José Luis Rebordinos, directeur du Festival international du film de Saint-Sébastien, révèle la planification qu'implique l'organisation d'un festival de cinéma pendant une pandémie mondiale, la gestion de la perte de revenus et des films et invités internationaux qu'il a hâte de célébrer.
Quel est l’impact de l’augmentation des cas de Covid-19 en Espagne sur la dernière étape des préparatifs pour le début du festival ?
Malgré l'attention portée à l'augmentation des cas, le nombre de cas ayant nécessité une hospitalisation et des soins intensifs n'a pas tellement augmenté, des chiffres très différents de ceux de la première vague du virus. Évidemment, la situation est pire qu’il y a trois ou quatre semaines, mais pas aussi grave que le nombre de cas enregistrés le suggère. Cela n'a donc pas affecté de manière significative les préparatifs du festival. Les mesures de sécurité sont celles sur lesquelles nous travaillons depuis le début, avec une réduction significative de la fréquentation des salles pour les projections, des protocoles d'hygiène stricts, des flux ordonnés de personnes entrant et sortant des projections et une distanciation sociale. Les mêmes qui ont été mises en œuvre à la Mostra de Venise.
Quel est le pourcentage d’occupation des salles pour les projections ?
Environ 50 à 60 %. Sauf au lieu principal du festival, le Kursaal [où se déroulent les projections de presse et du public ainsi que les premières de gala et les cérémonies d'ouverture et de clôture]. Là, le pourcentage d'occupation est nettement inférieur, car sur un total de 1.750 sièges, seuls 600 seront utilisés. Cela signifie qu'au total, en additionnant toutes les salles, nous aurons 40 % de places disponibles par rapport à l'édition de l'année dernière. Conformément aux protocoles établis par le gouvernement basque, pour les projections de plus de trois heures, le public devra porter un type spécifique de masque : le FFP2 ou le KN95 car ce sont eux qui peuvent assurer une bonne protection. pendant cette période par rapport aux masques chirurgicaux.
Pas de projections en ligne ?
Non, les films seront visionnés en salles, les seules activités que nous aurons en ligne seront celles de l'industrie ainsi que la nouvelle section du festival :Pensée et discussion, qui promeut la discussion sur le cinéma sous différents points de vue et comprend cette année des masterclasses d'Aaron Sorkin et Ted Hope.
Le port du masque est-il obligatoire dans la rue à Saint-Sébastien ?
Oui. Et le public ne pourra pas assister au tapis rouge, qui sera réservé aux photographes et caméras de télévision.
Le succès qu’a connu Venise en organisant un festival de cinéma pendant une pandémie mondiale doit être très encourageant.
C'est une nouvelle fantastique, la preuve que l'on peut organiser un festival en toute sécurité, avec ses défis bien sûr, mais néanmoins une réussite. Cela a été une célébration du cinéma avec un excellent programme qui, finalement, est ce qui reste. J'espère que lorsque cette édition de Saint-Sébastien se terminera la semaine prochaine, nous parlerons de cinéma, de cinéma. Ce que nous avons également appris de Venise, concernant les mesures de sécurité, c'est qu'il faut être constamment vigilant pour s'assurer que les gens respectent les règles. Tout le monde doit être conscient que les mesures ont été mises en place pour nous protéger tous et qu’elles doivent être respectées.
Vous avez assisté à la cérémonie d'ouverture à Venise avec d'autres directeurs de festivals de films européens pour honorer l'importance du cinéma et des festivals qui le célèbrent et le promeuvent. C'est au tour du directeur du festival de Cannes, Thierry Frémaux, de faire de même à Saint-Sébastien lors de la soirée d'ouverture.
Oui, notre relation avec Cannes est particulièrement d'actualité cette année. Nous projetterons 16 films labellisés sélection cannoise dans différentes sections de notre festival et nous avons convenu de vouloir célébrer le cinéma et l'exploitation théâtrale, les festivals et l'industrie.
Qu’en est-il de l’impact du Covid sur le nombre d’invités présents ?
Les invités d'Asie ne pourront malheureusement pas nous rejoindre et il en va de même pour ceux d'Amérique Latine à l'exception de l'équipe du film en compétition [l'ArgentinNous ne mourrons jamais, d'Eduardo Crespo] que nous espérons pouvoir venir. Parmi les invités internationaux figurent Matt Dillon, Johnny Depp, Viggo Mortensen et Gina Gershon, mais surtout des stars européennes et espagnoles. La quarantaine déclarée dans plusieurs pays, comme le Royaume-Uni, pour les personnes ayant visité l’Espagne, a également compliqué les choses.
Quel est l'impact sur le plan financier ?
Il est encore tôt. Nous allons perdre environ 1,5 million d'euros en box-office et en sponsors mais nous réduisons également les dépenses comme les projections au Vélodrome ou les invités, donc le déficit, au final, devrait être faible, gérable.
La logistique mise à part, que ressentez-vous en ouvrant le 68èmeédition de Saint-Sébastien ?
Je suis ravi de pouvoir ouvrir avec un grand nom comme Woody Allen et de clôturer la semaine prochaine avec un autre : Fernando Trueba. Et le fait que le film d'Allen,Festival de Rifkinest une lettre d'amour à la ville de Saint-Sébastien et le festival lui-même l'a rendu encore plus spécial. J'aimerais que le cinéma, au final, soit la star de cette édition, qu'on parle des films qui sont projetés, du contenu moins que du contexte.