« Le fils tranquille » : revue de Venise

Un solide Vincent Lindon domine ce film décevant et apolitique sur une jeunesse française fascinée par l'extrême droite

Dirs/scr : Delphine Coulin, Muriel Coulin. France. 2024. 110 minutes

Un père français est confronté aux limites de son amour et de son sens des responsabilitésLe fils tranquille, un drame qui examine ce qui arrive à une famille lorsque l'aîné commence à fréquenter des groupes violents d'extrême droite. Réalisé par les sœurs Muriel et Delphine Coulin (17 filles, l'escale), ce qui est surprenant, c'est à quel point le film se concentre sur la dynamique familiale à l'exclusion de tout type de commentaire politique – les mauvaises personnes dans lesquelles le fils tombe sont profondément liées à des mécontentements sociopolitiques latents qui ne sont pas du tout abordés. Ce titre du Concours de Venise pourrait attirer l'attention des récompenses en France pour ses performances, en particulier Vincent Lindon qui a remporté le prix du meilleur acteur à Venise, mais il s'agit par ailleurs d'un drame domestique tout à fait conventionnel dont le thème semble trop étroit pour en dire beaucoup sur le pays aujourd'hui.

Cette étroitesse de la portée met en relief la performance de Lindon.

Dans le petit village de Villerupt, au nord-est du pays, près de la frontière luxembourgeoise, le cheminot Pierre (Lindon) vit avec ses deux fils, Félix, 22 ans, surnommé Fus (Benjamin Voisin, du film de François Ozon).Été 85), un métallurgiste au chômage, et le jeune étudiant Louis (Stefan Crépon, de l'école d'Ozon)Pierre Von Kant), qui s'apprête à s'installer à Paris pour faire des études universitaires à la Sorbonne. Pierre essaie de faire de son mieux avec ses enfants après le décès de leur mère, et les frères se soucient les uns des autres mais ne pourraient pas être plus différents. En effet, le scénario, basé sur le roman de Laurent Petitmangin de 2020 « Ce dont vous avez besoin de la nuit », semble parfois un peu trop schématique en termes de contrastes et d'oppositions – Fus se moque commodément de l'éducation prochaine de Louis parmi les élites parisiennes, rappelant nous rappelle qu'il est de plus en plus attiré par les idées d'extrême droite.

Mais le coeur deLe fils tranquilleCe n'est pas la relation entre les frères et sœurs, qui reste toujours une sorte de diagramme de Venn soigneusement dessiné plutôt qu'une chose plus complexe, vivante et respirante, dont les contours peuvent changer de jour en jour. Au lieu de cela, les sœurs Coulin se concentrent davantage sur Pierre, le père qui pense que travailler dur et traiter ses fils avec gentillesse mettra d'une manière ou d'une autre leur petite cellule familiale à l'abri des pressions extérieures et des tragédies potentielles. Parce que le personnage est joué par l'imposant Lindon, cette facette de l'histoire semble bien équilibrée. Mais, en y regardant de plus près, il devient évident que cela tient en grande partie à la performance charismatique plutôt qu’à ce que l’histoire nous raconte réellement.

Le fils tranquille— un titre étrange pour un film sur un jeune homme qui rentre à la maison de plus en plus ensanglanté et battu à chaque fois qu'il sort avec ses amis d'extrême droite — est tourné en clair-obscur sur grand écran par le directeur de la photographie belge Frédéric Noirhomme. Ici aussi, on a le sentiment que le paquet sur papier glacé est destiné à dissimuler une réalité plus dure et plus complexe.

Le plus déconcertant est qu'on n'a aucunement l'impression que l'extrême droite en France existe au-delà du village de Villerupt, et encore moins qu'il s'agit d'un mouvement politique massif qui a pu se développer parce que certaines réalités sont ignorées par la classe politique établie. . Nous ne voyons même jamais comment Fus a été endoctriné, qui sont réellement ses copains d’extrême droite ou pourquoi ils se comportent comme ils le font – des informations clés qui transpirent toutes hors écran. Au lieu de cela, les Coulin mettent au premier plan le voyage émotionnel de Pierre, plutôt que d'explorer pourquoi son fils s'est égaré ou de creuser la réalité selon laquelle des histoires similaires se produisent partout en France.

Cette étroitesse de portée met en relief la performance de Lindon et, lorsqu'il prononce un discours du troisième acte, vous ne pouvez qu'être impressionné. Mais on a le sentiment tenace que cela réduit la réalité de l'extrême droite à un obstacle par ailleurs indescriptible que Pierre doit surmonter, au lieu d'une grave division politique qui ronge de nombreuses familles déjà très fragiles en France – et, dans ses diverses permutations, ailleurs dans le monde. Ce déséquilibre rend le parcours douloureux de Pierre bien moins résonnant et universel qu'il aurait pu l'être.

Sociétés de production : Felicita, Curiosa Films

Ventes internationales : Playtime,[email protected]

Producteurs : Olivier Delbosc, Marie Guillaumond

Scénario : Delphine Coulin, Muriel Coulin, d'après le romanCe dont vous avez besoin de la nuitpar Laurent Petitmangi

Photographie : Frédéric Noirhomme

Scénographie : Yves Fournier

Editing: Beatrice Herminie, Pierre Deschamps

Musique : Pawel Mykletyn

Main cast: Vincent Lindon, Benjamin Voisin, Stefan Crepon, Arnaud Rebotini, Edouard Sulpice