Dir Robin Campillo. France. 2017. 143mins.
Le troisième long métrage de Robin Campillo en tant que réalisateur confirme le vieil adage selon lequel plus le matériau est personnel, plus le drame est authentique. Revisitant des éléments de sa propre expérience, Campillo a créé une fresque animée des personnalités et des politiques de la communauté ACT UP Paris dans les années 1990. Il utilise cela comme toile de fond vivante pour une histoire d'amour gay tendrement conçue qui se déroule pendant la lutte contre les préjugés entourant le sida. L'attention portée aux détails et la sincérité sincère créent une commémoration émouvante de cette période qui devrait trouver un accueil chaleureux de la part du public d'art et essai, en particulier des téléspectateurs LGBTQ.
Il y a une urgence de type documentaire dans les premières scènes qui donnent l'impression d'écouter une résistance clandestine engagée dans une guerre.
Campillo risque de s'aliéner ceux qui ne connaissent pas l'époque ni les enjeux en se plongeant immédiatement dans le vif du sujet d'un rendez-vous hebdomadaire d'ACT UP Paris. Quatre nouveaux membres apprennent les règles de base alors que nous découvrons un groupe dédié à lutter contre l'indifférence du gouvernement Mitterrand et une industrie pharmaceutique qui traîne les pieds dans la mise sur le marché de traitements médicamenteux contre le VIH.
Il y a une urgence de type documentaire dans les premières scènes qui donnent l’impression d’écouter une résistance clandestine engagée dans une guerre. Nous sommes témoins de débats passionnés, d’un sentiment d’injustice bouillonnant et de la nécessité d’agir parmi ceux qui savent que le temps presse. Campillo évite de transformer le drame en conférence, le gardant vivant, accessible et partageant de petits détails fascinants, depuis la façon dont le clic du doigt a été utilisé comme moyen de signaler l'approbation lors des réunions d'ACT UP jusqu'à la recette pour créer le faux sang qui a été versé pendant manifestations.
Il permet aussi à des individus de sortir du lot puisque l'on fait la connaissance de la militante passionnée Sophie (Adèle Haenel), de l'hémophile Marco (Théophile Ray) et de sa mère Hélène (Catherine Vinatier), du leader conciliant Thibault (Antoine Reinartz) et de l'impatient Sean ( Nahuel Pérez Biscayart).
C'est Sean qui tombe amoureux du très beau nouveau venu Nathan (Arnaud Valois), l'un des rares membres du groupe à être séronégatif. Leur amour s'approfondit à mesure que la santé de Sean se détériore. Sa passion pour la vie et son engagement dans l'action directe sont d'autant plus poignants qu'il fait face à d'interminables procédures médicales et au sentiment qu'il va bientôt mourir.
L'histoire d'amour se déroule dans des confidences intimes et des scènes de sexe traitées avec sensibilité et ne devient jamais déchirante. Biscayart et Valois sont tous deux discrets dans leurs interprétations, conférant une conviction absolue aux personnages et à leur tragédie.
Le temps d'écran que Campillo consacre à l'activisme d'ACT UP nous permet de considérer Sean comme une victime de plus parmi une génération d'homosexuels, de prostitués, de toxicomanes et d'hémophiles qui ont été abandonnés par un monde qui ne semblait pas s'intéresser à eux. BPM (Beats Per Minute) est une histoire d'amour émouvante et nouée mais qui devrait aussi résonner au niveau politique comme un témoignage du pouvoir de l'activisme pour réveiller un monde indifférent.
Production companies: Les Films De Pierres, France 3 Cinema, Page 114, Memento Films Production, FD Production
Ventes internationales : Distribution de films[email protected]
Producers: Hugues Charbonneau, Marie-Ange Luciani
Screenplay: Robin Campillo,Philippe Mangeot
Photographie : Jeanne Lapoirie
Editeur : Robin Campillo
Musique : Arnaud Rebotini
Casting principal : Nahuel Perez Biscayart, Arnaud Valois, Adèle Haenel, Antoine Reinartz