Réal/scr : Nimrod Eldar. Israël, France. 2018. 95 minutes
Le lien effiloché entre un père et sa fille adolescente menace de se briser complètement.Le lendemain de mon départ.Le premier long métrage du scénariste/réalisateur Nimrod Eldar est une exploration réfléchie et émouvante d'une relation parent/enfant troublée, mais son sentiment de retenue et son rythme invariable peuvent entraver sa progression d'une exposition ultérieure au festival à une vie après la mort commerciale. Lauréat du prix Cinelink pour Work In Progress au Festival du film de Sarajevo et d'un Sam Spiegel Alumni Award,Le lendemain de mon départconfirme encore Eldar comme un talent prometteur avec une compréhension subtile du comportement et des émotions.
Le sujet pourrait facilement se prêter à la sentimentalité, mais Eldar évite de manière louable toute évolution vers le mièvrerie.
Yoram (Menashe Noy) est un vétérinaire d'âge moyen vivant à Tel Aviv avec sa fille Roni (Zohar Meidan), 17 ans. Il pense qu'elle a atteint « l'âge de l'ingratitude » et traite leur manque de communication significative comme une fatalité de l'adolescence. Ils échangent à peine un mot et il semble que la seule façon pour eux de continuer à vivre ensemble est d'avoir le moins de contacts possible. Lorsque Roni disparaît, Yoram attend quelques jours avant même de le signaler à la police, convaincu qu'elle reviendra tout simplement.
Eldar capture bien l'indifférence étudiée de leurs interactions, car aucun des deux ne montre la moindre volonté de briser le cycle de leur comportement. Yoram trouve plus facile de lui envoyer un SMS pour lui dire que le dîner est prêt plutôt que d'aller dans la pièce voisine et de lui dire. Roni ne dit jamais où elle était lorsqu'elle rentre chez elle la nuit tombée.
La tentative de suicide de Roni et l'implication d'autres membres de la famille ouvrent l'histoire mais entraînent également une perte de concentration. On apprend que le père et la fille sont isolés dans le chagrin suite à la mort de la mère de Roni. Roni elle-même reste une figure insaisissable. C'est peut-être une décision délibérée que nous en sachions aussi peu sur elle que sur son père, mais cela laisse le personnage sous-développé.
Yoram de Menashe Noy a l'air de quelqu'un en permanence exaspéré par le monde. Le silence grincheux et le ressentiment latent sont ses mécanismes d'adaptation. Le Roni de Zohar Meidan est comme une blessure ambulante. Les regards sinistres et les mots avalés des acteurs donnent l’impression de deux personnes désespérées d’avoir quelqu’un pour les aider à abattre le mur qui les sépare.
Le sujet pourrait facilement se prêter à la sentimentalité, mais Eldar évite de manière louable toute évolution vers le mièvre. Il maintient les événements ancrés et crédibles, rendant le moindre changement vers une compréhension mutuelle d’autant plus émouvant. Il montre également un sens de l'emplacement et des fioritures visuelles révélatrices. Yoram travaille dans une réserve naturelle et se précipite au théâtre pour opérer un léopard. La visite familiale se déroule dans une communauté désertique autour de la mer Morte, devenue presque une ville fantôme à cause d'un vaste gouffre. Un champ de foire visible depuis l'appartement de Yoram lui permet de se perdre dans une contemplation rêveuse des néons, de la grande roue tourbillonnante et des attractions scintillantes.
La conception sonore accentue constamment le bruit des événements hors caméra, depuis un match de football jusqu'aux foules foraines, pleines d'agitation et de vie qui sont toujours juste hors de portée de Yoram et Roni.
Sociétés de production : Spiro Films, United King Films
Ventes internationales : Luxbox Films[email protected]
Producteurs : Eitan Mansuri, Moshe Edery, Leon Edery, Nimord Eldar, Jonathan Doweck
Photographie : Italie Marom
Conception et réalisation : John Yonatan Jacoby
Editeur : Nimrod Eldar
Acteurs principaux : Menashe Noy, Zohar Meidan, Alon Neuman, Sarit Vino Elad