« Le dernier refuge » : CPH : Revue DOX

Documentaire émouvant sur la vie à la Maison Caritas des Migrants, un refuge pour voyageurs aux portes du désert du Sahel au Mali

Réal : Ousmane Samassékou. Mali/France/Afrique du Sud. 2021. 86 minutes.

La Maison Caritas des migrants, située dans la commune de Gao au Mali, offre un sanctuaire aux voyageurs fatigués. Les optimistes projettent un avenir meilleur. Les vaincus sont réconciliés à rentrer chez eux. Le documentaire tranquillement observateur d'Ousmane Samassekou enregistre avec sensibilité le travail de la maison et la vie de ceux qui sont dans les limbes. Un film humain et profondément émouvant qui devrait trouver un écho auprès du public et des programmateurs de festivals après une première mondiale au CPH-DOX et une première nord-américaine à Hot Docs.

Un film profondément humain et émouvant

Précédemment intituléTémoins de l'ombre, le dernier refugefournit une plate-forme pour l’invisible. Samassekou offre peu de contexte, plongeant plutôt le spectateur dans la vie quotidienne de la Maison des Migrants, aux portes du désert du Sahel. Nous ne savons jamais quand elle a été fondée ni comment elle est financée, mais nous réalisons rapidement son importance en tant que refuge contre les risques de la traversée du désert et les menaces des autres.

Notre perception de la Migrant House est façonnée par les histoires des personnes qui y arrivent, en particulier celles d'Esther, 16 ans, et de son amie Kadi. Leur chambre, semblable à une cellule, offre des matelas et de l'intimité. C'est basique mais sûr. Esther est réservée et dit très peu au début, mais elle est déterminée à ne jamais rentrer chez elle au Burkina Faso. Le coordinateur de la Maison, Eric Alain Kamdem, la met gentiment en garde contre les nombreux dangers qui pourraient l'attendre si elle partait en Europe ou au-delà. Il lui conseille que « l’éducation est la clé de l’indépendance ».

Le dernier refugeest clairement l’œuvre de quelqu’un qui a gagné la confiance des personnes impliquées et qui comprend les enjeux pour ceux qui envisagent l’exil. Le film est en partie dédié à l'oncle de Samassekou, Amadou, parti pour l'Allemagne il y a 30 ans et dont on n'a plus jamais entendu parler.

Samassekou nous permet d'assister à la Maison des Migrants alors que des hommes s'assoient et regardent la lutte à la télévision, une femme solitaire joue aux échecs et le bienveillant Kamdem propose des coupes de cheveux et des soins de santé, du réconfort et du réconfort. Ceux qui ont échoué dans leurs tentatives de fuite ont souvent le sentiment qu’il n’y a aucun moyen de revenir en arrière. Si les familles et les villages ont mis leurs ressources en commun pour donner à une personne une chance d’avoir une vie meilleure, comment cette personne peut-elle affronter la honte de leur faire savoir qu’elle a échoué ?

Samassékou enchaîne le film avec des vues lyriques du désert ensoleillé et du sable rouge brique. Le contraste avec ces images sereines apparaît dans les récits édifiants de kidnappings, de trafics, de violentes tempêtes de sable, de djihadistes, de bandits, d’esprits brisés et d’espoirs perdus. À un moment donné, les voix se transforment en une cacophonie de malheur. Plus tôt, nous avons vu des hommes essayer de construire des tombes plus permanentes pour les nombreuses personnes dont les os moisissent dans le sable du désert. Il y a un air inévitable de mélancolie dans une grande partie de ce dont nous sommes témoins, mais l’espoir perdure.

L'instinct de générosité d'Esther reflète celui de la Maison, notamment lorsqu'elle se lie d'amitié avec Natacha, l'aînée, qui y a passé cinq ans. Lorsqu’Esther parle enfin de son histoire et de ses décisions concernant l’avenir, c’est un moment très émouvant dans un film plein de compassion et d’empathie.

Production companies: Point Du Jour, Les Films Du Balibari, DS Productions, Steps

Ventes internationales : STEPS - Afrique du Sud (Don Edkins,[email protected])

Producteurs : Estelle Robin You, Andrey S Diarra, Don Edkins, Tiny Mungwe

Montage : Céline Ducreux

Cinematography: Ousmane Zoromé Samassékou

Musique : Pierre Daven-Keller, DK-Disk Publishing