"In The Fade": Critique de Cannes

Diane Kruger, inébranlable, présente ce drame malheureusement chronométré sur un attentat terroriste à Hambourg.

Réal. Fatih Akin. Allemagne. 2017. 106 minutes.

Une Diane Kruger énergique est le principal atout de ce drame malheureusement chronométré sur une femme qui perd son mari et son fils de six ans dans une attaque terroriste. Divisé en trois chapitres, le film explore les événements immédiatement avant et après la période précédant l'attentat à la bombe ; le procès et, enfin, la quête de vengeance de Katja (Kruger). Obstinément conventionnel dans son approche, le film trace une ligne difficile entre une honnêteté sans faille et une exploitation émotionnelle grossière, avant de basculer dans cette dernière dans un acte final discutable.

L'histoire est truffée d'intrigues douteuses

Un titre anglais dénué de sens (le titre allemand original,De nulle part, se traduit littéralement par Out Of Nowhere) n'est qu'un des problèmes que le film devra surmonter pour pouvoir toucher le public. Le plus important est de savoir si le bouche à oreille et le soutien critique seront suffisants pour convaincre les parieurs de dépasser ce sujet extrêmement sombre. La performance de Kruger, bien qu'elle ne soit pas tout à fait cohérente, est de la variété des terminaisons nerveuses dénudées et récompensées. Des prix prestigieux ne sont pas exclus, du moins pour Kruger, et constitueraient un levier marketing utile.

Une séquence de pré-titres, tournée avec un caméscope émétique et irrégulier, montre Katja épousant Nuri (Numan Acar). Le fait qu'il soit en prison et que leurs invités au mariage soient des gardes en uniforme ne diminue en rien la joie de l'occasion. Le premier chapitre du film, intitulé "La Famille", décrit un mariage qui reste heureux, maintenant que Nuri est sortie de prison et que le couple a un fils de six ans. Mais ensuite, une attaque à la bombe à ongles prive Katja de tout ce qu'elle chérit. Et la pluie commence à tomber, imprégnant le décor de Hambourg de météorologie métaphorique.

Cette première section est la plus forte des trois. Le désordre occasionnellement dispersé de la vie de famille se charge soudain d’un poids insupportable de tragédie. Les beaux-parents turcs de Katja et sa mère au visage de hache se regardent avec une animosité à peine voilée. Et en réponse à sa demande de voir les corps de ses proches, le policier prévient : « Ce ne sont plus des personnes, seulement des parties de corps ». Malgré cela, l'histoire est truffée d'intrigues douteuses, notamment la décision de demander à Katja de se procurer de la drogue auprès de son avocat et de prendre une dose de coke à un moment de stress inimaginable.

La saisissante palette de couleurs monochromes, accentuée de bleus tristes, est reprise dans la deuxième section, intitulée « Justice ». Séquence de salle d'audience dans laquelle les suspects, un mari et sa femme, sont jugés, cette partie médiane démarre bien, mais s'effondre lors des interrogatoires. C'est ici aussi que les performances par ailleurs impressionnantes de Kruger vacillent. Certains de ses plans de réaction sont juste derrière l'avocat de la défense extravagant et maléfique pour son accent exagéré. Ceci est renforcé par plusieurs plans à mise au point partagée qui placent Katja au premier plan avec son avocat et le reste du tribunal derrière. Une scène dans un bar dans laquelle Katja spécule sur ce que son mari aurait fait si elle avait été tuée prépare le terrain pour le dernier chapitre, "La Mer", dans lequel ils déménagent en Grèce alors que Katja se lance dans un voyage farfelu. quête de vengeance.

Société de production : Bombero International, Macassar Productions

Ventes internationales : The Match Factory[email protected]

Producteurs : Fatih Akin, Ann-Kristin Hofmann, Nurhan Sekerci-Porst, Herman Weigel

Scénario : Fatih Akin, Hark Bohm

Photographie : Rainer Klausmann

Editeur : Andrew Bird

Conception et réalisation : Tamo Kunz

Musique : Josh Homme

Acteurs principaux : Diane Kruger, Denis Moschitto, Johannes Krisch, Ulrich Tukur, Samia Chancrin, Numan Acar