«Quand l'automne arrive?: Revue de Saint-Sébastien

François Ozon est en pleine forme pour cette pièce de puzzle de fin de vie mettant en vedette Hélène Vincent

Dir. François Ozon. France 2024. 102 mins.

Infatigablement inventif, François Ozon peut sortir des lapins improbables de son chapeau quand l'envie lui en prend : en témoigne son dernier film, flamboyant pastiche d'époque.Le crime est le mien. Mais Ozon est aussi un spécialiste du ton mineur ? et c'est souvent lorsqu'il semble jouer le jeu en sourdine et raisonnablement que les surprises surgissent des manières les plus étranges. Aussi lyriquement automnal que son titre le suggère,Quand l'automne arrivesemble ostensiblement une méditation doucement mélancolique sur l’âge, la culpabilité et la réconciliation. Et à un certain niveau, c'est ça ? mais traversé par une ironie finement modulée, avec de subtiles notes de thriller alors que le mélodrame domestique traverse presque imperceptiblement le territoire de Claude Chabrol.

Avec un formidable rôle principal de la vétéran du cinéma et de la scène Hélène Vincent, c'est Ozon dans son registre de vins fins, mais avec des notes acerbes ; Après la compétition du film à Saint-Sébastien, attendez-vous à ce qu'il chatouille un public international mature.

Le film est-il un véhicule minutieusement conçu pour Hélène Vincent, comédienne et réalisatrice extrêmement respectée depuis plusieurs décennies ? debout, dont la carrière cinématographique comprend notamment un rôle césarisé dansLa vie est un long fleuve tranquille; elle est également apparue dans le drame d'Ozon en 2019Par la grâce de Dieu. Ici, elle incarne Michelle, une femme âgée vue pour la première fois dans une église en train d'écouter une parabole dont le contenu fait allusion sournoisement aux thèmes à venir. Originaire de Paris, elle vit désormais seule dans une maison confortable dans la campagne bourguignonne, dans un village proche de sa vieille amie Marie-Claude (josiane Balasko, actrice de personnages très appréciée et titane du box-office français, également dansPar la Grâce ?).

Les deux femmes ont des problèmes familiaux : le fils de Marie-Claude, Vincent (Pierre Lottin), va bientôt sortir de prison, tandis que la fille de Michelle, Valérie (Ludivine Sagnier), est stressée, égocentrique et crépite de ressentiment envers sa mère. Lucas (le nouveau venu Garlan Erlos), le jeune petit-fils bien-aimé de Michelle, doit passer des vacances d'automne avec elle, mais un incident malheureux vient ruiner tout cela, laissant Valérie plus en colère que jamais et Michelle inquiète pour son propre état mental.

Lorsque Vincent revient au village, avec de vagues rêves d'ouvrir un bar, Michelle décide de le remettre sur pied en l'employant comme jardinier. Alors un événement véritablement dramatique survient à l’improviste ? qu'Ozon refuse de nous montrer, laissant une zone d'incertitude frémissante au cœur du drame. Il augmente encore la mise en introduisant une divergence stylistique et narrative qui semble totalement en décalage avec ce qui s'est passé auparavant, mais ajoute une nouvelle couche éloquente à la fois au scénario familial et aux grandes lignes de l'état mental de Michelle. Sans trop en révéler, c'est un tour qu'Ozon a joué avec un effet poignant dans l'un de ses premiers films ? et les fans apprécieront le rappel.

L'esprit du lieu et de la saison est la clé, avec le travail photographique lyrique mais discret de Jérôme Alméras maximisant la palette et les textures de l'automne rural. Le film est impeccablement casting : Sagnier est remarquablement rébarbatif, et le film joue astucieusement sur le fait qu'il n'est tout simplement pas si facile de sympathiser avec Valérie. Vincent, terriblement insaisissable sous l'extérieur réservé d'un homme taciturne de la classe ouvrière, devrait représenter un rôle plus large pour Lottin, déjà populaire dans les séries comiques.Les Tucheet également vu cette année dansLa fanfare.Sa performance sobre et raffinée nous laisse deviner les motivations et la nature intérieure de Vincent.

Mais surtout, ce film est un cadeau de vitrine pour Hélène Vincent. Elle fournit un centre magnétique au drame, alors que les sentiments, les doutes et les pensées non résolues de Michelle sur son propre passé ? la vérité finit par émerger dans la révélation la plus silencieuse et la plus réfléchie ? jouez dans un réseau complexe et subtil de thèmes concernant la rédemption, la responsabilité parentale et l'acceptation de soi. Compte tenu du confort flou avec lequel le cinéma dépeint si souvent des personnages plus âgés, en particulier des femmes, la dramatisation de ce film sur le contenu de la fin de la vie, le chagrin et la solitude est aussi subversive à sa manière que tout ce qu'Ozon a fait, et une réplique âprement intelligente à les clichés de l'âgisme à l'écran.

Société de production : FOZ

Ventes internationales : Playtime, [email protected]

Producer: François Ozon

Scénario : François Ozon, Philippe Piazzo

Cinematography: Jérôme Alméras

Editeur : Anita Roth

Production design: Christelle Maisonneuve

Musique : Eugène Galperine, Sacha Galperine

Main cast: Hélène Vincent, Josiane Balasko, Ludivine Sagnier, Pierre Lottin