Le CNC français dévoile une nouvelle stratégie pour attirer davantage d'entreprises internationales

La commission du film Film France est passée sous le contrôle direct de l'agence nationale du cinéma français, le CNC, alors que l'organisation intensifie considérablement ses efforts pour transformer la France enun pôle international majeur de production et de localisation.

Film France fonctionnait auparavant de manière autonome, même s'il était financé par le CNC.

Le CNC a également lancé le nouveau service de l'attractivité, dans le cadre de sa volonté de mieux promouvoir la compétitivité et l'attractivité de toutes les filières françaises du cinéma, de la télévision et du jeu vidéo à l'international.

Le producteur et régisseur français Mathieu Ripka dirige désormais les deux départements.

« Film France continuera d'être le guichet unique pour les productions internationales qui tournent ou qui se renseignent sur un tournage en France. Ses activités restent globalement les mêmes qu'auparavant, tout comme la plupart des membres du personnel », a expliqué Ripka.

Le département attractivité se concentrera sur le rayonnement international. Elle assurera également la coordination avec tous les différents opérateurs de la filière française de production cinématographique et audiovisuelle et notamment le réseau national des commissions locales du cinéma.

La nouvelle structure se voit dotée de 800 000 € supplémentaires, en plus du précédent budget de Film France, pour financer une série de nouvelles initiatives. Il s'agit notamment d'une nouvelle campagne promotionnelle, dont le lancement est prévu en 2022, d'une présence élargie à Los Angeles et de l'extension des activités promotionnelles au domaine des jeux vidéo.

Le facteur TRIP

Avant la pandémie de Covid-19, la France avait déjà vu son profil de lieu de tournage international commencer à se développer ces dernières années, en grande partie grâce à l'introduction en 2009 de la réduction d'impôt pour la production internationale (TRIP).

Initialement offrant une remise de 20 % des dépenses de production éligibles jusqu'à un plafond de 4 millions d'euros lors de son lancement en 2009, cette remise a depuis été portée à 30 % des dépenses éligibles jusqu'à un plafond de 30 millions d'euros, et 40 % si un montant substantiel de Le travail VFX est réalisé en France.

Parmi les productions internationales à grande échelle débarquées en France ces dernières années figurentLe dernier duel,La dépêche française,Eau plate,John Wick 4etMission : Impossible – Retombées.Le pays a également commencé à profiter de la vague du boom des dramatiques haut de gamme pour accueillir les tournages d'émissions, notammentLa Reine Serpent,Émilie à Paris,AtlantaetFamille moderne.

Ripka reconnaît qu'il existe une croyance internationale largement répandue selon laquelle la France reste un pays coûteux pour filmer.

"C'est ce que les gens pensent, mais quand on regarde les chiffres en tenant compte de ce qui est proposé ici et du coût élevé de l'équipage dans des pays comme le Royaume-Uni, la France finit par être très compétitive", dit-il.

"Il y a aussi notre savoir-faire et notre vivier de techniciens et de talents est l'un des meilleurs au monde, c'est pourquoi des réalisateurs comme Wes Anderson, Ridley Scott et plus récemment David Fincher aiment tourner ici."

Le nouveau service attractivité et Film France sont désormais rattachés à la direction numérique du CNC, Ripka étant rattaché à son directeur Vincent Florant. La direction supervise le soutien du CNC aux industries numériques et techniques françaises, notamment aux studios de cinéma et de télévision, et gère le TRIP.

« Tous ces domaines sont au cœur de l'attractivité internationale de la France et cette attractivité internationale est à son tour au cœur de la stratégie globale du CNC », a déclaré Florant.

Des plans de relance français plus larges

Il note que cette nouvelle dynamique internationale s'inscrit dans le cadre du plan d'investissement de relance France 2030, Covid-19, qui vise à revitaliser les secteurs industriels du pays grâce à l'innovation et aux technologies vertes.

Dans le cadre de ce programme, 600 millions d’euros ont été réservés aux industries cinématographique et audiovisuelle, qui seront investis à partir de 2022, sur une période de cinq ans, dans le renforcement des capacités, la formation des compétences et l’innovation dans l’ensemble du secteur.

Florant suggère que cela offre à la France l'occasion idéale de moderniser ses studios et d'augmenter ses capacités, ce qui placerait le pays sur un pied d'égalité avec ses voisins en termes d'espace de studio.

Dans le cadre d'une initiative distincte, le CNC a lancé plus tôt cette année l'initiative « choc de modernisation » de 10 millions d'euros visant à des projets créant de nouveaux espaces de studio, modernisant des sites existants ou impliquant la construction d'infrastructures dans le domaine de la production numérique, tout en respectant ou encourager le développement durable.

Après un appel à projets en janvier, 20 lauréats ont été annoncés lors du Festival de Cannes en juillet dernier. Ils comprenaient huit initiatives en studio, comme le projet de la ville de Nice visant à rénover ses Studios historiques de la Victorine et 12 autres projets soutenant des entreprises impliquées dans la post-production, l'animation et les effets spéciaux.

Florant cite la démarche zéro énergie du Provence Studio dans le sud de la France, impliquant 28 000 mètres carrés de panneaux solaires, comme exemple du type de projet que le CNC avait voulu encourager.

Il ajoute que la ligne de financement « Choc de modernisation » de 10 millions d'euros a généré 160 millions d'euros supplémentaires d'investissements privés, et suggère que l'argent mis sur la table dans le cadre du plan France 2030 aura un impact similaire.

« La stratégie globale est que cet argent public attire des investissements privés », dit-il.

Florant révèle également que le CNC concentrera sa démarche d'attractivité internationale sur trois zones géographiques : Paris et l'Ile de France, la Méditerranée de Nice à Montpellier et la région des Hauts de France limitrophe de la Belgique et également proche du Royaume-Uni.

Ripka et Florant reconnaissent que les deux dernières années ont été une période difficile pour le secteur de la location en France en raison de la pandémie.

Ils soulignent cependant que l’industrie locale du cinéma et de la télévision tourne presque à pleine capacité depuis juin 2020, grâce à un fonds spécial d’indemnisation public-privé couvrant les productions françaises contre les pertes liées au Covid-19.

"Cela signifie que le secteur est complètement à jour et prêt à accueillir les productions internationales dès qu'elles recommenceront à revenir comme avant", a déclaré Florant.