L'industrie européenne et les studios américains s'unissent pour lutter contre les mesures prises par l'UE pour empêcher le blocage géographique des services audiovisuels

Plus de 600 sociétés et associations de cinéma et de télévision de toute l’Europe ont signé une lettre commune exhortant le Parlement européen à s’opposer aux mesures visant à interdire le blocage géographique des services audiovisuels dans toute l’UE.

La lettre a été signée par un gratin de l'industrie européenne. Il comprend des festivals comme la Berlinale et Karlovy Vary jusqu'à des associations comme la FIAD, le CEPI, Europa Distribution et Europa International ; des agents commerciaux tels que Goodfellas, Kinology, Heretic et mk2 Films ; des producteurs dont Constantin et Les Films du Losange ; des exploitants comme Vue, Cineworld et Kinopolis ; et des diffuseurs tels que Canal+ et Sky.

Des studios américains comme Warner Bros Discovery, Paramount et Universal ont également signé.

Le Parlement européen votera mardi 12 décembre sur la réévaluation de son règlement de 2018 sur le blocage géographique.

Le règlement existant interdit les restrictions géographiques injustifiées sur la vente de biens et de services au sein de l'UE, mais inclut une exemption pour le cinéma et la télévision.

Le blocage géographique sous-tend le fonctionnement des marchés de production et de distribution de films et d’émissions télévisuelles en Europe, permettant aux titres d’être exploités territoire par territoire. Les agents commerciaux contribuent par exemple au financement des films en vendant des territoires clés à des distributeurs qui les diffuseront exclusivement dans leur pays.

Mais certains au Parlement européen souhaitent mettre fin à l'exemption pour les services audiovisuels, arguant qu'elle va à l'encontre du concept d'un marché unique européen numérique. Ils estiment qu'un choix plus large de contenus serait disponible au-delà des frontières si le règlement sur le blocage géographique était étendu au contenu audiovisuel.

De nombreux responsables de l’audiovisuel estiment quant à eux que les députés ne comprennent pas les complexités liées au financement des films et des séries télévisées. Ils craignent que les députés ne suppriment l'exemption audiovisuelle sans se rendre pleinement compte de l'impact sur les industries du cinéma et de la télévision.

La lettre commune, signée à ce jour par 619 associations et entreprises, affirme que la suppression de l'exemption « mettrait en danger un secteur de 47 milliards d'euros composé en grande partie de PME et de créateurs individuels, totalisant plus de deux millions d'emplois dans l'UE » et nuirait également à la culture et à l'économie européenne. diversité linguistique.

La lettre indique : « Une interdiction de l’utilisation de la technologie de géoblocage pour soutenir l’exclusivité territoriale des contenus et services cinématographiques et audiovisuels mettrait gravement en péril la durabilité créative et économique du secteur cinématographique et audiovisuel en Europe.

« Cela entraînerait une diminution du nombre et de la gamme de films et de contenus audiovisuels produits, avec une plus petite variété de langues. La distribution et la circulation seraient considérablement réduites dans toute l’UE. Cela aurait un impact direct et négatif sur le bien-être des consommateurs : réduction significative du choix en matière de contenu, de distribution et d’options d’accès ainsi qu’une flambée des prix.

La lettre commune souligne qu'en moyenne, les consommateurs européens ont actuellement accès à plus de 8 500 films européens en ligne, selon une étude de l'Observatoire européen de l'audiovisuel.