Dir. Costa-Gavras. France. 2024. 110 mins
Il n'est pas surprenant qu'un film sur la mort puisse paraître quelque peu lugubre, maisLe dernier souffle? une méditation sur les soins de santé et la mortalité du réalisateur chevronné Costa-Gavras ? peut-être aurait-il pu respirer un peu plus légèrement. Basé sur un livre du philosophe Régis Debray et du spécialiste des soins palliatifs Claude Grange, le film met en scène une série de questions sur la vulnérabilité physique, la mort et les manières d'affronter la condition humaine ; mais dès le départ, il apparaît plus comme un séminaire sobrement dramatisé que comme une fiction évoluant sur le plan émotionnel.
Plutôt un séminaire sobrement dramatisé qu’une fiction évoluant émotionnellement
Denis Podalydès et Kad Merad, incarnant essentiellement des Debray et Grange, offrent une solidité réfléchie à la tête d'un illustre casting qui comprend Angela Molina, Charlotte Rampling, Hiam Abbass et Karin Viard. Mais malgré des performances faisant autorité, le film ne prend jamais vraiment vie. Son contenu peut susciter la réflexion, mais il est plus susceptible de trouver sa place en tant qu'outil pédagogique que comme proposition cinématographique.
Podalydès, un habitué du cinéma français ? comme si souvent, incarnant l'homme inquiet moyen ? incarne l'éminent philosophe Fabrice Toussaint, vu pour la première fois en train de passer une IRM à Boston, avec des résultats inquiétants. De retour en France, il subit un nouveau contrôle et rencontre le Dr Augustin Masset (Merad), spécialiste des soins palliatifs. Sachant que Toussaint s'intéresse aux questions de fin de vie ? il a un livre sur le thème, en passe d'être réédité ? Masset propose de lui faire visiter son hôpital, de le laisser assister à des réunions et de lui raconter diverses anecdotes sur son expérience auprès des patients atteints de cancer et l'imminence de la mort.
Parmi les histoires intégrées figurent des épisodes impliquant une femme riche (Charlotte Rampling) déterminée à prendre le contrôle de sa disparition ; une jeune femme (Agathe Bonitzer) furieuse contre son état ; et un patient (Nouvelle Vaguele fidèle Alain Libolt, un personnage poivré) et sa femme (Hiam Abbass), tous deux dans un état de déni furieux. Une performance particulièrement impressionnante vient de Françoise Lebrun, également remarquable dans un autre drame récent et inspiré par la mort, Gaspar Noé?Vortex; elle incarne ici une patiente réconciliée, qui apprécie une conversation avec Toussaint sur les différentes versions religieuses de l'au-delà.
Un épisode plus bruyant présente Angela Molina dans le rôle d'une femme qui arrive à l'hôpital avec sa grande famille rom et ses musiciens de jazz qui l'accompagnent. Merad ? qui est récemment apparu dans la réflexion d'un autre réalisateur chevronné sur la mortalité,Enfinpar Claude Lelouch ? apporte une gravité rassurante et semblable à celle d'un ours en tant que médecin pensif et éthiquement fondé.
Malgré les tentatives de dramatisation ? parfois vif, le plus souvent carrément tenace ? le film se présente comme un causerie sérieuse, ses dialogues agrémentés de références philosophiques et littéraires (Houellebecq, Lacan, François Mauriacetal), sans parler des allusions théologiques à des notions comme la métempsychose et la palingénésie. Une scène en particulier, dans laquelle Toussaint et un cercle de types de médias discutent d'un éventuel programme télévisé sur le thème, est particulièrement laborieuse, et l'accent excessif mis sur son statut de penseur célèbre immédiatement reconnaissable est un maniérisme usant.
Costa-Gavras s'est fait une réputation de maître du thriller politique avec des films commeZetÉtat de siègemais, même s'il maintient une note de sérieux réfléchi tout au long, il y a peu d'urgence dramatique ici. Néanmoins, le contenu lourd en lui-même est susceptible d'inciter les téléspectateurs à spéculer sur leur propre version préférée d'une « bonne mort » ? ? même si la plupart d'entre nous préféreraient probablement ne pas sortir accompagnés d'une chanson pour enfants sur les escargots.
Société de production : KG Productions
Ventes internationales : Playtime,[email protected]
Producers: Michèle Ray-Gravas, Alexandre Gavras
Scénario : Costa-Gavras, d'après le livre de Claude Grange et Régis Debray
Photographie : Nathalie Durand
Scénographie : Catherine Werner Schmit
Montage : Costa-Gavras, Loanne Trevisan
Musique : Armand Amar
Main cast: Denis Podalydès, Kad Merad, Marilyne Canto, Angela Molina, Charlotte Rampling, Hiam Abbass, Alain Libolt, Agathe Bonitzer