Novembre marquait le dixième anniversaire de la diffusion par Adult Swim deXavier : ange renégat, une émission qui s'est étalée sur deux saisons de dix épisodes et qui, pour un petit public enragé, représente toujours le couronnement d'un collectif artistique irrévérencieux.PFFR. Connu pour travailler en marge pour aider à réaliser des émissions de comédie inadaptées comme celles de truTVÀ la maison avec Amy Sedaris, PFFR libère toute sa puissance de création/réalisation pour des projets en marge de la télévision par câble : MTV2'sWonder Showzen(2015-2006), natation pour adultesLe coeur, elle crie(2011-2014) et bien sûr,Xavier. Et tandis queWonder Showzenest reconnaissable comme une comédie à sketchs etLe coeur, elle criecomme un savon satirique,Xavier : ange renégatse présente comme une perplexité de forme avec sonDeuxième vieenvironnements graphiques et protagoniste ressemblant à un sphinx.

Chaque épisode deXaviercommence par un assaut sans vergogne de diatribes philosophiques et de verbiage rempli de jeux de mots émanant d'un humanoïde à la voix de dudebrah, aux pattes de chèvre, aux bras de serpent, au bec d'oiseau et aux cheveux d'ours, qui erre comme un chaman maladroit dans un désert de dunes, de buttes généré par ordinateur, et canyons. Dans une formule grossièrement sérialisée, le narcissique Xavier déchaîne sa présence abusive sur une ville sans prétention située quelque part dans les régions inférieures de ce biome abstrait et aride, provoquant généralement une catastrophe à l'échelle de la ville (ou de la civilisation).

Même dans le contexte des efforts tordus de PFFR, le mélange de forme et de contenu de la série constitue une brillante anomalie. Comparez les deux extraits suivants deWonder ShowzenetLe coeur, elle crie:

Dans chacun d’eux, le style fortement scénarisé et enivrant de PFFR est pleinement mis en valeur. Néanmoins, aucune des deux premières émissions ne se plonge avec autant de cœur dans la soupe de sens brouillés et absurdes quiXaviernage sans effort. Le spectacle incarne un mariage magique et plutôt ineffable entre concept et exécution. (Je pourrais essayer de lancer une conspiration en semant la graine que Cinematico, le studio d'animation derrièreXavier, travaillait simultanément sur le film de Jerry SeinfeldJeu de film d'abeille pendant la production de l'émission.)

Pour le moins,Xavierest une aventure psychotrope qui vous manque, et le rare téléspectateur qui est resté fidèle à la série pendant ses deux saisons avait beaucoup à mâcher. Beaucoup, comme levlogueur derrière les projets Malmrose, ont pris plaisir à disséquer l'ensemble des symboles syncrétisés de la série, avec des conclusions du type «Xavierreprésente le point culminant de tout ce qui ne va pas dans la culture occidentale pluraliste et libérale.Cependant, cet article ne vise pas à analyser les symboles et les références, mais plutôt à revisiter l'expérience de la comédie traumatique de type PFFR – la « tragédie », si vous voulez – dix ans plus tard. L'homme animal abrasif et altruiste nommé Xavier livre des soliloques rapides et éclairs superposés à des triples sens et des blagues sexuelles régressives. Les mouvements et coupes frénétiques de la caméra informatisée, ainsi que la métamorphose des personnages et des décors, sont de mèche avec le feu de lignes de Xavier, qui se transforme en un bélier sensoriel.Xavierest, à un certain niveau, une comédie d'assaut, une explosion de jeux de mots et un ridicule d'images que le spectateur moyen ne peut comprendre que fragmentairement. (Essayez simplement de vous rappeler les subtilités de l'intrigue d'un épisode directement après l'avoir visionné.)

Un autre niveau de traumatisme de la série est l'abondance d'images plus que politiquement incorrectes et mentalement choquantes, de contorsions corporelles inquiétantes et d'abus psychologiques : dans un épisode, Xavier dessine un visage noir sur un enfant démoniaque (au crayon) pour guérir un couple noir en deuil. ; dans une autre, il vole et porte la peau d'un mari décédé pour se fondre dans une famille de banlieue ; dans un autre encore, il se retrouve coincé dans une position de manœuvre de Heimlich à l'envers, cul-à-bouche, avec un chef de la mafia ethniquement multiforme. La violence et la dépravation fréquentes du contenu de la série fonctionnent comme un miroir de la violence et de la dépravation exercées chaque jour au nom de la culture néolibérale (blanche), mais s'inscrivent néanmoins comme de la violence. Revoir la série dix ans plus tard, alors que chaque intrigue transpirant ses grotesques oubliés, n’est pas sans rappeler une séance de thérapie par immersion en réalité virtuelle.

Et ce n'est qu'en acceptant les détails dignes d'être réprimés deXavierque l'on peut commencer à prendre en compte les schémas plus larges à travers les épisodes. Le fil conducteur de la première saison est la recherche par Xavier de l'assassin de son père, et celui de la deuxième saison est sa recherche de l'endroit où se trouve sa mère. Dire que PFFR amène ces deux lignes directrices à leurs conclusions œdipiennes porte atteinte à l’élégance avec laquelleXavierLes écrivains de (Vernon Chatman, John Lee, Alyson Levy, Jim Tozzi) marient un récit post-11 septembre de la tragédie de Sophocle avec l'histoire de l'éveil freudien d'un taon belliqueux et ignorant lui-même. Autrement dit, Xavier tue son père et couche avec sa mère.

Dans la boue d'amnésie culturelle qu'est la télévision, où la reconstitution d'une tragédie grecque est déjà rare, il est étrange d'apprendre queXavierLes prémisses épisodiques répétées de s'inspirent largement des premières séries téléviséesCheyenne(1955-1963) etKung-Fu(1972-1975).CheyenneL'intrigue suit un personnage solitaire, errant dans l'Ouest américain et sans parents, élevé par des Amérindiens (Xavierest montré dans des flashbacks comme étant encadré à contrecœur par un sage amérindien) qui visite une nouvelle ville avec un nouveau groupe de personnages dans chaque épisode ;Kung-Fusuit David Carradine, solitaire, errant dans l'Ouest américain et formé à Shaolin, dont les randonnées dans le désert et les enseignements du maître ShaolinXaviers'inspire explicitement de ses séquences d'introduction et de ses flashbacks. Ajoutez à ces racines que les épisodes récoltent régulièrement la lie des tropes télés idiots (Copains du seinet des offres spéciales de Noël génériques dans le cas de« Devenir normal »), etXaviercommence à ressembler à une satire pas si subtile de l’ensemble du médium. PFFR termine un épisode avec un écran « brisé » et une phrase de Xavier : « Votre télévision vient de chier… merde » – un double envoi de télévision etXavier.

XavierLa confiance en soi de la télévision dans son propre contexte historique s'oppose radicalement au brouillard de l'histoire de la télévision. Pour une série dont l'arc narratif se développe et se résout carrément en vingt brefs épisodes, la décision de s'appuyer largement sur la structure de feuilletons interminables pourrait être lue comme unréduction à l'absurdede l'idée du spectacle sérialisé, illustration de l'absurdité d'une série qui crachera toujours un nouvel épisode pour nous distraire chaque semaine. Néanmoins, la forme junky et répétée de « Xavier arrive dans une autre ville et le chaos s’ensuit » incite les téléspectateurs à revenir tandis qu’une intrigue œdipienne plus profonde se cache dans les bas-fonds. C’est là que réside le paradoxe ricanant de la relation tendue de PFFR avec la télévision en tant que média de masse et de sa place appropriée dans le roster Adult Swim, dont le slogan dès le début aurait très bien pu être « Une métacritique de minuit de la culture de masse ».

Alors qu'est-ce que toute cette réconciliation avec les recoins cachés deXaviernous apprends-tu ? Facile. Ne tuez pas votre père et ne couchez pas avec votre mère – un rappel vif du passé ancien pour tous ces potentiels Weinstein entre les mains desquels repose l'avenir de notre civilisation en déclin. (Ou peut-être que ce n’est pas si facile, de la même manière qu’une missive mal intentionnée contre les folies génocidaires de la culture impérialiste américaine libérale blanche n’est pas facile. Combien de personnes sont prêtes à avaler des pilules aussi grosses ?)

Oh, et Xavier dit que tu devrais éteindre ta télévision quand tu en as l'occasion… (en 2017, cela veut dire ton téléphone, ton ordinateur)…

…d'accord, donc en gros, vous devriez simplement jeter un œil àXavier, ou un deuxième regard…c'est gratuit, tu es fou.

Max Carpenter est un programmeur de films, écrivain et constructeur de mots croisés basé à Brooklyn. Sa présence en ligne se limite à Twitter et au courrier électronique. Vous pouvez avoir le sienGazouillementet si tu es vraiment chanceux, tu pourrais avoir le siene-mail.

Revisiter « Xavier : Renegade Angel », un film du 21e siècle […]