«Nous sommes un festival de culture audiovisuelle», déclare Anais Emery du Festival du Film de Genève 2022

Au cœur du Festival international du film de Genève (GIFF) et de son parallèle Marché numérique de Genève (GDM) se trouve l'exploration de l'évolution des histoires et des innovations dans la manière de les raconter, explique la directrice artistique du GIFF, Anais Emery, à propos de l'événement qui se déroule en Suisse du 4 au 13 novembre.

Cette année sera la 28e édition du festival et la deuxième sous la direction d'Emery qui a rejoint en janvier 2021 après plusieurs années en tant que directeur artistique d'un autre festival suisse, le Festival International du Film Fantastique de Neuchâtel.

Elle affirme que la programmation se concentrera sur une narration innovante diffusée via la myriade de supports audiovisuels désormais disponibles pour les créateurs. Il comprendra des films, des séries télévisées et du contenu Web ainsi que des installations, des œuvres de réalité virtuelle et de réalité étendue (XR).

« Même si nous avons le nom, nous ne sommes pas un festival de cinéma. Nous sommes un festival de culture audiovisuelle, nous voulons saisir le défi artistique, mais aussi le défi industriel et le défi de cette relation avec le public ici au GIFF », déclare Emery. "Nous nous concentrons sur la création d'un dialogue et d'une réflexion sur l'évolution et l'innovation en termes d'opportunités artistiques."

Le GIFF de cette année voit le retour de Virtual Territories, une salle de 600 m2 et une barre latérale dédiée à la création numérique, considérée comme la plus grande d'Europe, qui présentera une quarantaine d'œuvres.

Il accueille deux installations immersives majeures : L'une est une pièce de théâtre immersiveLes Aveugles, d'après le texte emblématique de Maurice Maeterlinck ; l'autre est le début européen d'un événement de réalité virtuelleÉvolution, raconté par Cate Blanchett et produit par Edward R. Pressman, Terrence Malick et le studio français Atlas V. Il combine la voix de Blanchett avec des images psychédéliques, une méditation aux yeux ouverts et de la musique pour créer une exploration contemplative du corps humain.

« Nous essayons de permettre aux gens d'entrer dans la narration des mondes dès qu'ils entrent dans l'espace Territoires Virtuels du festival », explique Emery. « Nous voulons mettre la technologie derrière et l’expérience devant. »

Le 10èmeL'édition du Geneva Digital Market se déroulera pendant le festival du 7 au 11 novembre avec son mélange de masterclasses, de tables rondes et de discussions sur des sujets allant des plateformes numériques et des dernières innovations numériques pour le secteur audiovisuel à l'impact écologique de l'utilisation du numérique.

Cinéma traditionnel

Les longs métrages ont un rôle important à jouer au GIFF et l'événement constitue un lancement national important auprès du public. La programmation comprend des titres d'art et d'essai tels queJumeaux silencieux,le premier film en anglais de la cinéaste polonaise Agnieszka Smoczynska, présenté en première au Certain Regard à Cannes cette année. Sont également projetés le titre Sundance de Phyllis Nagy.Appelle Jeanne,avec Sigourney Weaver et Elizabeth Banks, et la coproduction suisse-belge de François PirotAilleurs Si j’y Suis, avec Jean-Luc Bideau, qui fera ses débuts en Suisse avec le cinéaste et star attendu en ville.

La compétition internationale de longs métrages verra 10 titres concourir pour le Reflet d'Or, doté d'une bourse de 10 000 CHF (10 000 €) de la Ville de Genève. La sélection comprend le premier long métrage de fiction d'Alice DiopSaint Omer, qui représente l'entrée de la France dans la catégorie du meilleur film international aux Oscars, le film du cinéaste coréen Shin Su-WonHommage, un film présenté comme une lettre d'amour aux cinéastes et à l'animation japonaiseToi-ohde Masaaki Yuasa.

D'autres titres du concours incluent Cristina Grosan'sÉchecs ordinairesetGoutte d'Or, du cinéaste Clément Cogitore.

Le festival a atteint la parité hommes-femmes dans la sélection du concours international. «Nous avons travaillé dur pour y parvenir», déclare Emery. "Notre politique est de ne pas diffuser trop de titres dans GIFF afin de pouvoir diffuser correctement ceux que nous diffusons."

Le jury international sera présidé par le cinéaste iranien Mani Haghighi, dont le dernier filmSoustractionest projeté au GIFF. Les organisateurs du festival espèrent que Haghighi pourra se rendre en personne en Suisse suite à une interdiction de voyager de dernière minute qui lui a été imposée par le gouvernement iranien, alors qu'il devait se rendre au BFI London Film Festival en octobre.

« Le Festival est préoccupé par les attaques du gouvernement iranien contre la liberté d'expression et de mouvement de sa population », ont déclaré les organisateurs du GIFF dans un communiqué en octobre. « Le GIFF souhaite également manifester son soutien aux artistes iraniens victimes d'une répression intolérable. Le Festival ne changera pas le président du jury et est en contact avec Mani Haghighi afin de lui permettre de participer au Festival soit sur place, soit en ligne.

Il existe deux autres volets du concours pour la meilleure série et la meilleure œuvre immersive, offrant chacun un prix en espèces de 10 000 €. Cette dernière sera choisie parmi 10 œuvres en réalité virtuelle, réalité augmentée, réalité mixte, explorant les liens entre narration et technologie.

Le GIFF accueillera également pour la troisième année consécutive le European Script Award, qui offre un prix de 10 000 € à une nouvelle série originale d'un scénariste européen émergent.

Le réalisateur danois Nicolas Winding Refn recevra le Prix de Genève avant la première suisse de sa série NetflixCowboy de Copenhague. Le cinéaste et acteur Alexandre Astier reçoit également un prix The Film & Beyond.

« Ce qui est intéressant pour nous [au GIFF}], c'est de voir comment le médium audiovisuel donne aux conteurs des outils pour évoluer », explique Emery. "Nous suivons toujours les nouvelles tendances, non pas parce que nous voulons être technologiques ou immersifs ou parce que c'est nouveau, mais parce que nous voulons montrer comment les technologies émergentes servent avant tout l'imagination."