Documentaire sur la famille palestinienne normale déchirée au cœur de l'incident de « Zeitoun »
Dir: Stefano Savona. France-Italy. 2018. 132mins
"Je ne sais pas raconter une histoire", dit l'adolescente Amal Samouni au début de ce documentaire puissant sur une famille palestinienne déchirée par la guerre. Heureusement, le réalisateur italien Stefano Savona est là pour vous aider ? même s'il apparaîtra au cours de son film réfléchi, en partie animé, qu'Amal,Route de SamouniSon centre de gravité personnel est elle-même une tisseuse de souvenirs parfaitement capable, si elle reçoit le bon stimulus. La tragédie au centre du film est le fameux « incident de Zeitoun » de janvier 2009, lorsqu'un total de 48 civils ont été tués au cours d'une opération militaire israélienne dans un district rural auparavant paisible de la ville de Gaza, parmi lesquels 29 membres de la même famille Samouni.
L’intention claire ici est d’aller au-delà de la vision d’urgence du conflit israélo-arabe.
Raconté à travers un mélange d'animations en noir et blanc rugueuses avec une sensation de linogravure (avec l'aimable autorisation de l'artiste-animateur Simone Massi) et d'images de drones reconstituées, il s'agit d'une reconstitution de 30 minutes du massacre lui-même, avec sa partition métallique et résonante. à mi-chemin entre musique et sound design, cela confère au film son impact émotionnel considérable. Pourtant, c’est ce qui se passe de part et d’autre de ce noyau dramatique qui distingue le film sensible de Savona. L’intention claire ici est d’aller au-delà de la vision d’urgence du conflit israélo-arabe que nous absorbons à travers nos écrans d’information télévisés et nos réseaux sociaux, afin de simplement passer du temps avec une famille palestinienne ordinaire qui tente de reconstituer sa vie après une terrible épreuve. traumatisme.
Au début, nous avons du mal à trouver une trame thématique à une série de scènes qui montrent les membres survivants de la famille Samouni vaquant à leur vie quotidienne dans une banlieue meurtrie qui s'accroche néanmoins à quelques restes de terres agricoles fertiles, dont celles décimées de la famille. oliveraie. Peu à peu, cependant, il devient clair que le film parle en partie de la tension profondément humaine entre le besoin de préserver et d'ordonner les souvenirs du passé et le besoin de continuer sa vie.
Les souvenirs s'épanouissent en brèves séquences animées, mais ce sont des choses fragiles. Les paroles des vieilles chansons qu'ils chantaient dans les champs échappent déjà aux Samounis, noyés dans le fanfaronnade des mélodrames de Bollywood qu'ils regardent à la télévision. Amal, qui est restée pour morte pendant trois jours après le tir de roquette israélien qui a tué son père et plusieurs autres membres de sa famille, a encore plusieurs fragments d'obus incrustés dans son cerveau. Pourtant, c'est une fille rayonnante et ingénieuse dont le combat contre ses frères ? Les tentatives de l'exclure de leurs affaires masculines importantes sont un volet puissant d'un film qui ne recule pas devant les aspects moins qu'éclairés de la vie dans cette société patriarcale intensément soudée, critique et patriarcale.
Dans la dernière section du film, les fissures ainsi que les courants de guérison des conséquences sont mis en évidence dans le montage des images prises à la main par Savona lors de plusieurs visites à la famille. On voit comment les morts ? mais, de manière révélatrice, seuls les mâles ? ne sont plus des victimes mais des « martyrs ». Nous voyons des combats éclater pour la répartition des terres lorsque les habitants du district de Zeitoun sont enfin autorisés à retourner dans leurs maisons dévastées, et nous voyons, avec sa mère inquiète, tandis que le jeune frère d'Amal nourrit des rêves de vengeance djihadistes.
Et nous voyons le Hamas, le Fatah et d’autres acteurs politiques et religieux tenter d’utiliser les Samounis pour leurs propres jeux de pouvoir. Mais il y a aussi de l'espoir, dans le mariage qui clôt ce documentaire nuancé et dans la résilience de la famille en son centre.
Production companies: Picofilms, Dugong Films, Alter Ego Production, Arte France Cinéma, Rai Cinema
Ventes internationales : Doc & Films International, [email protected]
Producteurs : Penelope Bortoluzzi, Marco Alessi, Cécile Lestrade
Scénario : Stefano Savona, Léa Mysius, Penelope Bortoluzzi
Réalisateur animation : Simone Massi
Montage : Luc Forveille
Photographie : Stefano Savona
Musique : Giulia Tagliavia