‘Langue Etrangere’: Berlin Review

Deux correspondants français et allemands vivent une relation en personne dans le drame sur le passage à l'âge adulte de Claire Berger

Réal. Claire Burger. France/Allemagne/Belgique. 2024. 105 minutes

L'amour, l'angoisse familiale et l'avenir de l'Europe se mélangent dans un mélange largement convaincant, quoique finalement schématique.Langue Etrangere, un récit d'initiation franco-allemande au féminin sur le franchissement des frontières, tant géographiques qu'émotionnelles. La scénariste-réalisatrice française Claire Burger s'est fait connaître avec le coréalisateurFêtarde(2014), suivi du véhicule au cœur tendre de Bouli LannersLe vrai amour. Mais la voici dans sa forme la plus confiante à ce jour, aidée par les solides performances des nouvelles venues Lilith Grasmug et Josefa Heinsius, et le soutien des stars européennes amies des arts et essais Nina Hoss et Chiara Mastroianni.

Largement convaincant si finalement schématique

Des thèmes politiques sérieux, une tension et une tendresse latentes entre les deux jeunes protagonistes et une intelligence globale se combinent pour presque surmonter un effondrement final dans l'artifice. Le film doit gagner le respect et l’intérêt, voire l’enthousiasme fulgurant, d’un public exigeant ; en particulier une jeune circonscription LGBT+.

Le film commence à Leipzig, en ex-Allemagne de l'Est, avec l'arrivée en train de l'adolescente française Fanny (Grasmug, du film de Mikhaël Hers).Passagers de la nuit). Fanny – originaire de Strasbourg, où ses parents sont interprètes – rencontre Susanne (Hoss), la mère de sa correspondante Lena (Heinsius). Mais Lena est partie à une manifestation et, quand elle arrive, elle n'est pas du tout accueillante envers Fanny. La Française ne s'amuse pas non plus à l'école de Lena mais, à mesure que les deux jeunes femmes révèlent peu à peu leurs vulnérabilités, elles se décongelent l'une envers l'autre – notamment lors d'une fête, avec l'aide de quelques champignons enrobés de chocolat et d'un message enthousiaste mais désemparé. garçon.

Le séjour de Lena atteint son point culminant lorsque Susanne, stressée, se calme lors d'un déjeuner malheureux avec son ex, ses enfants et son père réactionnaire. Mais à mi-parcours, Burger et sa co-scénariste Léa Mysius (connue pour ses collaborations avec Claire Denis et Jacques Audiard, et sa propreLes cinq diables) renversons la situation, puisque Léna vient séjourner chez Fanny à Strasbourg. Au début, tout se passe bien, puisqu'elle est accueillie par les parents de ce dernier, Antonia (Mastroianni) et Anthar (Jalal Altawil). Mais bientôt Lena reçoit un accueil sévère dans une école française, parce que Fanny – nouvellement politisée par l'influence de Lena – commence à suivre ses propres névroses dans des zones troubles, y compris sa recherche d'une demi-sœur militante insaisissable.

Burger construit les choses lentement dans la première partie, jouant joliment les deux jeunes protagonistes l'un contre l'autre – la réticence fragile de Fanny, le défi plus aigu de Lena – puis laisse Grasmug et Heinsius établir des relations ensemble sur fond d'angoisse familiale et un fort sentiment du passé politique et de l'Europe de l'Europe. un présent de plus en plus troublé. Des thèmes tels que la réunification allemande et la montée actuelle de l'extrême droite créent un contexte bien défini pour l'urgence des peurs et des passions des filles, ainsi que pour la conscience de leurs parents de leurs propres erreurs et de leurs idéaux érodés.

La section strasbourgeoise s'appuie sur des thèmes, des indices et des énigmes soigneusement plantés à Leipzig. Mais, alors que nous arrivons au cœur de ce qui a toujours préoccupé Fanny, les pièces se mettent en place un peu mécaniquement, et le film, malgré toute sa perspicacité empathique, risque de devenir trop une étude de manuel dans un "problèmes de- la veine de la jeunesse d'aujourd'hui. Malgré tout, une approche féministe astucieuse et intelligente fait en sorte queLangue Etrangeretrès engageant, et Burger obtient une paire de performances parfaitement assorties de la part de ses jeunes protagonistes. Hoss est également formidable, dans un mode très différent des rôles principaux de Christian Petzold pour lesquels elle est surtout connue.

Une palette de pastels à dominante bleue, quelque peu bonbon, constitue un choix visuel étrange, mais les sites de Leipzig et de Strasbourg (y compris le Parlement européen) sont à l'origineLangue Etrangeresolidement dans une Europe contemporaine réaliste et tout aussi concrète que les enjeux générationnels et politiques qu'esquisse le film.

Production company: Les Films de Pierre

Ventes internationales : Les Affranchis[email protected]

Producteurs : Marie-Ange Luciani

Scénario : Claire Burger, Léa Mysius

Cinematography: Julien Poupard

Scénographie : Pascale Consigny

Editors: Frédéric Baillehache, Claire Burger

Musique : Rebeka Warrior

Acteurs principaux : Lilith Grasmug, Josefa Heinsius, Nina Hoss, Chiara Mastroianni, Jalal Altawil