Écrans'entretient avec les distributeurs britanniques qui distribuent régulièrement des titres noirs et africains, sur leurs prochaines sorties, les défis de distribution et si l'industrie utilise suffisamment ce contenu.
Lors de la conférence d'exposition au Royaume-Uni Distributor Slate Days en septembre, Dapo Oshiyemi de Talking Drum Entertainment ? un distributeur axé sur le contenu noir et africain ? a déclaré à la salle que la population noire du Royaume-Uni était « mal desservie » ? au box-office.
"Ils jouent un match avec neuf joueurs sur 11", C’est ainsi qu’Oshiyemi a fait référence à une industrie qui, selon lui, n’en fait pas assez pour utiliser le contenu noir et africain. Et alors que l’industrie tente désespérément de récupérer ses chiffres d’avant la pandémie (Le box-office britannique est actuellement 25 % inférieur à celui de 2019.), il manque une astuce ?
Aya Films est l'un des principaux distributeurs britanniques de cinéma africain et a sorti le film Cannes 2021 Critics? de Khadar Ayderus Ahmed. Titre de la semaineLe fossoyeur?la femmele 21 octobre. Il s'agit du premier film en langue somalienne à sortir au Royaume-Uni et était réservé dans 54 cinémas au moment de l'interview ? un numéro que Carmen Thompson chez Aya dit est une « boule de neige » ? au quotidien.
L'?anticipation? La participation de la communauté somalienne et au-delà autour du film est un indicateur clair de l'appétit pour le contenu noir et africain au Royaume-Uni, selon Thompson. « Le problème est de savoir comment ce contenu parvient au public, car la demande est bel et bien là et le contenu est créé. On nous envoie des trucs tout le temps? dit Thompson.
Alors, qu’est-ce qui ne va pas exactement dans le pipeline ? Pour commencer, il existe une tendance à regrouper tous les contenus noirs et africains, ce qui conduit souvent à une portée d’exposition limitée. C'est quelque chose que Thompson, qui travaille chez Aya aux côtés de la fondatrice Justine Atkinson, a été confronté à plusieurs reprises en essayant de programmer des films.
« Peut-être que [les exposants] pensent qu'ils en ont un « noir » ? film déjà dans le calendrier, il n'y a pas de place pour d'autres, mais ils ne voient pas qu'il s'agit de publics différents et de parcours différents. souligne Thompson. « Ils doivent accorder davantage de confiance à la distribution.
?Licorne? publics
C'est un sentiment partagé par Isra Al Kassi de TAPE - un collectif populaire pour le cinéma de femmes de couleur qui s'est récemment étendu à la distribution - qui affirme que l'industrie ne comprend toujours pas très bien comment traiter la diversité au cinéma.
« La façon dont nous parlons de la diversité des publics est tout à fait différente » dit-elle. « Surtout s'il s'agit d'une majorité mondiale, de femmes ou d'un public queer, nous traitons ce public comme s'il s'agissait d'une licorne que nous devons amener au cinéma. Mais il existe une manière beaucoup plus naturelle et sans effort de le faire.
Pour Al Kassi et sa co-fondatrice Angela Moneke, qui s'identifient comme femmes de couleur, il s'agit de pouvoir s'identifier aux histoires qu'elles diffusent d'une manière qui permette une vision plus « consciente » de leur identité. approche de la façon dont le film trouve son public.
Leur premier titre de distributionCette Maison(traduction : Cette Maison), Miryam Charles ? Le documentaire expérimental haïtien en langue française, qui a eu sa première mondiale à Berlin, sortira le 4 novembre dans 20 cinémas du Royaume-Uni. Il s'agit d'un nombre intentionnellement petit afin que TAPE puisse cibler les communautés appropriées et organiser des conversations et des événements autour d'elles.
« Depuis le début, nos intérêts ont été d'avoir une plus grande concentration et un plus grand impact » dit Al Kassi. « C'est ce dont notre industrie a vraiment besoin en ce moment. Le genre d’impact qui va avoir un soutien continu au cinéma.
Plus près de chez nous
Mais qu’en est-il du cinéma noir britannique au box-office ? Chez Talking Drum, la prochaine sortie d'Oshiyemi sera une comédie noire britannique intituléeIl?s La noirceur.Il s'agit du premier film de l'acteur anglo-nigérian Hakeem Kae-Kazim (Starz'sLiaisons dangereuses) et a été écrit et produit par Oshiyemi lui-même.
Oshiyemi suggère que les films noirs britanniques n'attirent pas le marché mondial de la même manière que les films afro-américains. "Ce que les cinéastes noirs britanniques doivent comprendre, c'est qu'ils ne peuvent pas continuer à créer des produits qui ne parlent qu'à leur propre peuple", a-t-il ajouté. dit Oshiyemi. "Il doit s'adresser à l'ensemble de la communauté noire mondiale de la même manière que le font les films afro-américains."
La comparaison est délicate. Le film noir britannique le plus réussi à ce jour est Rapman's 2019.Histoire bleuequi a rapporté 4,5 millions de livres sterling au box-office. Le long métrage américain de Jordan PeeleNousest également sorti en 2019 et a rapporté plus du double de celui du Royaume-Uni (10,1 millions de livres sterling) – mais avec un budget plus important, une puissance de star et le succès phénoménal deSortirsur lequel monter.
Il?s La noirceur, dont la sortie est prévue pour l'été 2023, suit deux récents diplômés qui luttent pour composer avec le racisme structurel au Royaume-Uni et met en vedette deux stars nigérianes, Kalu Ikeagwu et Marcy Dolapo Oni, comme parents. Ce choix de casting est l'une des mesures prises par Oshiyemi pour attirer ce marché mondial et sera une force motrice importante de sa stratégie de distribution.
Il existe de solides arguments en faveur de la distribution de davantage de contenus noirs et africains dans les cinémas britanniques, afin de diversifier le public et, en retour, d'apporter des avantages financiers. Comme le note Al Kassi à propos du succès des projections précédentes de TAPE : « Les réponses que nous avons eues ont été incroyables. Beaucoup de gens se sentent enfin vus, représentés. Ils mouraient d'envie de voir quelque chose comme ça et ne savaient pas comment y accéder auparavant. Espérons que ce soit le cas maintenant.
