Réal : Thomas Bidegain. Fr/Bel. 2015. 114 minutes
Une saga à la fois vaste et intime, avec suffisamment d'incidents et de rebondissements pour se rapprocher de l'équivalent d'une saison de séries à visionner en frénésie,Les Cowboysemballe un coup de poing. Le premier film du scénariste Thomas Bidegain (le film de Jacques AudiardUn prophète, de la rouille et des oset titre en Compétition de CannesDheepan) suit les répercussions (sur environ 15 ans) de la disparition d'une jeune fille de 16 ans une nuit d'automne 1994. Avec son regard discret mais toujours plein de suspense sur les croisements de la culture traditionnelle française et islamo-arabe, c'est un début passionnant dans tous les sens du terme.
Le scénario de Bidegain et Noé Debré transforme des éléments de genre familiers en une histoire ambitieuse et originale d'une complexité satisfaisante.
La toute première image saisissante du film est celle d'un homme vu de dos alors qu'il contemple des cascades en cascade sur une rivière au cœur d'une forêt. Ce magnifique prélude presque mystique quelque part dans l’est de la France implante subtilement l’idée que nous, les humains, ne pouvons contrôler qu’une partie limitée de notre environnement.
Il n'y a pas le moindre malaise lorsque la famille Balland s'habille en tenue western pour une sortie dans une sorte de foire américaine avec des taureaux mécaniques, beaucoup de drapeaux américains et des airs country western interprétés en live, notamment par le patriarche Alain (le comique fréquent François Damiens , excellent en mode sérieux). Le décor et les activités enthousiastes sont aussi charmants que si un groupe d'éleveurs du Colorado décidait de porter des bérets, de serrer des baguettes et de chanter des medleys d'Edith Piaf pour se divertir. Alain danse avec sa fille Kelly (Iliana Zabeth), profitant des festivités avec elle, sa femme et leur fils, au nom fantaisiste de Kid.
Mais quand il est temps de rentrer chez elle, Kelly est introuvable. En discutant avec ses camarades de classe, Alain apprend que Kelly a un petit ami nommé Ahmed, âgé de 18 ans. Une fouille dans la chambre de Kelly révèle d'étranges tracts et cahiers dans lesquels Kelly a pratiqué des mots et des phrases en arabe, entre autres.
Le père d'Ahmed, qui tient un garage, qualifie ces tracts de propagande à caractère religieux, comme le disent les barbus, rejetant de telles absurdités comme étant sans intérêt pour son fils, lui aussi disparu. Alain se met à la recherche de sa fille et n'abandonne jamais.
Un responsable gouvernemental discret s'intéresse à l'affaire. Kid, le jeune frère taciturne de Kelly, est un chiffre mignon lorsque sa sœur disparaît. Des années plus tard (maintenant joué par Finnegan Oldfield), Kid accompagne son père obsédé, suivant des pistes en Belgique, aux Pays-Bas, au Yémen et au-delà. La vie professionnelle autrefois florissante et le mariage solide d'Alain se sont effondrés au cours de sa quête incessante. C'est du travail de détective classique dans des décors parfois effrayants et le seul allié d'Alain est Kid.
Les noms apparaissent en grosses lettres à l’écran lorsque nous rencontrons – ou entendons parler – de divers personnages. Un bandana rouge et un pistolet laissés en lieu sûr à des mains inexpérimentées font avancer les recherches de manière non conventionnelle alors que les célèbres attentats terroristes de New York, puis de Madrid, puis de Londres, contribuent à marquer les années qui passent.
Kid finit par travailler dans le domaine de l'aide humanitaire où il croise la route de « The American », un opérateur louche joué par John C. Reilly avec des chevaux en remorque. (Le temps d'écran de Reilly est relativement bref mais important.)
Cette vaste histoire n’est jamais difficile à suivre. Le scénario de Bidegain et Noé Debré transforme des éléments de genre familiers en une histoire ambitieuse et originale d'une complexité satisfaisante. En confondant parfois et en renforçant parfois les attentes, le film postule que les stéréotypes ethniques sont un champ de mines et que les parents de toutes convictions idéologiques aiment leurs enfants.
Production company: Les Productions du Tresor
International sales: Pathé International, [email protected]
Producteur : Alain Attal
Scénario : Thomas Bidegain et Noé Debré
Cinematography: Arnaud Potier
Editeur : Géraldine Mangenot
Production design: Thierry Rouxel
Musique : Raphaël
Acteurs principaux : François Damiens, Finnegan Oldfield, John C. Reilly, Ellora Torchia, Antonia Campbell-Hughes