Jérémie Reinier incarne un policier normand qui cède sous la pression d'une erreur en plein milieu du film
Dir: Xavier Beauvois. France. 2021. 115 mins.
Près de onze ans aprèsDes dieux et des hommesa fait ses débuts en compétition à Cannes, et quatre depuisLes Gardiensa fait sa révérence à Toronto, l'acteur-réalisateur français Xavier Beauvois revient avec un autre conte sur la résilience humaine et la fragilité dans une petite communauté soudée. Mais cette histoire d'un policier dans une ville portuaire normande qui s'effondre lorsqu'une erreur de jugement conduit à un accident mortel est un film moindre que l'une ou l'autre de ces œuvres formellement rigoureuses. Commençant calmement mais de manière prometteuse, il navigue (littéralement, à un certain égard) dans une tempête parfaite de symbolisme et de sentimentalité autoritaires.
Symbolisme et sentimentalité autoritaire
C'est aussi un film qui, dans certains de ses thèmes et préoccupations, semble plus local qu'universel. Il y est fait référence à un affrontement de janvier 2020 à Paris entre gendarmes et pompiers en grève qui a alimenté un débat national en cours sur les violences policières, et on parle également des difficultés rencontrées par les agriculteurs français, un puissant lobby qui s'est souvent retrouvé sur une trajectoire de collision. avec le gouvernement d'Emmanuel Macron. On a l'impression que Beauvois et ses co-scénaristes voulaient dire quelque chose de profond sur un pays qui est au milieu d'une crise existentielle, sociale et économique, mais le fil d'Ariane des références ne rejoint jamais vraiment le drame personnel au cœur de l'histoire. histoire. C'est l'une des raisons pour lesquelles, outre son rythme glacial, souvent injustifiable,S'éloignerIl semble peu probable qu'il réalise un projet d'art et d'essai international similaire àDes dieux et des hommesouLes Gardiens.
C'est dans les détails procéduraux de la vie d'un policier d'une petite ville, plutôt que dans ses clins d'œil à l'état de la nation, que le dernier drame de Beauvois est le plus engageant et intriguant. Travaillant pour la première fois avec le réalisateur, Jérémie Renier livre une performance admirablement intense et frémissante dans le rôle de Laurent, un jeune sergent de police enthousiaste de la gendarmerie militarisée française. La petite ville qu'il dessert est Fécamp, un port normand dont la flotte de pêche à la morue autrefois florissante ne survit aujourd'hui que dans un musée local et dans les souvenirs de personnes plus âgées comme la grand-mère mondaine de Laurent (propriétaire d'un bateau de pêche d'époque qui donne au film son sens français). titre mais reste par ailleurs une sorte de faux-fuyant, son symbolisme n'a jamais été clairement expliqué). Les plages situées au-dessous des hautes falaises de la ville, telles que peintes par Claude Monet, sont désormais plus susceptibles d'offrir une flopée de suicides – qui viennent de Paris pour avoir le privilège de finir leurs jours ici – et de bombes non explosées de la Seconde Guerre mondiale, toutes deux provenant de que Laurent et ses collègues sont tenus d'éponger ou de désamorcer, aux côtés de la maltraitance des enfants et d'autres érosions quotidiennes de la foi en l'humanité.
Beauvois installe un rythme difficile dans la première moitié du film, entre la routine de la vie de policier que Laurent partage avec ses collègues policiers solidaires mais tout aussi stressés par le travail et la famille avec laquelle il rentre dans une maison fournie par la gendarmerie, à quelques pas de là. de la gare. La co-scénariste et co-monteuse du film et épouse du réalisateur, Marie-Julie Maille, incarne Marie, la compagne de Laurent, un clin d'œil calme et ancré à sa tension nerveuse, tandis que la fille de Beauvois et Maille, Madeleine, fait ici ses débuts à l'écran dans le rôle de Poulette, la douce de Laurent et Marie. mais sérieux enfant unique. Placide et profonde là où son homme est instable et inquiet, Marie se contente d'être la conjointe de fait de Laurent mais tout aussi heureuse lorsqu'il lui propose – plus pour lui, pensons-nous, que pour le sien. Faire la navette entre le lieu de travail et la maison, la misère et la guérison, brouillant toute idée du nombre de jours écoulés depuis que tout a commencé,S'éloignerLa première heure de 's suggère à quel point il est facile pour une âme sensible comme Laurent de s'éloigner de ce qui l'ancre.
La rupture révolutionnaire du barrage de tension qui s'accumule au sein de Laurent survient un soir où il affronte Julien (Geoffrey Sery), un agriculteur aux dreadlocks et presque ami dont la ferme risque de sombrer à cause de ce qui est décrit comme des contrôles trop zélés. par les inspecteurs du ministère de l’Agriculture. Ne donnant jamais de message clair sur la question de savoir si nous devons lire cela comme une oppression d'État ou comme une « merde qui arrive », le film ralentit ensuite, sensiblement, pour retracer l'effet de l'erreur de jugement dans le feu de l'action que Laurent fait sur lui-même cette nuit-là. , ses collègues et sa famille.
Renier garde sous contrôle l'angoisse et la perplexité qui s'ensuivent pour son personnage, mais, malgré ses efforts,S'éloignerdevient encalminé. L'arrivée brutale des accents élégiaques du Stabat Mater de Pergolèse dans ce qui était jusqu'alors une balade sans bande sonore est un tel choc qu'on se demande d'abord si la musique ne provient pas d'une source diégétique de l'univers du film. L’autre est une apparition fantomatique à l’arrière d’un voilier qui aurait poussé n’importe quel public réel et non virtuel à crier un « Non ! » collectif. Au moment où le voilier accoste, une nouvelle dose de mélodrame sentimental impliquant Laurent et Marie scelle la dérive du film loin de ses premiers chapitres durs, discrets et observateurs.
Production company: Les Films du Worso
Ventes internationales : Pathé International,[email protected]
Producers: Sylvie Pialat, Benoit Quainon, Ardavan Safaee
Screenplay: Xavier Beauvois, Frederique Moreau, Marie-Julie Maille
Scénographie : Yann Mégagard
Editing: Marie-Julie Maille, Julie Duclaux
Photographie : Julien Hirsch
Main cast: Jérémie Renier, Marie-Julie Maille, Victor Belmondo, Iris Bry, Geoffrey Sery, Olivier Pequery, Madeleine Beauvois