
Dans ce qui est peut-être la pire explosion CGI que j'ai vue de mémoire récente, le cinquième épisode deLe sympathisantcommence par un boom. La détonation prévue sur le tournage deLe Hameau, qui rappelle le bombardement déchirant de l'aérodrome de la première, blesse grièvement le capitaine, qui a été transporté d'urgence à l'hôpital avec un grave traumatisme crânien et des brûlures au deuxième degré. Un barrage de souvenirs d'enfance surgit de cette stupeur : l'horrible serment de sang que Man, Bon et le capitaine ont prêté lorsqu'ils étaient enfants ; la rencontre moins horrible avec la tête d'un soldat vietcong mort ; bagarres dans la cour d'école; le capitaine se vante qu'être métis signifie qu'il est « deux fois de tout ». Les événements à partir d'ici, d'après le récit du capitaine (oui, il est toujours emprisonné, racontant son histoire à ce commandant nord-vietnamien), deviennent un peu flous. Il lui faut quelques semaines pour récupérer avec Bon à son chevet. Il se souvient à nouveau des choses légèrement dans le désordre.
Les protections juridiques pour les travailleurs du divertissement étaient apparemment faibles dans les années 1970, même si, dans l'une des scènes les plus humoristiques de l'épisode, le capitaine alité parvient à négocier 15 000 $ en espèces pour une indemnisation pour blessure et des excuses personnelles deHamletle réalisateur Niko Damianos – « ce connard [qui] l’a vraiment foutu en l’air », selon Bon. Le capitaine avait sans le savoir laissé 5 000 $ supplémentaires sur la table de négociation, mais cet argent ne l'intéresse pas vraiment. Il recherche une action réparatrice au lieu d'excuses : il veut que Damianos conserve toutes les répliques vietnamiennes dans le film. Damianos atteste qu’il a peu de contrôle sur « le mystère sacré du processus de montage ». (Ha, pareil !) Qui sait si l’explosion de plusieurs millions de dollars parviendra même à se produire ? Damianos, à tout le moins, promet d'essayer, mais « le montage ne consiste pas à clarifier l'histoire ou à marteler le thème », dit-il. C'est l'un des meilleurs riffs d'improvisation de RDJ : sobre et intense avec une oreille pleine de philosophie de film-bro. Le montage concerne « le rythme, l’impulsion, le sexe ». C'est comme le jazz.
Après le détour satirique de « Give Us Some Good Lines » – qui, comme je le maintiens, était un trébuchement sans humour entre la parodie et le mélodrame, inefficace pour transmettre aux téléspectateurs contemporains quelque chose de nouveau ou de perspicace sur les pratiques d'exploitation culturelle d'Hollywood – le capitaine rentre chez lui dans un endroit différent. des changements choquants : le général a des plans illusoires pour récupérer la patrie ; Mme Mori a évolué et sort avec Sonny ; et Lana est devenue uneParis la nuit-styleartiste de cabaret, chantant sous le pseudonyme de Que Linh.
En parlant de réparations, le capitaine décide de donner ses 15 000 $ à la veuve du major, qui, à son tour, lui demande de les reverser à la cause révolutionnaire du général. Sa tentative de générosité se retourne contre lui car il n’y a aucune issue au dilemme. Il doit remettre de l'argent au généraletadmettre qu'il voulait soutenir la famille de l'homme qu'il a assassiné. L'épouse du major ne croit pas que son mari soit mort dans une attaque aléatoire à motivation raciste, avouant : « Je suis certaine qu'il a été tué pour avoir été impliqué dans le plan du général. » A travers cette conversation, le Capitaine apprend que Madame a ouvert un restaurant lors de son départ, qui sert de façade officieuse aux activités du Général. C'est en fait un secret de polichinelle, comme le plaisante le général : « Notre peuple garde mieux ses maîtresses que ses secrets. » Le général est superbe dans ce mode mafieux (le costume de son personnage dans cet épisode est tout aussi stellaire), bien que sa paranoïa semble s'être adoucie en une détermination volontaire.
Au restaurant, le capitaine rencontre Sonny, qui est peut-être son allié idéologique le plus proche en Amérique. Sonny pense que la mission de remise en état du général est une impasse, ce avec quoi le capitaine est secrètement d'accord, mais le capitaine n'accorde pas à son ancien rival la satisfaction de l'amabilité, encore moins d'accord. Ce n'est que plus tard, lorsqu'il arrive chez Mme Mori, qu'il se rend compte qu'elle voit Sonny. Pour sa défense, Mme Mori n'a pas eu de nouvelles du capitaine depuis six mois. Les trois s'assoient maladroitement pour avoir une conversation sur l'héritage japonais et la famille de Mme Mori, seulement pour que le capitaine attire l'attention sur sa querelle unilatérale avec Sonny. Il n'est pas surprenant que Sonny mette autant le capitaine en colère. Pendant des années, le capitaine a déguisé sa politique pour la plus grande cause révolutionnaire, alors que, pour lui, Sonny n'était qu'aboiement et ne mordait pas. Il n’est jamais retourné au Vietnam pour mettre à profit son éducation américaine au profit des communistes. Il est resté en Amérique, à l’abri de la violence idéologique de son pays natal. Le capitaine rejette Sonny pour n'avoir jamais eu à mettre sa vie ou son identité en jeu. Mme Mori intervient brièvement pour dire que Sonny est américain. « Sa maison est ici à Los Angeles. Son peuple est ici aussi. Des réfugiés comme vous », dit-elle au capitaine.
C'est une dissonance difficile à concilier pour eux deux : le capitaine se débat avec son américanité tandis que Sonny se débat avec son détachement matériel du Vietnam, qu'il essaie de rattraper avec son journal de gauche. Sonny admet qu'il est « un lâche et un hypocrite », qui est moins vietnamien que le capitaine, ce qui amène Mme Mori à prétendre qu'elle est encore pire que Sonny dans cette hiérarchie d'hypocrisie. Le capitaine, voyant enfin l'amour de Mme Mori pour Sonny, réalise la futilité de telles comparaisons. Il est amer d'avoir perdu l'affection d'une femme au profit d'un rival, mais il sait qu'il ne vaut pas mieux que Sonny plus il reste longtemps en Amérique. Il est distrait de ses devoirs révolutionnaires et il s'y livre. Il est devenu complice en tant que réfugié dans un pays qu'il prétend détester.
Pour aggraver les choses, le capitaine est en retard dans sa correspondance avec Man. L'homme est devenu un mystère encore plus grand dans la seconde moitié de la série. Le commandant nord-vietnamien dit au capitaine qu'il n'a pas été en mesure d'identifier son maître, ce qui jette le doute sur l'existence même de l'Homme. Depuis qu'il a quitté le Vietnam, toutes les « conversations » entre le capitaine et Man sont imaginées, un fait rendu plus explicite lorsque Man « se présente » à l'une des performances de Lana.
«Je n'ai pas eu de vos nouvelles», dit Man. "J'étais inquiet." Une autre façon d'interpréter cette conversation est celle d'un dialogue entre les personnalités contradictoires du capitaine : l'homme est un produit imaginaire de son ego communiste, qui le tient sous contrôle et s'engage dans la cause. Man affirme la conviction du capitaine qu'il « joue un rôle important » en Amérique, même s'il rejette le « fantasme défaitiste pathétique » du général. Quelle que soit la nature de la conversation, c'est un signal d'alarme pour le capitaine. Il décide de jouertripleragent en envoyant secrètement à Sonny des photos des plans du général.
Un jour, alors qu'il envoie une lettre à sa « tante parisienne », Claude apparaît à l'improviste (encore !) pour remettre au Capitaine la dernière nouvelle.Viet Mon Baojournal et discuterLe Hameau. Il est impératif de « garder un œil sur ces types d'artistes », dit Claude, qui ont besoin « d'être rassurés sur leur caractère subversif… tant que [la CIA] peut les maintenir dans les limites de l'humanisme mais sans idéologie politique exploitable ». C’est un résumé cinglant de ce qui ne va pas dans les industries culturelles aujourd’hui. (Maintenant, si seulement les artistes pouvaient prononcer le même discours lucide sur ce dont l'humanisme libéral détourne l'attention…) Claude est une digression mineure, juste après le flirt lent du capitaine avec Lana. Il visite sa loge après plusieurs spectacles, et ils discutent brièvement de sa rupture. Lana plaisante en disant que le capitaine l'espionne, mais avant que les choses n'aillent trop loin, Bon fait irruption pour convoquer le capitaine au nom du général.
Leur dynamique a changé. Le capitaine ne semble plus être le commandant en second de confiance et il est tenu à l'écart des opérations naissantes du général. L'article de Sonny dansViet Mon Baocritique la mission intérieure du général et ne fait que l'encourager à accélérer les plans. Le capitaine n'a pas réalisé l'étendue de la préparation du général jusqu'à ce qu'il arrive sur le terrain d'entraînement et repère Bon menant les troupes. Son expression d'incrédulité abasourdie est mêlée de trahison – la première, comme nous pouvons le supposer, de deux trahisons de la part de ses frères de sang. Mais est-ce une vraie trahison si le capitaine trompait Bon tout le temps ?