Chaque mois,Boris Kachkapropose des recommandations de livres de non-fiction et de fiction. Vous devriez en lire autant que possible.

N'hésitez pas, par Zadie Smith (Penguin Press, 6 février)
Smith est aussi célèbre pour ce qu’elle pense que pour ce qu’elle invente. Dans cette nouvelle collection d'essais, ses sujets vont du intellectuel au modeste (Knausgaard à Bieber), de la politique (Brexit) à la technologie (Facebook), et des arcanes (Schopenhauer) au personnel (son père).N'hésitez pasest un pâté chinois de non-fiction dont la seule ligne directrice est une écrivaine qui n'a pas peur de se perdre, car elle connaît toujours le chemin du retour. Smith a mélangé cela avec les critiques car elle était elle-même un enfant prodige avec une avance géante, mais l'âge ne l'a pas endurcie contre le monde, il l'a seulement rendue plus poreuse.

Un mariage américain, par Tayari Jones (Algonquin, 6 février)
C'est bien d'avoir Oprah à vos côtés, mais le dernier choix du club de lectureprésident en exercicea longtemps été considéré comme le roman le plus pertinent de l’hiver. C'est aussi, plus important encore, une histoire propulsive savamment racontée. Celestial et Roy sont à peine mariés que Roy est emprisonné à tort pour viol, et tandis que leur amour mijote en lettres, elle commence à tomber dans l'orbite romantique de son ami André. Le triangle amoureux se déroule dans des récits alternés, animés par l’intrigue de l’injustice raciale mais incarnés par un écrivain passionné.

Impertinence, de Danielle Lazarin (Penguin, 6 février)
À un moment critique de l'histoire féministe, les histoires intimes de Lazarin montrent des femmes de presque tous âges explorant l'essence de la liberté et les bienfaits mixtes de l'enchevêtrement humain. Dans une pièce, une femme joue avec un inconnu alors qu'elle pleure une rupture récente ; dans un autre, une voyageuse raconte les artistes pick-up qu’elle rejette en faveur d’une romance à distance. Il y a l'histoire d'une amitié naissante compliquée par l'immobilier, puis il y a des histoires d'adolescents confrontés à la mort, à la douleur et aux conséquences du plaisir.

Asymétrie, par Lisa Halliday (Simon & Schuster, 6 février)
Venez, s'il le faut, découvrir le roman à clef glissé dans ce roman d'un auteur qui a eu une liaison avec Philip Roth il y a 20 ans. Mais restons pour une histoire composée ingénieusement de trois parties disparates. Dans le premier, Alice aime Ezra, beaucoup plus âgé, alors que la guerre en Irak fait rage en arrière-plan ; dans le second, un Irakien-Américain est coincé dans le contrôle des passeports Kafkaïque d'Heathrow. Dans un épilogue, Ezra réfléchit à l'amour et à l'inspiration pour un épisode de « Desert Island Discs » de la BBC, fournissant la charnière de l'intrigue d'une histoire sur – quoi d'autre ? — la transformation de la vie en fiction.

L'ami, par Sigrid Nunez (Riverhead, 6 février)
Un livre sérieux sur un gros chien bâclé, le septième roman de Nunez – et son premier livre depuisToujours Susan, à propos de Susan Sontag — montre la force intellectuelle du travail de son défunte amie, mais aussi un sens de l'humour distinctif et un élan narratif. Le narrateur anonyme, un professeur d'écriture habitant un appartement de 500 pieds carrés où les animaux sont interdits, hérite d'un dogue allemand d'un ami, écrivain aux appétits sexuels Rothiens, qui s'est récemment suicidé. Ses méditations dans son sillage regorgent de références littéraires et de lamentations douces-amères pour un monde mieux lu et moins polarisé.

Baies de coeur, de Terese Marie Mailhot (Contrepoint, 6 février)
Il y a beaucoup de misère dans les mémoires de Mailhot, mais aussi quelque chose de nouveau : une sorte d'intersectionnalité vécue et sans jargon. Mailhot a grandi dans une réserve en Colombie-Britannique, et l'héritage honteux de marginalisation du Canada a indéniablement alimenté les abus qui ont fait rage dans sa maison, provoquant ou intensifiant finalement la dépression mentale qui l'a amenée à se confier en institution. Mailhot a écrit pour sortir de cette folie. Les incidents qu'elle raconte sont horribles à première vue, mais rendus avec un sens des proportions et une connaissance de soi qui émergent rarement de vies plus heureuses.

Que faisons-nous ici ?, par Marilynne Robinson (FSG, 20 février)
Si les essais de Zadie Smith sont des instantanés de l'écrivaine ici et maintenant, ceux écrits par Robinson, une romancière septuagénaire laurée qui se délecte de sa propre « méchante » semblent éternelles. Ce qui ne veut pas dire que ses arguments ne sont pas contemporains : Robinson décrit Obama, qui l'a longuement interviewée, comme le meilleur que l'on puisse espérer d'un président moderne. Elle aussia publié l'essai titre, défendant les vertus de bon sens des sciences humaines, le lendemain de notre élection en quelque sorte à l’annihilateur potentiel de ces vertus. Aujourd'hui plus que jamais et pour toujours, nous avons besoin de la fiction de Robinson et de sa vérité.

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