Ce n'était pas une année desuperproductions littéraires, mais Christian Lorentzen a trouvé plein de livres à aimer, dontl'autofiction tournée par les femmes vers de nouvelles fins; deux recueils d'essais inimitables ; un roman de prisonnier sur le naufrage de l'Amérique centrale du XXIe siècle ; et des lots d'histoires puissantes de John Edgar Wideman et du regretté grand Denis Johnson.

Hamrah écrit sur les films – il est le critique de cinéma den+1– est déformé, désobéissant, saturé d’histoire et parfois délicieusement méchant. Ni homme de main ni jeu d'enfant, Hamrah porte des jugements techniques exigeants tout en gardant à la fois légèreté et sens des enjeux moraux. Son livre est un totem du rôle crucial du contrôle à l’ère du fanboy et du récapitulateur.

Le lycée australien réservé aux filles qui sert de toile de fond à ce premier roman hilarant est une boîte de Pétri de guerre culturelle contemporaine. Le pari de Freiman est que la satire et le désaveu des piétés peuvent conduire à une sorte d’empathie plus profonde. C'est une épreuve pour son héroïne marginale, à l'âge délicat où chaque jour ressemble à une performance improvisée au théâtre de l'absurde. Maintenant plus que jamais, comme on dit.

Les essais de Chee transmettent l'effet de nouvelles formes inventées sous vos yeux. Son livre est un portrait fragmenté du jeune artiste enfilant et se débarrassant de divers masques. Chee utilise des véhicules conventionnels – les mémoires, la liste, la litanie d'aphorismes didactiques – pour arriver à des découvertes morales et esthétiques que l'on sent qu'il n'a pas vu venir lui-même.

Maître styliste, Wideman explore un large éventail de registres tonals, de stratégies rhétoriques et d'effets musicaux dans ce recueil d'histoires. Il intervient personnellement dans l'histoire et est témoin de l'intrusion de l'histoire dans le domaine personnel. Chaque histoire met en scène une dialectique sur les questions de race qui se reflète dans les phrases de Wideman, le staccato affrontant le sinueux.

Ce roman est un antidote à la perception vague et sinistre de la Russie et des Russes qui a récemment saisi les États-Unis comme une parodie zombie de la guerre froide. Des choses sinistres se produisent dans le Moscou de Gessen – une histoire de famille qui se transforme en thriller politique – mais il en va de même pour les repas communs, les manifestations de gauche radicale, les matchs de hockey et les canalisations bouchées.

Boyer écrit comme un génie qui n'a rien à perdre, ce qu'elle était - poète, mère et professeur à Kansas City - jusqu'à son recueil de 2015,Vêtements contre les femmes, a fait d'elle une célébrité de la petite presse. Cérébraux, vulgaires, libres, intimes, politiquement radicaux et terriblement drôles, ces essais rassemblent l'équivalent de plusieurs décennies de travail et suivent Boyer jusqu'à son contact avec le cancer, sujet de ses prochains mémoires.

Écrit dans une prison fédérale du Kentucky, où Walker purge une peine pour plusieurs braquages ​​de banque,Cerisetrace une descentede l'héroïsme de guerre à la dépendance aux opioïdes en passant par le comportement criminel désespéré. L’histoire est une parabole accablante de l’Amérique du 21e siècle. Son récit – honnête, ironique, humoristique et déchirant – est une démonstration du pouvoir rédempteur de la littérature.

Appelez cela l’autofiction de l’effacement de soi. L'alter ego de Cusk, Faye — dans ledernier volet de sa trilogie— fait deux étapes sur le circuit des festivals littéraires internationaux qui façonnent de plus en plus la vie éveillée des écrivains. Elle livre un collage de témoignages d'inconnus et suggère une voie à suivre pour les romanciers dans un monde qui ne se prête plus aux intrigues cohérentes.

Trois classiques et deux joyaux bizarres ; ces histoires sont les derniers hurlements d’une vie d’écrivain singulière. Johnson est décédé quelques mois avant la publication de son dernier recueil, successeur irrégulier de son chef-d'œuvre lapidé de 1992,Le Fils de Jésus. Comme peu d’autres écrivains l’ont fait, il connaissait l’Amérique lowlife. C'était un pécheur, un chercheur et un récupérateur d'images brûlantes.

Dans ce roman philosophique, à ne pas confondre avec les mémoires, le temps et le hasard conspirent pour exclure les possibilités, mais on résiste à la diminution. Heti développe un récit passionnant à partir d'une question binaire : création ou procréation ? L'horizon du livre est biblique. Les dettes du passé ne peuvent être payées qu’au futur. Si vous descendez d’un survivant de l’Holocauste, est-il plus noble d’avoir des enfants ou d’écrire des livres ? Heti sait qu'il y a quelque chose d'absurde à poser cette question.Son narrateurJ'ai beaucoup d'humour et un peu de chagrin à force de le poser encore et encore – à elle-même, à tous ceux qu'elle rencontre et aux pièces de monnaie qu'elle jette en l'air. Le roman n’apporte pas de réponses mais une zone de liberté face aux réponses.

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