« Leçons de persan » : Revue de Berlin

Réalisateur : Vadim Perelman. Russie/Allemagne/Biélorussie. 2020. 128 minutes

Une grande aventure cinématographique grand écran qui mêle habilement suspense, rires et larmes,Leçons de persanmarque un retour en forme pour le réalisateur canadien d'origine ukrainienne Vadim Perelman, 17 ans après ses débuts nominés aux OscarsMaison du brouillard. Cela est dû en partie à la façon dont le scénario s'engage intelligemment avec un concept de haut niveau, tiré de la nouvelle de Wolfgang Kohlhaase. Situé en France occupée en 1942,Leçons de persanse concentre sur un juif belge qui prétend être persan alors qu'il est arrêté et sur le point d'être fusillé. Épargné et emmené chez le commandant d'un camp de transit désireux d'apprendre le farsi, il se retrouve soudain confronté à la tâche d'inventer une langue de toutes pièces.

Leçons de persansemble bien parti pour toucher un large public malgré la barrière de la langue qui est en quelque sorte son sujet.

Mémoriser un discours qui n'existe pas devient une métaphore puissante de la nécessité de préserver notre mémoire collective de l'Holocauste, et bien que la crédibilité de l'intrigue soit le défaut majeur d'un drame de camp de concentration qui est aussi une histoire classique de survivants, la plupart des téléspectateurs prendront la récompense émotionnelle majeure que le film offre comme récompense suffisante pour leur indulgence. Avec des accords signés dans 12 territoires et d'autres à suivre,Leçons de persansemble bien parti pour toucher un large public malgré la barrière de la langue qui est en quelque sorte son sujet.

Le premier obstacle à surmonter est la raison pour laquelle Koch, le commandant vaniteux et peu sûr du camp de Lars Eideinger, ne peut pas mettre la main sur un dictionnaire ou un guide de conversation allemand-farsi décent pour vérifier la langue utilisée par Gilles (Nahuel Perez Biscayart, vu pour la dernière fois danstemporisation) vient de se réconcilier. Il y aura encore quelques obstacles à la crédibilité en cours de route, mais ils s'écartent au cours d'un drame tendu qui est également empreint d'humour vulgaire car il retrace l'inventivité désespérée d'un homme frêle mais ingénieux, tendu presque jusqu'au point de rupture par l'effort pour garder en jouant au jeu dangereux qu'il a créé.

Il y a des nuances deLa vie est belleici, mais Gilles – qui s'appelle Reza en persan – est, du moins au début, un filou plus égoïste que le père protecteur joué par Roberto Benigni dans ce film. Les deux protagonistes sont bien interprétés et en pleine forme comme un couple étrange pris dans une lutte de pouvoir unilatérale qui change progressivement au fur et à mesure que le film progresse. En arrière-plan, on voit davantage d'officiers de rang inférieur du camp que de codétenus de Gilles, suivant les machinations de la guêpe Elsa (Leonie Benesch) et de son prétendant intrigant Max (Jonas May) alors qu'ils tentent de démasquer, ou à défaut, d'éliminer, le soi-disant Persan devenu le protégé de leur patron.

Cette focalisation étroite est un mouvement de script intelligent qui faitLeçons de persanquelque chose de plus qu'une histoire de survivant du chat et de la souris. Cela relie clairement la mémorisation des élèves-enseignants lors des séances organisées dans le bureau sombre, marron et beige de Koch avec la mémorisation que le monde doit faire pour honorer les morts et combattre la haine raciale. Avec une composition saisissante et un tournage dans un style limpide et pictural, le film semble se dérouler dans un lieu entièrement coupé du monde extérieur – qui se trouve quelque part au-delà des bois de conifères brumeux et moussus qui entourent le camp, comme si l'histoire elle-même se retirait dans un conte de fées. .

Sociétés de production : Hype Film, LM Media

Ventes internationales : Memento Films International,[email protected]

Producteurs : Ilya Stewart, Murad Osmann, Pavel Buria, Ilya Zofin, Vadim Perelman, Timur Bekmambetov, Rauf Atamailbekov

Scénario : Ilya Zofin, d'après la nouvelle « L'invention d'un langage » de Wolfgang Kohlhaase

Scénographie : Dmitriy Tatarnikov, Vlad Ogaj

Montage : Vessela Martschewski, Thibault Hague

Photographie : Vladislav Opélyants

Musique : Eugène Galperine, Sacha Galperine

Acteurs principaux : Nahuel Perez Biscayart, Lars Eidinger, Jonas Nay, Leonie Benesch, Alexander Bayer, Luisa-Celine Gaffron, David Schutter