Andrew Garfield est un vagabond de Los Angeles sur les traces d'une fille disparue
Réal/scr : David Robert Mitchell. NOUS. 2017. 139 minutes.
Si Los Angeles est effectivement la ville des rêves, alorsSous le lac d'argentest peuplé de certaines des visions les plus étranges, hypnotisantes et troublantes de la ville. La suite extrêmement confiante du scénariste-réalisateur David Robert Mitchell àÇa suitetLe mythe de la soirée pyjama américaineretrouve le cinéaste immergé à nouveau complètement dans l'ambiance de son matériau, livrant un savoureux néo-noir qui fusionne volontairement les tons et les sensibilités avec une séduction ludique. La performance séduisante et retenue d'Andrew Garfield ne fait qu'aiguiser le sentiment de découverte et de mystère au cœur de ce récit décalé et captivant.
La dextérité de Mitchell à équilibrer romance, comédie et sensations fortes récompense constamment la patience du spectateur.
Première en Compétition à Cannes puis sortie dans les salles américaines le 22 juinSous le lac d'argentpossède le cachet critique de Garfield (nominé aux Oscars) et de sa co-star Riley Keough. Il y a fort à parier que les jeunes publics indépendants seront le public le plus enthousiaste du film, le statut de culte semblant assuré pour un film qui rend un hommage affectueux à Alfred Hitchcock et David Lynch.
Situé dans l'est de Los Angeles, le film met en vedette Garfield dans le rôle de Sam, un nerd trentenaire de la culture pop sans emploi ni argent pour payer le loyer ? une évolution qui devrait le faire expulser de son appartement dans quelques jours seulement. C'est alors qu'il rencontre Sarah (Keough), une belle voisine qui le séduit rapidement. Mais après avoir passé une merveilleuse soirée à faire sa connaissance, Sam se réveille et découvre qu'elle a déménagé au milieu de la nuit.
La décision de Sam de découvrir ce qui s'est passé le propulseSous le lac d'argentC'est une odyssée en boucle. Tout comme le point de vue sarcastique de Robert Altman sur Philip Marlowe,Le long au revoir, le film de Mitchell est un portrait surréaliste et défoncé de Los Angeles qui se double d'un mystère étrange. S'appuyant sur son obsession du déchiffrement des codes secrets ? et convaincu qu'une sorte de sombre conspiration est à l'origine de la disparition de Sarah ? Sam erre d'indice en indice, interagissant avec des auteurs-compositeurs maniaques, des sectes étranges et des fêtards superficiels dans l'espoir de découvrir la vérité.
En près de 140 minutes, le film prend son temps pour établir ses personnages et leur milieu, sans oublier de retracer tous les rebondissements de l'enquête de Sam. Cela peut basculer dans l’autosatisfaction lorsqu’une séquence particulièrement particulière ne frappe pas aussi fort que les précédentes. Mais la dextérité de Mitchell à équilibrer romance, comédie et sensations fortes ? ainsi qu'explorer les métaphores poétiques sous la surface ? récompense systématiquement la patience du spectateur.
Il y a des références claires àLunette arrière,VertigeetDocteur Mulholland.mais, comme lors des précédentes sorties du scénariste-réalisateur, le nouveau film s'inspire de ses influences pour sculpter quelque chose de personnel et de spécifique. Mieux encore, il s’appuie sur ses atouts passés pour atteindre de nouveaux sommets. Les tropes d'horreur pour lesquels il a pilléÇa suitsont, ici, utilisés pour confectionner des scènes déconcertantes d’effroi nocturne.Sous le lac d'argentpasse du réalisme à la fantaisie sans avertissement, ce qui ne fait que rendre ses moments effrayants plus étranges. Et sa capacité à créer des personnages attachants mais qui restent un peu opaques porte ses fruits dans un film dont le protagoniste nous surprend par sa débrouillardise et ses impulsions inattendues.
Garfield incarne Sam comme un fainéant qui ne va nulle part, juxtaposant la douceur inhérente de l'acteur au comportement parfois insensible et égoïste du personnage. Alors que Garfield et son réalisateur guident Sam tout au long de ce polar, ils naviguent également dans un autre mystère ; découvrir qui est ce jeune homme et ce qui précisément l'a laissé se sentir si spirituellement à la dérive. C'est révélateur que même si Sam a beaucoup de films et une guitare chez lui, même si nous ne sommes jamais vraiment sûrs de ce qu'il fait exactement ? comme tant d’habitants de Los Angeles, il semble dériver dans sa propre transe privée, déconnecté du monde réel.
Le compositeur Disasterpiece, qui proposed Cela suitavec sa partition menaçante, imprègneSous le lac d'argentavec un mélange de malaise et de beauté fleurie, faisant allusion à la fois au glamour hollywoodien de Los Angeles et à son sombre désespoir tout en faisant écho au romantisme chatoyant de Bernard Herrmann. La musique s'avère être le battement de cœur du film, reflétant la tension paranoïaque et les révélations bizarres du récit. Si la destination s'avère finalement un peu moins satisfaisante que le voyage, Mitchell et ses collaborateurs nous remplissent de tant de rêveries maussades que nous succombons à sa logique tordue et à sa vivacité indélébile.
Sociétés de production : Vendian Entertainment, VX119 Media Capital, Stay Gold Features, Good Fear, Michael De Luca Productions, PASTEL, UnLTD Productions, Salem Street Entertainment, Boo Pictures
Distribution US : A24/Ventes internationales : Insiders,[email protected]
Producteurs : Michael De Luca, Chris Bender, Jake Weiner, Adele Romanski, David Robert Mitchell
Conception et réalisation : Michael T. Perry
Montage : Julio C. Perez IV
Photographie : Michael Gioulakis
Musique : Disasterpeace
Acteurs principaux : Andrew Garfield, Riley Keough, Topher Grace