Photo : Andrés Kudacki/Andrés Kudacki

Bien qu'il soit né à Lawrence, dans le Massachusetts, Leonard Bernstein a toujours été un New-Yorkais, de sa première cigarette du matin jusqu'à son dernier jour de mort. Plus de 30 ans après sa mort, il se promène dans Central Park en la personne deBradley Cooper, qui le joue dans le prochain filmMaestro. Ce terme évoque un mandarin européen distant, mais Bernstein a inventé un personnage qui existait à peine auparavant : le chef d'orchestre américain – pieux, possédé, profane, politique, histrionique et défensif.

Il était surtout connu pour avoir composéHistoire du côté ouest, pour mener à bienPhilharmonique de New York, et pourconférenceles enfants sur la forme sonate à la télévision, mais rien de tout cela n'était la clé de sa célébrité. Personnalité publique dès son plus jeune âge, il a porté la vedette avec une aisance décontractée. Il était cool, avec l'allure masculine d'une star de cinéma des années 50. Il portait des vêtements ordinaires comme des costumes : des manches de chemise retroussées dans sa jeunesse, des cols roulés dans sa cinquantaine léonine. Comme le suggèrent les photos prises sur le plateau, Bernstein et sa femme, Felicia Montealegre (jouée parCarey Mulligan), habillée pour une promenade dans le parc comme pour une séance photo.

Il avait aussi chaud. Bernstein gérait ses passions pour gagner sa vie – celles des interprètes, des compositeurs, les siennes – et il voulait que le monde sache que c'était un métier intense. Il semblait toujours échevelé et fatigué du combat, comme si être Lenny était une épreuve d'endurance incessante. Les performances qu'il dirigeait, pleines de caractère et de punch, étaient des extensions de sa personnalité, le numen qu'il répandait sur l'orchestre chaque fois qu'il montait sur le podium. Mais il pouvait aussi être un chef d'orchestre exagéré, se livrant à des interprétations extrêmes comme il se livrait à des quantités prodigieuses de cigarettes, d'alcool, de Dexedrine et de sexe. Il ralentissait un tempo jusqu'à ce que la partition se dissolve ou l'augmentait de sorte que les musiciens pouvaient à peine suivre le rythme. Il invoque des coups de masse et des pauses clownesques, comme si chaque mesure contenait une crevasse cachée et que l'esprit du compositeur pouvait surgir de part en part.

Je ne suis pas sûr d'envier à Cooper (qui réalise le film et co-écrit le scénario) la tâche d'entrer dans cet esprit mitraillé par la tempête ou de donner libre cours aux complexités de Bernstein. Il devra équilibrer la générosité et la méchanceté, le narcissisme et la vulgarité raffinée, le magnétisme et la répulsion, l'énergie qui a survécu à tout le monde jusqu'à ce qu'il s'effondre dans un tas de dépression.Maestrodevra également naviguer dans l'adoration qui l'entourait au cours de sa vie et les histoires racontées par ceux qui l'aimaient mais qui souffraient de ses penchants les plus porcins. (Sa fille Jamie, par exemple : voir ses mémoires,Fille de père célèbre.)

Mulligan et Cooper font des retouches.Photo : Andrés Kudacki

Bradley Cooper sur le tournage deMaestroà Central Park.Photo : Andrés Kudacki

Sur la 108e ouest près du parc.Photo : Andrés Kudacki

Mulligan et Cooper sur le tournage deMaestroà Central Park.Photo : Andrés Kudacki

Mulligan et Cooper attirent l'attention d'un passant.Photo : Andrés Kudacki

Extras repos.Photo : Andrés Kudacki

Bradley Cooper dans le rôle de Bernstein