Nikolaus Geyrhalter revient avec une étude sobre et captivante sur les déchets créés par la société
Réal/scr : Nikolaus Geyrhalter. Autriche. 2022. 105 minutes.
Une étude en dix parties sur la manière dont l'humanité à travers le monde gère ses déchets,La question n'est pas à sa placeest une œuvre documentaire écologique et anthropologique typiquement sobre, d'observation et captivante du maestro autrichien Nikolaus Geyrhalter. Son 16e long métrage en 30 ans depuis ses débuts en 1992Minerai de fer, il se concentre principalement sur l'Europe mais comprend également des segments de globe-trotter tournés au Népal, aux Maldives et, enfin et non des moindres, au festival Burning Man dans le désert du Nevada.
Sa caméra reste fixe, scrutant les phénomènes humains avec un détachement muet
Si le film aurait peut-être pu bénéficier d'une structure éditoriale manifestement plus rigoureuse,La question n'est pas à sa place– le titre (parfois acronyme de « Moop ») tiré de la façon dont les organisateurs de Burning Man font référence aux déchets micro-scrupuleusement collectés après chacune de leurs fêtes annuelles – est une autre sortie fiable et solide pour le prolifique et particulièrement cohérent Geyrhalter. Voilà un réalisateur assez facile à tenir pour acquis, mais qui rassemble minutieusement un corpus cinématographique impressionnant, intelligemment engagé dans certains des problèmes les plus urgents de notre époque.
Présenté en avant-première dans la compétition principale du Léopard d'Or à Locarno, son dernier peut s'attendre à la série habituelle de réservations en festival dont bénéficie le scénariste-réalisateur viennois depuis sa percée internationale en 2005 avecNotre pain quotidien(encore peut-être son projet le plus connu). Les événements/plateformes documentaires et écologiques sont le lieu logique de cette affaire ruminative qui, tout en évitant un didactisme manifeste, amènera probablement la plupart de ses téléspectateurs à accorder une plus grande attention aux déchets qu'ils génèrent.
Comme à son habitude, Geyrhalter présente son travail sans voix off, sans musique ni légende explicative. Les emplacements indiqués ne sont identifiés que dans le générique de clôture ; dans chacun d’eux, la manière dont les déchets sont traités constitue un microcosme de traits culturels plus larges. A quelques exceptions près (notamment lorsqu'on suit la charrette rudimentaire d'un éboueur de Katmandou dans ses rondes branlantes), sa caméra reste figée, scrutant les phénomènes humains avec un détachement muet. C’est devenu une technique bien connue du cinéma documentaire, et bien que Geyrhalter soit capable de créer des images saisissantes – comme la toute première ici, représentant une vallée enneigée – son approche est plus une question de fonction que d’épanouissement.
La rédactrice en chef Samira Ghahremani accède au poste le plus élevé après avoir travaillé sous la direction du chef coupeur Niki Mossboeck lors de la précédente sortie de GeyrhalterTerre; Ghahremani elle-même est assistée ici par Michael Palm, lui-même cinéaste de renom (2016Cinéma Futures), et avec qui Geyrhalter a déjà collaboré surUn homme sage. Ces mains expérimentées réalisent une œuvre avec de longs plans occasionnels, dont le plus efficace raconte depuis le ciel le processus par lequel des déchets de tous types et de différentes tailles sont broyés par d'énormes « dents » mécaniques tournantes dans une usine d'élimination.
Geyrhalter et sa société gardent judicieusement leurs matériaux les plus solides pour la fin ; en effet, les images de Burning Man semblent suffisamment riches pour justifier leur propre étude de long métrage. Plusieurs vues ici créent une sorte de grandeur trippante lo-fi - y compris une prise de vue aérienne spectaculaire du site éclairé au néon après la tombée de la nuit et une cavalcade poussiéreuse de cyclistes qui joue de manière amusante comme une parodie écologiquement responsable de l'emblématique poursuite multi-véhicules deMad Max : La route de la fureur.
Société de production : Nikolaus Geyrhalter Film Production
Ventes internationales : Ventes de films Autolook,[email protected]
Producteurs : Nikolaus Geyrhalter, Michael Kitzberger, Wolfgang Widerhofer, Markus Glaser
Photographie : Nikolaus Geyrhalter
Montage : Samira Ghahremani