
Le drôle-triste-drôle-triste (c'est des allers-retours)Les jumeaux squelettesprésente Bill Hader dans le rôle de Milo, un homosexuel suicidaire, et Kristen Wiig dans le rôle de Maggie, son ex-sœur semi-suicidaire. Une quasi-tragédie les rassemble. Après s'être coupé les poignets, Milo, le fou mordant, emménage avec Maggie, l'épouse tranquillement misérable d'un mari chaleureux, gentil et ennuyeux (Luke Wilson). La question est de savoir s'ils seront capables de se retrouver et, ce faisant, de se sauver mutuellement des effets d'une parentalité terrible, des traumatismes sexuels et de leur propre folie innée.
Réalisé par Craig Johnson (à partir d'un scénario qu'il a écrit avec Mark Heyman), le film est un peu soigné à la manière de Sundance Workshop, mais il est très agréable et Johnson a un contact habile avec les acteurs. Hader sert magnifiquement des zingers, l'esprit de Milo est toujours enraciné dans le désespoir et Wiig est, comme on peut s'y attendre, parfaitement adapté à ses rythmes. Elle est incroyablement étrange – lente, aux paupières lourdes, avec un sourire de Mona Lisa suggérant des (sales) secrets. Le problème avec le casting de clowns inspirés dans des rôles comme ceux-ci est qu'ils n'ont pas suffisamment d'occasions de se déchaîner. Mais ils en ont deux : une scène dans laquelle ils restent tard dans un cabinet dentaire (elle est hygiéniste) et sucent du gaz hilarant, et, la pièce de résistance, un morceau de karaoké dans lequel Wiig résiste et résiste puis se lance dans des lèvres- se synchronisant avec une virtuosité si soudaine que le rire vous est arraché. C'est la seule fois où le film chante vraiment.
*Cet article paraît dans le numéro du 8 septembre 2014 deMagazine new-yorkais.