire de la cinéaste française MariePerennès et Simon Depardon.

Le film est présenté cette semaine dans la section Séances Spéciales du Festival de Cannes.

Le documentaire voit le réalisateur Perennès et Depardon, pour qui il s'agit de son deuxième film, mettre en lumière les militants nocturnes qui tentent d'éveiller le public et de transformer les vagues d'activisme en une nouvelle vague de féminisme disruptif en France. Ils suivent les groupes, connus sous le nom de « mouvement collage », qui descendent la nuit dans les rues de France pour coller des messages et des slogans dans l'espace public en hommage et en cri d'indignation pour les victimes de féminicide.

Les réalisateurs prévoient de rencontrer le public et les associations pour échanger et débattre dans toute la France lors de la sortie du film. Certains membres du mouvement ont manifesté sur le tapis rouge à Cannes, avant la projection en Compétition deSainte Araignée.Wild Bunch International gère les ventes des deux titres.

Perennès et Depardon discutentÉcransur le pouvoir de l'observation silencieuse, les techniques de documentation pour impliquer le public masculin et le rôle des alliés dans la lutte pour l'égalité des sexes.

Qu’est-ce qui vous a donné envie de raconter cette histoire ?
Perennes :Quand le ?collage? mouvement lancé en France, j'ai été étonné par leur courage, leur détermination et [la puissance des] slogans comme « Je te crois ». Je suis allée faire un collage avec des groupes, mais j'ai vraiment senti qu'avec une caméra, c'est un autre outil pour parler. Je peux contribuer à construire une nouvelle déconstruction et une nouvelle façon de penser l'égalité.

Comment avez-vous rendu ce documentaire accessible à tout type de public ?
Perennes :Les militantes que nous avons filmées ont pour la plupart entre 18 et 25 ans. Notre productrice Claudine Nougaret fait partie d'une génération qui s'est battue dans les années 70 et 80 pour le féminisme. Nous avons pensé que ce serait merveilleux de faire un film transgénérationnel qui s'adresse à tous les âges. Pour combler cet écart au milieu. Et nous espérons que cela touchera aussi les hommes. C'est la raison pour laquelle nous avons décidé de réaliser tous les deux le film.

Riposte féministen'a pas de pièce de style documentaire pour filmer des interviews. Pourquoi?
Depardon:Nous avons essayé de ne pas faire d’interviews face à la caméra parce que je pense que les hommes n’écouteront pas. Cela les intimiderait. L'idée était plutôt d'être comme une souris dans la conversation, dans les débats, dans l'action. Il s’agissait d’essayer de disparaître derrière la caméra pour leur permettre d’avoir leur propre conversation et permettre aux téléspectateurs de se faire leur propre opinion.

Nous avons dit aux filles : « Ne regardez pas la caméra. Le silence est bon. Nous pouvons modifier.? C'était vraiment quelque chose que nous essayions de faire comme un film, comme une fiction. Dans chaque scène, vous êtes dans la conversation et dans le secret. Parce que, vous savez, le féminisme est parfois une question de secrets, comme l'écho des sorcières qui font des choses la nuit.

Comment s’est déroulée la confrontation avec les militants pro-vie ? Saviez-vous qu'ils seraient là ?
Perennes :C'était une coïncidence totale. Tous les militants ne le savaient pas non plus. Ils essaient toujours de faire taire les féministes. C'est pourquoi nous avons fait ce film : un film dans lequel seules des femmes parlent pour que personne ne puisse les faire taire.

Depardon:C'est aussi une question de son. Il prie et les féministes crient, donc nous avons fait beaucoup en post-production pour avoir cette scène. Il faut être très rapide pour changer de position et filmer ce qui se passe. Et c'est ce qu'on aime dans le documentaire, une confrontation comme celle-ci parce qu'on a commencé à parler de violence et que dans certains mouvements, il faut de la violence pour être écouté. Cela a donc ouvert un très bon débat. 

Simon, vous décrivez-vous comme féministe ?
Je suis un allié parce que je ne souffre pas du patriarcat, donc ma façon de m'engager est de faire des films parce que c'est mon travail. J'ai appris qu'il y a plus de 100 femmes en France qui meurent chaque année simplement parce qu'elles sont des femmes. Nous devons faire des choses. Je peux être un allié avec mon appareil photo.

Quel impact espérez-vous que la Riposte féministe aura ?
Depardon:Nous espérons que cela ouvrira des débats. Le féminisme doit être partout et il faut en parler. Il faudra les voir et voir les gens combattre en France. Nous avons déjà reçu de nombreux messages de personnes du monde entier disant : « Je veux faire des collages ».

Perennes :Nous espérons que le film sera un outil pour discuter, ouvrir les esprits et engager des débats. Il y a de l'espoir.