« Réinitialiser » : revue Tribeca

Dirs:Thierry Demaizière, Alban Teurlai. France, 2016. 110 mins.

On pourrait pardonner au public de penser que le livre exhaustif de Frederick WisemanLa Danseétait le seul documentaire qu'ils auraient besoin de regarder sur le Ballet de l'Opéra de Paris. Mais c'est alors que le charismatique et iconoclaste danseur et chorégraphe Benjamin Millepied (connu pour son travail surCygne noiret pour avoir épousé Natalie Portman) a pris la direction de la danse de cette auguste institution et un nouveau chapitre a commencé.

Un spectacle électrisant qui fascinera un public sensible au monde de la danse, aussi bien en festival qu'en salle de spectacle.

Si l'approche austère et retenue du film de Wiseman a capturé l'institution rigide et hiérarchique avant que Millepied ne succède à la réalisatrice sortante Brigitte Lefevre, le récit vibrant de Thierry Demaizière et Alban Teurlai sur la préparation du premier gala de Millepied reflète l'approche énergique, assurée, parfois anarchique. du nouveau titulaire. C'est un spectacle électrisant qui fascinera un public sensible au monde de la danse, tant en festival qu'en théâtre. Il est moins certain que le film captera ou non l’attention des non-fans de ballet. Cependant, la célébrité de Millepied en dehors de la scène comme sur la scène devrait exercer une influence. Le package visuel saisissant proposé est également susceptible de jouer en faveur du film.

Nous rencontrons Millepied trente-neuf jours avant la première de sa première œuvre originale pour la compagnie. Il écoute la nouvelle composition follement difficile de Nico Muhly, commandée spécialement pour la pièce, les yeux immenses, les doigts griffonnant sans relâche les notes au crayon dans un cahier A5 qui deviendra à terme un ballet. "Incroyable! Fantastique!" il murmure. Benjamin Millepied, on l'apprend vite, n'est pas un homme qui règne sur ses enthousiasmes. Avec son pantalon de jogging et son rire prêt à l'emploi, il est dépeint comme un esprit non-conformiste dans un monde profondément conservateur. Millepied fait bouger les lignes. Mais si, comme on le suggère, les couteaux sont sortis contre lui dans certaines sections de l'établissement, ils sont soigneusement rangés dans leur fourreau lorsque les caméras tournent.

Le film explore le Ballet de l'Opéra de Paris en tant qu'institution physique et culturelle. Les chapitres du film sont interrompus par des montages rapides de scènes provenant de différentes parties du théâtre – l'effet est comme si quelqu'un feuilletait avec impatience les pages d'un livre sur papier glacé. L'imposant bâtiment, avec son dédale d'artères et de passages, prend parfois un aspect presque comique, kafka-esque. La caméra agitée suit Millepied alors qu'il se perd complètement sur le chemin d'une répétition ; pendant ce temps, son assistante épuisée, Virginia, essaie constamment de le localiser.

Le principal atout du film est sans doute son personnage central. Millepied est chaleureux et sympathique. C'est un danseur techniquement brillant, mais il rejette l'approche autoritaire sévère favorisée par ses contemporains. « On n'apprend pas à aimer le ballet en se faisant crier dessus », explique-t-il. Sa mission visant à briser le racisme institutionnel de la vieille garde est admirable.

Millepied est si magnétique que ce n'est que vers la fin du film que l'on se rend compte que peut-être certains autres personnages – notamment les jeunes danseurs qui s'épanouissent sous son attention – auraient pu être développés plus pleinement. Un autre problème légèrement problématique est la tendance à montrer des séquences de danse cruciales au ralenti. Bien qu'il soit difficile de comprendre la raison pour laquelle le travail de certains des interprètes les plus passionnants du ballet est ralenti à moitié, heureusement, la majeure partie de la chorégraphie est capturée de manière expressive et instinctive par le co-réalisateur et directeur de la photographie Teurlai.

Société de production : Falabracks

Contact : Distribution à l’enversseverine.garusso@upsidetelevision.com

Productrice : Stéphanie Schorter

Scénario : Thierry Demaizière, Alban Teurlai

Photographie : Alban Teurlai

Editors: Alice Moine, Alban Teurlai

Avec : Benjamin Millepied, Nico Muhly, Aurélie Dupont, Iris van Herpen