Charlotte Le Bon embodies French artist Niki de Saint-Phalle in Celine Sallette’s vivid biopic
Dir: Celine Sallette. France, 2024. 98mins
L'actrice devenue réalisatrice Céline Sallette dresse un portrait vibrant de l'artiste franco-américaine Niki de Saint-Phalle dans son impressionnant premier long métrageNiki. Une performance brute et émotionnelle de Charlotte Le Bon domine un film qui révèle progressivement la manière dont l'art devient un moyen de vaincre le traumatisme et de trouver une voix pour ce sculpteur révolutionnaire du milieu du siècle qui a ensuite révélé d'horribles abus lorsqu'il était enfant. Les distributeurs d'art et d'essai devraient reconnaître le potentiel d'un biopic vivant dans la tradition deFourrure(2006),Séraphine(2008) etPaule(2016).
Le Bon relève le défi d’un rôle exigeant et multiforme
Mieux connue pour ses rôles dansMaison de la tolérance (2011) et les téléviseursLes Revenus(2012-2015), Sallette se tourne vers la réalisation avec le court métrage 2020L’Arche Des Canopies.Son premier long métrage est une dramatisation saisissante des débuts de de Saint-Phalle dans laquelle la palette de couleurs mûres et l'humeur fébrile se combinent pour évoquer un esprit troublé.
Nikicommence alors que de Saint-Phalle (Le Bon) s'assoit pour une séance photo à l'époque où elle était mannequin, une belle jeune femme des années 1950 au look d'icône du cinéma. Le diadème, les boucles d'oreilles scintillantes et le rouge à lèvres rouge vif évoquent le look de princesse de conte de fées de Grace Kelly ou d'Audrey Hepburn. Tout en aplomb et professionnalisme, de Saint-Phalle ne se plaint pas face aux exigences du tournage. On la voit ensuite se précipiter chez elle pour s'occuper de sa petite fille, avant de se rendre à une répétition pour une mise en scène de Cocteau.Machine infernaleet rencontrer son mari, l'écrivain Harry Matthews (John Robinson) pour un cocktail dans une discothèque chic de Paris.
Sallette établit économiquement le sentiment d'une femme à succès qui a tout et parvient à faire tourner toutes les assiettes. La bande-son cuivrée et explosive de Para One ajoute à la verve de ce récit. Pourtant, le reste du film est consacré à dénoncer cette perception de Saint-Phalle comme une illusion.
Lorsqu'on lui demande pourquoi elle a quitté l'Amérique pour s'installer à Paris en 1952, de Saint-Phalle, qui est née en France mais a grandi aux États-Unis et son mari américain, citent le maccarthysme, le racisme, l'ère nucléaire et la mère de Harry comme raisons. Il apparaît également que de Saint-Phalle souhaite garder le plus de distance possible avec sa famille en général, et son père en particulier. Des flashbacks brutaux font allusion aux horreurs de son passé et à sa réaction d'écolière consistant à étaler de la peinture rouge sur les organes génitaux des statues dans une galerie d'art.
Le film se concentre sur les problèmes de santé mentale de De Saint-Phalle et sur la manière dont son art est devenu son salut. De nombreux obstacles se dressent sur son chemin, notamment un psychiatre condescendant qui préfère protéger les coupables plutôt que d'admettre ce qui lui est arrivé, et une rivale jalouse et garce qui considère ses collages, peintures et créations comme un simple « passe-temps de femme au foyer ».
Sallette apporte une véritable énergie au récit de Saint-Phalle. Les séquences en écran partagé aident à maintenir le rythme de la narration et le film a l'air d'un régal. Les costumiers Matthieu Camblor et Marion Moules apportent une contribution essentielle puisque de Saint-Phalle arbore une sélection de couvre-chefs accrocheurs et une garde-robe composée de carreaux, de carreaux et de ce qui ressemble à l'apogée de la mode des années 1950.
Nikiest cependant un peu trop pointu par endroits, avec un caractère sommaire qui laisse peu de temps pour étoffer certaines histoires ou réfléchir davantage aux événements. Pourtant, les performances restent convaincantes et convaincantes du début à la fin. Bien que Harry, le premier mari de De Saint-Phalle, se sente sous-développé en tant que personnage, Robinson capture sa nature douce et solidaire. Damien Bonnard fait du sculpteur suisse Jean Tinguely, qui deviendra le deuxième mari de de Saint-Phalle, une figure chaleureuse et sympathique, et Judith Chemla met à profit le rôle modeste d'Eva, la première épouse de Tinguely.
Au-dessus d'eux se trouve Le Bon, qui relève le défi d'un rôle exigeant et aux multiples facettes. Elle capture le sentiment du fardeau émotionnel constant d’une femme piégée par son passé et cherchant la force de se libérer. Dans son art, de Saint-Phalle a pris des fragments brisés, des miroirs brisés et des débris abandonnés et les a transformés en quelque chose de nouveau et de significatif. On retrouve un même sentiment de renaissance dans la performance engagée et émouvante de Le Bon.
Sociétés de production : Studios CinéFrance, Wild Bunch
Ventes internationales : Pulsar Content.[email protected]
Producteurs : David Gauquie, Julien Deris, Florence Gastaud
Scénario : Céline Sallette, Samuel Doux
Photographie : Victor Séguin
Scénographie : Rosen Le Gloahec
Editing: Clemence Viard
Musique : Para One
Main cast: Charlotte Le Bon, John Robinson, Damien Bonnard, Judith Chemla