« Le dernier duel ? : Revue de Venise

Réal. Ridley Scott. NOUS. 2021. 152 minutes

GladiateuretRashomonse heurtent de manière tonitruante dans l'épopée médiévale de Ridley ScottLe dernier duel, une arme lourde sur deux soldats aux mâchoires serrées (Matt Damon, Adam Driver) et la femme (Jodie Comer) pour laquelle ils se battent pour la propriété. Chacun reçoit un chapitre dans lequel les événements menant à une lutte publique pour le- la mort est présentée ; le dernier est intitulé « la vérité ». Damon et Affleck en ont écrit un troisième chacun, Nicole Holofcener contribuant au dernier volet du point de vue féminin. Qu'il s'agisse du poids de la répétition narrative - qui implique de revoir un viol brutal - ou de la perspective deux hommes/une femme, qui se traduit par un personnage souscrit et une performance tendue de Comer,Le dernier duelest écrasé par le poids de sa propre armure.

Il se rapproche davantage de celui de Scott.Gladiateuravec son iconographie guerrière et son duel à mort, tout en manquant du cœur de ce film primé

Violent et sanguinaire dans ses représentations de batailles médiévales,Le dernier duelclôture le festival du film de Venise, avec un prix spécial (? gloire au cinéaste) décerné au réalisateur Ridley Scott. C'est un film hyper masculin - tout en métal et sauvagerie - avec des noms marquants dans Damon, Driver et Affleck, qui incarne un écuyer libertin blond décoloré. Sorti via Disney, le film visera un public d'action pur et dur afin d'éviter les avis mitigés et ce qui sera sans aucun doute un manque d'enthousiasme évident de la part des cinéphiles. Même avec leRashomonstructure, il se rapproche davantage de celui de ScottGladiateuravec son iconographie guerrière et son duel à mort, tout en manquant du cœur de ce film primé.

Damon est bourru et dangereux dans le rôle du soldat normand Jean de Carrouges, un homme silex et taciturne qui est un combattant puissant et un éventuel ennemi du favori de la cour et parvenu Jacques Le Gris (Driver). On les voit au tout début du film enfiler leur armure et se préparer à des joutes à mort sous les yeux de l'adolescent roi de France, Charles VI (Alex Lawther). Pendant ce temps, Marguerite de Carrouges (Comer) s'habille en noir et grimpe sur un bûcher dans cet espace public tandis que les citoyens de Paris amplifiés en CGI se moquent.

Retour sur 16 années - de 1386 à 1370 - où de Carrouges et Le Gris sont compagnons d'armes au siège de Limoges. Une relation qui va fortement se dégrader lorsque Le Gris devient le favori de Pierre D'Alençon, le cousin du roi, incarné par Affleck dans le rôle d'un louche à l'accent anglais drapé de brocart d'or qui se livre à des orgies avec Le Gris et utilise le mot ?Putain? beaucoup, ce qui est un peu choquant pour une pièce du 14ème siècle se déroulant en France. Le Gris, quant à lui, incarné par un Adam Driver maussade, a beau plaire aux dames, il manque d'une certaine finesse en matière de séduction.

Sans narration en voix off (comment pourriez-vous insérer un mot sur la musique interminable des moines médiévaux ?), l'histoire est présentée sous trois points de vue et chacun comporte des lacunes dans l'intrigue qui seront comblées par le suivant. Mais cette approche présente d'énormes problèmes structurels – la répétition, l'inévitabilité après le premier récit – que Scott et ses trois scénaristes et cinq producteurs ne peuvent pas compenser. Peut-être s'agit-il des épées et des armures, ou des (excellents) effets sonores, du sang suintant au cliquetis des armes, ou peut-être même de la vue de chevaux dégringolant et tombant, mais cela finit par devenir excessivement plombé et aux yeux morts. Il y a aussi le sentiment incontournable qu'il s'agit de deux hommes peu aimables et aux postures (voir la scène où le gant est jeté et accepté) et d'une femme impuissante qui est un bien mobilier (? C'est un crime contre les biens et vous êtes son propriétaire). ?). Les tentatives visant à rétablir l'équilibre et à donner une pertinence moderne à MeToo dans le troisième acte ne fonctionnent tout simplement pas, que ce soit parce qu'elles arrivent trop tard - le film dure 152 minutes au total - ou parce qu'elles manquent du sentiment de surprise que pourraient avoir les cinéastes. anticipé.

Stylistiquement,Le dernier dueljoue sur les points forts de Scott. Neige, flocons dérivants, séquences de combat au ralenti à 360 degrés avec son surround, images de drones - tous ces éléments en font un ensemble musclé. Tourné en Irlande et en France, avant et après le confinement,Le dernier duelest basé sur une histoire vraie, c'est certain. Et cette bataille à mort a été le dernier duel judiciaire en France, c'est vrai aussi. Que de telles querelles déprimantes aient vraiment besoin d'être commémorées dans un film est une toute autre question, à moins que ce ne soit pour provoquer la gratitude que, peu importe à quel point nous pensons que les choses vont maintenant, le monde a définitivement évolué.