« Terre rouge » : revue de Busan

Ce drame de lanceur d'alerte, coproduit par les frères Dardenne, est porté par de belles performances

Réal : Farid Bentoumi. France/Belgique. 2020. 89 minutes

Eaux sombres,Secrets officielsetLe rapportsont quelques-uns des films récents qui prouvent la viabilité continue du drame des dénonciateurs. Inspiré de faits réels, le deuxième long métrage de Farid BentoumiTerre rougeoffre un autre exemple de la position de principe d'un individu courageux contre la corruption dans les entreprises. Bentoumi adhère à un modèle familier, mais la narration efficace et les performances solides devraient rapporter des bénéfices modestes pour un titre Cannes Label coproduit par les frères Dardenne.

Le résultat est un peu trop soigné et bien rangé

Un début saisissant voit l'infirmière des urgences Nour (Zita Hanrot) se précipiter dans les couloirs de l'hôpital dans une tentative frénétique pour sauver un patient. Le résultat la pousse à quitter son emploi et à retourner chez son père Silmane (Sami Bouajila). Il lui assure un poste d'infirmière résidente à l'usine chimique où il travaille depuis 30 ans. Mais le fait que personne ne se présente à son premier cours de RCR confirme l'attitude désinvolte des travailleurs et des patrons à l'égard de la santé et de la sécurité.

Bentoumi dessine dans un fort sentiment de famille et de communauté. L'usine emploie plus de 200 travailleurs et est essentielle à l'économie de la région. C'est un endroit où chacun se connaît et prend soin de ses collègues. La famille de Nour est tout aussi unie et son père émotif est ravi de son retour, d'autant plus qu'il coïncide avec le mariage imminent de sa sœur.

Inévitablement, Nour découvre que rien ne doit faire obstacle aux opérations de l'usine et à son importance pour l'économie locale. Les accidents ne sont jamais signalés, les taux de cancer sont ignorés et le déversement de matières toxiques dans un lac local est censé appartenir à un passé lointain. Les travailleurs et la direction s’entendent pour garantir le maintien du statu quo.

L’ampleur de la pollution trouve son expression visuelle la plus forte dans une vue du lac local – une flaque de terre cuite entourée d’un paysage aussi rouge que Mars. C'est un contraste saisissant avec les arbres vert vif qui l'entourent et le cachent des regards indiscrets. Une visite clandestine convainc Nour qu'il est essentiel de s'exprimer, surtout lorsqu'elle trouve une alliée en la journaliste d'investigation indépendante Emma (Céline Sallette).

L'élément le plus intéressant deTerre rougeC'est la manière dont les problèmes les plus importants deviennent intensément personnels. Il existe une alchimie affectueuse entre Hanrot et Bouajila qui fait de la collision entre la fille et le père le cœur émotionnel du film. L’envie de Nour de faire le bien et l’instinct de Silmane de tout garder caché créent un fossé impossible. Bentoumi génère sa séquence la plus tendue en croisant efficacement la conscience de la fille en action et le faux espoir d'une rencontre qui semble donner raison au père.

La mise en scène fluide et le récit compact garantissent qu'il y a peu de place pour la complexité dansTerre rouge. Certains éléments de l'intrigue semblent intrusifs, Olivier Gourmet est malheureusement sous-utilisé en tant que chef implacable de l'usine, et le galop vers une finale implique des actions imprudentes qui mettent à rude épreuve la crédibilité. Le résultat est un peu trop soigné et ordonné, suggérant un film qui aurait pu bénéficier d'une durée de tournage plus longue.

Production companies: Les Films Velvet, Les Films Du Fleuve

Ventes internationales : WTFilms,[email protected]

Producteur : Frédéric Jouve

Scénario : Farid Bentoumi, Samuel Doux

Editing: Geraldine Mangenot, Damien Keyeux

Photographie : Georges Lechaptois

Production design: David Faivre

Musique : Pierre Desprats

Casting principal : Zita Hanrot, Sami Bouajila, Céline Sallette, Olivier Gourmet