« Salut, César ! » : critique

Directeurs/scrs : Joel Coen et Ethan Coen. États-Unis, 2016. 106 minutes

Après s'être concentré ces dernières années sur des comédies sombres commeUn homme sérieuxetÀ l'intérieur de Llewyn Davisqui abordait des thèmes existentiels – la foi, le destin, le sens de la vie – les cinéastes Joel et Ethan Coen ont tourné leur attention vers une alouette loufoque de l’âge d’or d’Hollywood… qui finit par être consumée par certaines des mêmes questions. Ne vous laissez pas décourager par le joyeux point d'exclamation du titre :Salut, César !peut-être, à sa surface, l'un des personnages loufoques des Coen, avec un complot d'enlèvement qu'ils ont recyclé à plusieurs reprises auparavant, mais en dessous se cache une enquête douce mais sérieuse sur la façon dont les gens essaient de trouver un but dans des vies bien remplies. mais insatisfaisant.

Plus de 30 ans aprèsSang simple, les Coen continuent de trouver de nouvelles façons d'utiliser les histoires d'enlèvements pour explorer des thèmes qui les intéressent

Incontestablement inégal et seulement occasionnellement inspiré,Salut, César !est néanmoins captivant et drôle grâce à son énergie décalée et à une performance principale de Josh Brolin, un habitué de Coens, qui est un modèle de chaos tranquillement contrôlé.

En sortie américaine le 5 février avant l'ouverture du Festival de Berlin le 11 février,Salut, César !possède un casting formidable qui comprend, aux côtés de Brolin, George Clooney, Channing Tatum et Scarlett Johansson. Les amateurs de plats Coens plus fous tels queÔ frère, où es-tu ?ouBrûler après la lectureC'est peut-être la réaction la plus chaleureuse à cette image universelle, mais il y a fort à parier que les critiques seront mitigées, ce qui pourrait se traduire par un bouche à oreille tempéré. Ni un plaisir garanti pour le public commeLe Grand Lebowskini une œuvre majeure commePas de pays pour les vieillards,Salut, César !ne sera probablement qu’un modeste interprète commercial.

Se déroulant en 1951, le film met en vedette Brolin dans le rôle d'Eddie Mannix, qui porte le titre de chef de la production physique dans un grand studio hollywoodien alors qu'en fait, il est plutôt un réparateur, éteignant constamment les incendies, apaisant les egos et s'assurant que le tournage se déroule bien. en douceur sur le terrain.Salut, César !démarre lorsque Whitlock (Clooney), une star stupide d'une épopée biblique romaine ringarde, est retenu contre rançon par un groupe de communistes qui se surnomment eux-mêmes The Future.

Mannix doit négocier pour récupérer Whitlock, mais il doit aussi faire face à une ingénue enceinte (Johansson) et à un réalisateur pointilleux (Ralph Fiennes) mécontent de l'acteur cowboy (Alden Ehrenreich) chargé de sa nouvelle comédie cosmopolite.

Bien que l'intrigue de Clooney soit au centre du film, le nom de l'épopée biblique de Whitlock est, en fait,Salut, César !- les Coen sont plus intéressés par l'étude de Mannix, voyant comment il reste calme au milieu des budgets croissants et de la myriade de demandes qui lui sont adressées. Brolin est avantageusement réservé dans le rôle, ne révélant que lentement des aspects de sa personnalité qui nous donnent une image plus complète de l'homme. (C'est un catholique torturé qui se confesse tous les jours, même s'il ne pèche pas vraiment. Il essaie de se débarrasser de son habitude de fumer. Et il croit avec ferveur aux pouvoirs transcendants du cinéma.)

À première vue, Mannix pourrait sembler avoir le potentiel d'être une caricature de Coen, à l'instar des dirigeants fous des studios deBarton Finkou les journalistes de comédie loufoque dansLe proxy Hudsucker. Mais au lieu de cela, les cinéastes et Brolin apportent une humanité sournoise au personnage, illustrant comment le discours doux et l'esprit hyper-organisé de Mannix sont des moyens de repousser les doutes qu'il a sur sa profession. Ces questions lancinantes sont habilement dramatisées à travers un motif récurrent : une offre d’emploi impressionnante pour travailler pour Lockheed Martin, qui semble certainement plus stable et respectable que les absurdités inhérentes au secteur du cinéma frivole.

Mais est-ce vraiment ce que Mannix veut pour lui-même et pour la famille qu'il ne voit jamais ?

Les différentes intrigues secondaires, dont une impliquant une star de la comédie musicale jouée par Tatum, permettent aux Coen de parodier avec amour différents genres de systèmes de studio, allant des westerns de deux bits aux extravagances à la Busby Berkeley. En collaboration avec le directeur de la photographie de longue date Roger Deakins, le compositeur Carter Burwell et la décoratrice Jess Gonchor, les frères Coen recréent de manière adéquate ces styles cinématographiques, produisant des rires entendus sans jamais être particulièrement bruyants. De même, les observations des Coen sur les détails hollywoodiens du milieu du siècle – les chroniqueurs de potins et l’inégalité entre les sexes – sont toujours intelligentes, sinon perspicaces ou inédites. Contrairement à leur grande pièce d'époque hollywoodienne,Barton Fink,Salut, César !Il n’y a pas de rancœur morveuse ou de côté surréaliste.

Mais c'est peut-être parce que les cinéastes, aujourd'hui âgés de plus de 25 ans par rapport à ce qu'ils étaient lorsqu'ils ont réaliséBarton Fink, ont un regard plus compatissant (ou, du moins, perplexe) sur les personnes fascinées par l'industrie cinématographique. La fausseté d'Hollywood apparaît dès les premiers instants du film. La question est donc de savoir comment les différents personnages concilient le conflit intérieur entre leur intégrité, leurs ambitions personnelles et les pressions du monde des affaires. C'est ici oùSalut, César !est le plus efficace, trouver le petit détail révélateur qui explique, par exemple, la douceur du cow-boy idiot d'Ehrenreich ou les véritables motifs de la capture de Whitlock.

La performance de Brolin est la plus complexe, tandis que Clooney s'amuse simplement à jouer une grande star de cinéma stupide. Tilda Swinton incarne non pas un mais deux chroniqueurs, leur conférant essentiellement à tous les deux exactement le même air fou. D'autres stars, comme Fiennes et Tatum, ont à peine le temps de développer leurs personnages, ce qui suggère certaines des occasions manquées dans ce film.

Mais plus de 30 ans après leur premier film, le thriller double-crossSang simple, les Coen continuent de trouver de nouvelles façons d'utiliser les histoires d'enlèvement pour explorer des thèmes qui les intéressent. AvecSalut, César !, une star de cinéma volée n'est qu'une autre façon pour Mannix et d'autres de se demander pourquoi ils vivent la vie qu'ils sont.Salut, César !n'est pas un nouveau sommet pour les Coens, mais c'est une curiosité intrigante qui affirme que, même s'ils ne jouent même pas à pleine puissance, ils sont des cinéastes compulsivement féconds.

Sociétés de production : Working Title Films, Mike Zoss Productions

Distribution mondiale : Universal Pictures,www.universalpictures.com

Producteurs : Joel Coen, Ethan Coen, Tim Bevan, Eric Fellner

Producteur exécutif : Robert Graf

Photographie : Roger Deakins

Conception et réalisation : Jess Gonchor

Editeur : Roderick Jaynes

Musique : Carter Burwell

Site web:www.hailcaesarmovie.com

Acteurs principaux : Josh Brolin, George Clooney, Alden Ehrenreich, Ralph Fiennes, Jonah Hill, Scarlett Johansson, Frances McDormand, Tilda Swinton, Channing Tatum