‘La Jetée, The Fifth Shot’: DOK Leipzig Review

Meandering doc explore un lien personnel avec le court métrage de Chris Marker de 1962La Jetée

Dir: Dominique Cabrera. France. 2024. 104mins

Même s'il est essentiellement composé de photographies plutôt que d'images animées, le court métrage de science-fiction de Chris MarkerLa Jetée(1962) continue de fasciner les cinéastes et les cinéphiles. Exemple concret :La Jetée, The Fifth Shot, un nouveau long métrage documentaire fascinant mais aussi quelque peu décousu sur un seul plan – ou plutôt une photographie – du court métrage. Les choses démarrent lorsqu'un Français âgé semble se reconnaître comme un enfant dans le cinquième plan titulaire, qui déclenche une enquête sinueuse menée par le réalisateur Dominique Cabrera (Corniche Kennedy).

Très attrayant pour les cinéphiles sur le plan conceptuel.

La Jetée, The Fifth Shotjoue dans la compétition DOK Leipzig ; ce n'est peut-être pas une coïncidence si le festival a récompensé l'opus de Marker de 1963Le Joli Mai, qui a été tourné en même temps queLa Jetéeet qui est également abondamment extrait ici. Les cinémathèques et les diffuseurs cinéphiles voudront peut-être y jeter un œil.

En visitant la Cinémathèque française avec sa fille adulte Camille, Jean-Henri croit se reconnaître dans le petit garçon debout sur la rambarde de la jetée — le célèbreJetéedu titre - à l'aéroport d'Orly vers le début du court métrage de Marker. Jean-Henri est issu d'une famille ditepieds-noirs, personnes d'origine européenne nées en Algérie pendant les quelque 130 années de domination française. Beaucoup se sont installés en France au moment de l'indépendance de l'Algérie en 1962, même si certains n'avaient jamais mis les pieds dans cette « patrie » (comme ce fut le cas pour la famille de Jean-Henri). Comme l'explique le film, ces migrants venaient à Orly pour voir arriver d'autres vols en provenance d'Algérie, dans l'espoir de reconnaître quelqu'un de chez eux.

Il se trouve que Jean-Henri est issu d'une grande famille d'imageurs et de photographes et que son cousin, Dominique Cabrera, est un cinéaste qui réalise ce documentaire sur l'enquête sur une coïncidence extrêmement improbable. Le premier réflexe de Cabrera est d'essayer de déterminer si Jean-Henri est vraiment le garçon sur la photo granuleuse en noir et blanc. On le voit debout à côté de ses parents qui, comme lui, regardent devant eux, regardant sans doute un avion qui arrive. Mais avec tous le dos tourné à la caméra de Marker, il est difficile de les identifier avec une précision à 100 %. Plusieurs autres membres de la famille ainsi que des preuves photographiques provenant d'archives personnelles sont amenés à tenter de monter un dossier.

La majeure partie de l'action se déroule dans ce qui ressemble à une salle de montage faiblement éclairée, où chercheurs et éditeurs travaillent pendant que Cabrera parle avec ses sujets. Les conversations sont informelles, souvent parce qu'elle s'adresse à des membres de sa famille, mais malgré cela, la manière dont la réalisatrice présente les informations n'est pas toujours immédiatement compréhensible. Pourtant, une réflexion approfondie sur les images et leur signification, sur les doubles qui sont créés lors de la capture de la réalité, rend les choses intrigantes.

En effet, le film est particulièrement attrayant pour les cinéphiles sur le plan conceptuel. Un des thèmes de l'originalLa Jetée, par exemple, est un voyage dans le temps. Le film de Cabrera, réalisé une soixantaine d'années aprèsLa Jetéemais avec les gens qui ont joué un rôle dans le court métrage et qui regardent des versions beaucoup plus jeunes d'eux-mêmes, je ne peux m'empêcher de jouer un peu avec le concept aussi. Et outre de véritables extraits d'autres films Marker, il y a de nombreuses inclusions clin d'œil qui font référence à l'œuvre du cinéaste emblématique. L’histoire familiale semble cependant plus intéressante pour les personnages que pour les spectateurs. Et c’est doublement vrai pour le public étranger qui ne connaît pas au moins un tant soit peu l’histoire coloniale française.

Le montage, gracieuseté de Sophie Brunet et Dominique Barbier, aurait également pu faire preuve d'un peu plus de rigueur, car le film dépasse sa durée bienvenue de 104 minutes, soit près de quatre fois la durée du court métrage de Marker. Comme le film a été coproduit par la chaîne franco-allemande Arte, une version plus courte pour la télévision est peut-être déjà en préparation.

Sociétés de production : Ad Libitum

Ventes internationales : Edmée Doroszlaï[email protected]

Producteurs : Edmée Doroszlaï

Photographie : Karine Aulnette

Montage : Sophie Brunet, Dominique Barbier

Musique : Béatrice Thiriet, Oscar Turbant, Elise Bertrand