« Le chemin du serpent ? : Revue de Busan

Kiyoshi Kurosawa met à jour son thriller policier de 1998 et déplace l'action de Tokyo vers la France

toi. Kiyoshi Kurosawa. France/Belgique/Luxembourg/Japon 2024. 113min

L'histoire récente du cinéma n'a pas été tendre avec les réalisateurs qui refont leur propre travail dans différentes langues : pensez au film de Michael Haneke.Jeux drôleset George Sluizer?La disparition, tous deux considérablement vidés de leur sens dans leurs versions américaines. Une chose que l'on peut dire du thriller de vengeanceLe chemin du serpent, du maestro du genre japonais Kiyoshi Kurosawa, est que sa refonte française est assez cohérente selon ses propres termes, même si le résultat est une affaire trouble et trop étendue.

Le remake aborde la douleur humaine d'une manière que l'original, distancé par le formalisme du genre, ne le fait pas.

Basé sur 1998 de KurosawaLe chemin du serpent, un petit budget avec lequel il a tourné dos à dosLes yeux de l'araignée, cette version, sortie au Japon en juin, est une affaire de prestige plus délibérément construite mettant en vedette de grands noms du cinéma japonais et français. Pourtant, il traverse ses sombres mouvements de tragi-farce plutôt mécaniquement, tirant les ficelles du spectateur d'une manière qui n'est guère imprévisible. Les fans de Kurosawa et les amoureux du genre japonais y seront plus volontiers attirés que, disons, les admirateurs des stars françaises du film Damien Bonnard et Mathieu Amalric.

Cela fait suite aux débuts à Venise du titre japonais de Kurasawa.Nuage, désormais la nomination officielle du pays aux Oscars. Le réalisateur revient en France huit ans après son film romantique et discret.Daguerrotype,dans lequel Amalric a également joué. Ici, Albert Bacheret (un Bonnard maussade) est déterminé à punir les responsables du meurtre sadique de sa jeune fille. Albert est encouragé par Sayoko Nijima (Ko Shibasaki), une thérapeute qui l'approche à l'hôpital où il suit un traitement pour traumatisme.

Dirigant efficacement le projet, elle aide Albert à kidnapper Laval (Amalric), un comptable d'une fondation qui est censée gérer des orphelinats mais qui aurait un programme plus impitoyable. Enchaîné et impitoyablement maltraité par Albert et Sayoko, Laval pointe du doigt un haut responsable du monde des affaires (Grégoire Colin, un habitué de Claire Denis), qui se retrouve bientôt également emprisonné aux côtés de Laval. Au fur et à mesure que la mission s'intensifie, le sang coule et d'autres individus sont impliqués, qui peuvent être coupables, innocents ou indirectement impliqués ? il est difficile d'établir des distinctions claires.

Mais pourquoi Sayoko est-elle impliquée ? Nous la voyons chez elle à Paris, évitant les appels de son ex-partenaire, et au travail, soignant Yoshimura (Conduire ma voiturestar Hidetoshi Nishijima), un homme profondément déprimé par sa vie en France. Sayoko ressent clairement le même malaise d'exilée, mais Kurosawa nous laisse deviner ce qu'elle pense ? bien qu'une captive, fixée par son regard implacable, l'identifie comme le « serpent » ? du titre.

Le film de 1998 était une pièce de rechange se déroulant en grande partie dans un espace industriel aride ? un archétype « Entrepôt abandonné ? thriller dontChiens de réservoirest l'exemple le plus connu. C'était aussi un drame yakuza relativement simple ; le remake élargit le principe en introduisant un personnage principal féminin décrit comme le mystérieux « autre » de cette histoire. Le sang-froid glacial dégagé par le chanteur-acteur chic Shibasaki (connu en dehors du Japon pourUn appel manquéet47 Rônin) peut suggérer un stéréotype européen de la cruauté asiatique. Mais en gardant si secrète la nature intérieure de Sayoko, Kurosawa inverse les enjeux, faisant de la violence européenne ? et la complicité des entreprises ? l'horreur pure et simple.

Une chose qui a rendu l’original efficace ? et en effet, supportable à regarder ? était sa dépouille schématique en tant qu’exercice pulp minimaliste. Ici, le « Théâtre de la Cruauté » Cet aspect est plus difficile à avaler, notamment parce qu'il est si clair dès le début qu'Albert est devenu autant un monstre que ceux qui ont causé sa douleur. Dans une certaine mesure, il s'agit d'une révision étonnamment fidèle de l'original, même jusqu'à une copie du plan le plus macabre de l'original, qui s'inscrit ici encore plus comme un Grand Guignol exalté. L'ajout d'indices sur la psyché et l'histoire de Sayoko apportent une touche plus humaine, mais c'est précisément ce qui rend le visionnage inconfortable ? le remake aborde la douleur humaine d'une manière que l'original, distancé par le formalisme du genre, ne le fait pas.

Sociétés de production : Cinéfrance Studios, Tarantula, Kadokawa Corporation

Ventes internationales : Kadokawa Corporation[email protected]

Producteurs : David Gauquire, Joseph Rouschop, Donato Rotunno, Takeo Kodera

Scénario : Kiyoshi Kurosawa, Aurélien Ferenczi

Photographie : Alexis Kavyrchine

Scénographie : Nicolas Flipo

Montage : Thomas Marchand

Musique : Nicolas Errèra

Casting principal : Ko Shibasaki, Damien Bonnard, Mathieu Amalric, Hidetoshi Nishijima