Le cinéaste montréalais Pascal Plante?sChambres rougesfait ses premières mondialescette semaine dans le cadre du concours Crystal Globe de Karlovy Vary. Il sera ensuite projeté en première nord-américaine le 20 juillet en ouverture du Festival du film Fantasia.
Décrit comme un « film anti-tueur en série »,Chambres rougessuit Kelly-Anne, interprétée par Juliette Gariépy, qui assiste religieusement tous les jours au procès du tueur en série accusé Ludovic Chevalier (Maxwell McCabe-Lokos). Il devient vite clair que son obsession pour Chevalier est liée à son style de vie solitaire et ? parce qu'elle passe plus de temps dans la salle d'audience avec les familles des victimes ? les murs de la réalité commencent à s'effondrer autour d'elle.
Le film est produit par Nemesis Films de Montréal. Les ventes sont gérées par la nouvelle branche de ventes internationales du distributeur québécois H264 après la cessation des activités de l'agent commercial d'origine Sphere.
Plante a fait son premier long métrage avec une romance punkFaux tatouagesprojeté à la Berlinale en 2018 dans la section Generation 14plus. Son deuxième effort, le film sportifNadia, papillonjoué en Sélection Officielle de l'édition 2020 de Cannes.
Vous avez décrit Red Rooms comme étant motivé par l’angoisse pandémique ?
Comme la plupart des gens, j’ai connu des épisodes dépressifs tout au long de 2020-2021. A l'époque où je venais de terminer mon précédent long métrage ?Nadia, papillon? mais je n'ai pu le partager avec personne pendant plusieurs mois à cause de la pandémie. Par pure évasion, j'avais commencé à regarder des films en frénésie, au point où je commençais à être un peu insensibilisé à certains contenus. J'ai été au courant du phénomène des « groupies tueuses en série » ? depuis un moment maintenant. Mon producteur Dominique Dussault et moi avions le pressentiment que cela pourrait être un angle de vue intéressant pour une histoire, mais cela ne s'est concrétisé qu'une fois que j'ai intégré le thème de la « cybercriminalité ». aspect de celui-ci.
Vous qualifiez également le film d'"anti tueur en série" film. Étiez-vous fan du genre avant de réaliser le film ?
Je suis un cinéphile aux goûts éclectiques. J'aime un bon thriller/film d'horreur de temps en temps, mais je n'en ai pas forcément envie. Quand je le fais, je suis bien plus attiré par Michael Haneke que, disons, par Eli Roth. Pendant la Covid, cependant, je me suis retrouvé de plus en plus attiré par les films de genre plus exploiteurs, ainsi que par le « vrai crime » ? documentaires. Après avoir regardé des heures de contenu mettant en vedette Ted Bundy, je me sentais toujours épuisé. Ce voyeurisme ressemblait à du vampirisme. Cela a confirmé ce que mon producteur et moi soupçonnions : qu'il y a principalement deux côtés dans ces histoires policières racontées : soit le côté du tueur, soit le côté de la police, mais jamais celui du spectateur. Cela semblait être un nouveau point de vue pour aborder le genre.
Quelle approche avez-vous adoptée avec le film ?
Le film démarre vraiment « à froid » ? dans un souci de réalisme ? mais s'enroule de plus en plus dans un territoire fantastique. Kelly-Anne est une vraie geek : elle s'intéresse à l'art médiéval, au cosplay, au hacking ? elle aime probablement aussi les films d'horreur. Il semblait juste d'être plus expressionniste visuellement et sonore à mesure que le film se développe et que l'état d'esprit de Kelly-Anne devient plus instable.
Le film laisse encore place à une lueur d’espoir ?
Je l'espère! Même si le film est assez sombre, il n’a rien de sadique. Je ne sais pas si le film va choquer certains spectateurs mais mon objectif n’a jamais été de choquer mais plutôt de soulever des questions et de susciter des discussions.
Comment s’est passée la collecte du financement pour le film ?
Au Québec, nous pouvons bénéficier d'un solide financement provincial (par l'intermédiaire de la Sodec) ainsi que du financement fédéral (par l'intermédiaire de Téléfilm Canada). L'élan généré parNadia, papillonLa sélection officielle de Cannes a dû aider : nous avons eu le feu vert dès notre première candidature, ce qui est assez rare. Même si j'étais fier du scénario deChambres rouges, il n'y avait toujours aucune garantie que les institutions gouvernementales s'y lanceraient, car il y a généralement un angle mort pour les projets axés sur le genre, même si cela est en train de changer lentement ces jours-ci.
L'agent de vente original du film, Sphere Films International, a cessé ses activités il y a quelques semaines, vous laissant sans agent commercial pour le film. Comment cela a-t-il affecté les choses ?
Anick Poirier et Lorne Price de Sphere Films International sont ceux qui ont initialement lancé le parcours international de Red Rooms ; ils nous accompagnent depuis le tout début et ils nous ont également accompagnés dans les hauts et les bas de notre précédent long métrage. C’était donc un peu émouvant de les voir partir. Mais ma productrice Dominique Dussault a fait des heures supplémentaires. Le distributeur et agrégateur québécois H264 vient de lancer une division de ventes internationales et s'occupera de notre film. C'est passionnant de voir H264 grandir et évoluer au fil des années, et nous nous sentons entre de très bonnes mains avec Jean-Christophe J. Lamontagne et son équipe alors que nous nous dirigeons vers notre première mondiale.
Sur quels projets allez-vous travailler ensuite ?
Il existe effectivement un scénario, co-écrit avec Dominique Dussault, qui est presque terminé. C'est un film d'époque qui se déroule principalement sur un bateau entre la France et le Québec. Un conte de survie d'horreur folklorique dirigé par des femmes. Il semble que la pandémie ait fait de moi un cinéaste de genre plus qu’au départ !