Karim Ouelhaj s'appuie sur l'affaire non résolue du Boucher de Mons pour son macabre quatrième long métrage
Réal/scr : Karim Ouelhaj. Belgique. 2022. 100 minutes
Le cas du Boucher de Mons, un tueur en série qui a massacré et démembré plusieurs femmes et laissé des parties de leurs corps dans des sacs poubelles au bord de la route entre 1996 et 1997, n'a jamais été résolu. Et si cet échec constitue un coup dur pour les membres de la famille et pour les forces de l'ordre belges, il constitue une opportunité pour l'écrivain et réalisateur Karim Ouelhaj.Mégalomaneprend le Boucher comme point de départ pour un film qui se transforme en scènes fantastiques macabres et macabres de folie et de cruauté. Mais même s'il s'agit sans aucun doute d'une image d'horreur effectivement méchante, relier ce scénario inventivement désagréable à un cas réel qui a coûté la vie à cinq femmes est peut-être d'un goût discutable.
L'ambiance malveillante du film en fait un film convaincant, même lorsque l'intrigue a perdu son dernier semblant de logique.
Mais le bon goût ne figure pas en bonne place dans la liste des priorités du film qui démarre avec une scène de naissance si sanglante qu'elle ressemble à première vue à une séquence de torture. Et les spectateurs qui préfèrent que leurs films se déroulent dans un contexte si peu recommandable que même l'air semble crasseux verront leur appétit aiguisé et leur estomac glacé par la vision d'Ouelhaj de l'héritage du Boucher. C'est le quatrième long métrage d'Ouelhaj, qui a remporté plusieurs prix dont celui du meilleur court métrage au Festival international du film fantastique de Bruxelles pour son film d'horreur de 30 minutes.L’Oeil SilencieuX. D'autres projections en festival semblent probables après la première de Fantasia, en particulier lors d'événements de genre et à minuit. EtMégalomanepourrait trouver un logement chez un distributeur spécialisé, soit en salles sur une plateforme de streaming ; le film s'est vendu dans plusieurs territoires majeurs, dont le Japon et l'Allemagne.
Le Boucher lui-même est une présence périphérique dans cette image qui imagine qu'il a eu deux enfants, Felix (Benjamin Ramon) et Martha (Eline Schumacher), des frères et sœurs profondément blessés qui, tous deux, à leur manière, font partie de l'héritage de leur père. Félix, à la peau cireuse et dépourvu de sourcils, a repris les activités extrascolaires de son père, priant sur les femmes solitaires et les dépeçant. Lui et Martha partagent une maison – un immense mausolée gémissant, un lieu qui semble taché par les horreurs dont il a été témoin au fil des années.
Martha, quant à elle, est tout aussi troublée mais plus complexe. Elle a plusieurs personnalités, dont l'une peut être ou non Félix. Dans son travail subalterne de femme de ménage de nuit dans une usine, Martha est victime d'abus qui dégénèrent en viol. Mais elle est aussi l'auteur de cruautés écoeurantes infligées à une jeune femme qu'elle maintient enchaînée, comme une sorte d'animal de compagnie. Schumacher donne une performance incroyablement glissante qui se transforme entre un malheureux faible et quelque chose de plus dur et de plus sauvage.
Avec une conception de production qui privilégie une palette d'obscurité menaçante, accessoirisée par de nombreuses taxidermies angoissées, et un travail de caméra qui rampe comme une tache humide qui s'étend lentement, le film entretient une atmosphère d'inconfort piquant. Et c'est cela, l'ambiance malveillante du film, qui en fait un spectacle convaincant même lorsque l'intrigue a perdu son dernier semblant de logique au profit de la folie engloutissante qu'est la malédiction familiale.
Société de production : Okayss
Ventes internationales : Media Move (International)[email protected]/ XYZ Films (Amérique du Nord)[email protected]
Producteur : Nicolas Georges
Photographie : François Schmitt
Montage : Karim Ouelhaj
Musique : Gary Moonboots, Simon Fransquet
Main cast: Benjamin Ramon, Eline Schumacher, Hélène Moor, Karim Ouelhaj, Pierre Nisse, Raphaelle Bruneau, Wim Willaert