Le snobisme de Netflix à Cannes pourrait enflammer le débat sur les vitrines des salles de cinéma en France

Source : Netflix

La décision de Netflix de laisser passer le Festival de Cannes cette année suite à l'interdiction de la compétition pour les films sans distribution en salles en France va probablement jeter de l'huile sur le débat déjà enflammé sur la chronologie des médias dans le pays.

Le bras de fer entre le festival et la plateforme repose en partie sur la stricte législation française sur les fenêtres média qui impose un délai de 36 mois entre la sortie en salles d'un film et sa diffusion sur une plateforme de SVoD.

Dans le cadre existant, si Netflix sortait un de ses titres autrefois très attendus à Cannes ? comme celui d'Alfonso Cuarón?Romeou Jeremy Saulnier?Tenez l'obscurité? en salles en France dans les prochains mois, pour garantir une place en compétition à Cannes, il devrait garder le titre hors de sa plateforme française Netflix jusqu'en 2021.

Le dernier film de CuaronPesanteura connu un succès retentissant lors de sa sortie en salles en France en 2013, attirant plus de trois millions de spectateurs. Mais le dernier long métrage de SaulnierChambre vertevendu seulement 50 000 billets après sa première à Cannes Réalisateurs ? Quinzaine en 2016.

Il n’est pas certain que Netflix organiserait des sorties en salles en France si la chronologie médiatique n’existait pas.

Contrairement à son rival Amazon, Netflix a montré un intérêt limité à soutenir la sortie en salles de ses films. Bong Joon-Ho?Okja, par exemple, a bénéficié d'une diffusion grand public en Corée et de sorties limitées aux États-Unis et au Royaume-Uni, mais a été principalement regardé sur le petit écran.

Mais il n’est pas difficile de comprendre pourquoi le géant du streaming hésite à se lancer dans une sortie en salles françaises dans le système de chronologie actuel.

Selon les chiffresobtenu par un journal françaisLibérationet dévoilé dans un article la semaine dernière, les abonnements à la plateforme ont décollé cette année et s'élèvent désormais à environ 3,4 millions. Netflix n'a pas commentéLibération?s conclusions.

Ce chiffre, s'il est correct, place Netflix devant le français OCS, la plateforme numérique hybride de la société de télécommunications Orange, qui compte quelque 2,9 millions d'abonnements, mais derrière le géant français de la télévision payante Canal+, qui compte actuellement environ 4,9 millions d'abonnements. , indique l’article.

Changement nécessaire

Dans ce contexte, la nécessité d’actualiser la chronologie médiatique actuelle, construite à l’origine autour d’un modèle de financement du cinéma soutenu par les diffuseurs et la sortie en salles, apparaît de plus en plus évidente.

Les critiques du cadre affirment qu’il est obsolète et ne reflète plus la réalité de la production, de la distribution et de la consommation de contenu à l’ère numérique. Cela lie également les mains des acteurs du théâtre locaux ayant des aspirations numériques et qui n’ont pas accès aux grands marchés en dehors du pays.

Cependant, peu de professionnels du cinéma français souhaitent une mêlée générale, car ils sont parfaitement conscients de la façon dont le système de chronologie a réussi à réserver le financement du cinéma, de sorte que toute refonte gardera intactes les fenêtres et les obligations, sous une forme ou une autre.

Dans le but de résoudre le problème, la ministre française de la Culture, Françoise Nyssen, a nommé plus tôt cette année les cadres chevronnés du cinéma et de la télévision, Dominique d'Hinnin et François Hurard, pour élaborer une proposition de réforme en consultation avec les professionnels du cinéma et de la télévision.

Mais les médias locaux suggèrent qu'un projet déposé début mars ne propose que des ajustements mineurs, comme la réduction de la fenêtre de diffusion en salles vers la VoD à trois mois contre quatre mois, et la première fenêtre de diffusion de la chaîne de télévision payante Canal+ à sept mois contre le délai actuel de 10 mois. La fenêtre SVoD pour les plateformes internationales resterait largement intacte à 35 mois, au lieu de 36.

Les professionnels avaient jusqu'au 19 mars pour faire part de leurs réactions. D'Hinnin et François Hurard devaient ensuite soumettre au gouvernement fin avril un projet final de proposition de réforme.

Le processus de médiation semble toutefois être débloqué.

Mardi, quatre associations professionnelles clés du secteur du cinéma et de la télévision ont publié une lettre ouverte commune déplorant que les propositions n'allaient pas assez loin.

Parmi les signataires figuraient les producteurs Marc Missonnier, Alain Goldman, Margaret Menegoz et Isabelle Madelaines et les cinéastes Céline Sciamma, Rebecca ZlotowskI, Olivier Nakache, Eric Toledano, Michel Hazanavicius et Luc Besson.

Ils ont déclaré qu'une précédente proposition de réforme convenue en février avait été édulcorée après que les médiateurs aient subi la pression des « conservateurs » et des conservateurs. des partis avec des « intérêts particuliers », une référence à peine voilée au puissant lobby des expositions en France.

« Ce compromis dénué de toute ambition est décevant. Nous avons besoin de changements profonds, d’une réglementation moderne et d’une réelle volonté politique. Nous avons besoin d’une réponse appropriée à la révolution numérique ? lire la lettre.

"Appliquer les conclusions des médiateurs reviendrait à tourner délibérément le dos à ceux qui font les films, au profit uniquement de ceux qui les exploitent."

Les négociateurs de la guilde affirment en coulisses que leurs membres souhaitent une chronologie des médias réformée qui protège les intérêts des créateurs ainsi que des acteurs de la distribution nationale sur toutes les fenêtres, qui sont les principaux financiers du contenu local, mais qui encourage également des sociétés comme Netflix et Amazon à intensifier leurs efforts. et investir aussi, plutôt que de les exclure catégoriquement du système.

Un négociateur clé de la médiation a déclaréÉcranau MIPTV cette semaine, la médiation était morte.

En toile de fond, le ministre de la Culture Nyssen a menacé de faire adopter une réforme législative via le Parlement si le monde du cinéma et de la télévision ne parvenait pas à une proposition de compromis bénéficiant d'un large soutien du secteur.

Il reste à voir si le débat sur la chronologie des médias en France, qui dure depuis une décennie, touche enfin à sa fin, ou s'il est prêt à se poursuivre.

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