« Saint Omer ? : Revue de Venise

Le premier roman d'Alice Diop utilise un drame réel dans une salle d'audience pour remettre en question les hypothèses des médias

Réal : Alice Diop. France. 2022. 123 minutes.

Le premier long métrage de fiction de la documentariste Alice Diop est-il une œuvre puissante et personnelle ? un portrait sobre mais intrigant d'une mère monstrueuse et de la femme qui a du mal à la comprendre, qui devrait s'appuyer sur le succès critique du dernier film de Diop, le film priméNous.Il y a une combinaison de sensibilité humaine et d'agilité intellectuelle en jeu dans cette histoire d'une jeune romancière, Rama (Kayije Kagame), qui assiste au procès de Laurence (Guslagie Malanda), une femme accusée du meurtre de son fils de 15 mois. vieille fille. Laurence, immigrée sénégalaise très instruite et éloquente, avoue avoir abandonné l'enfant sur la plage, emporté par la marée montante. Cependant, la question depourquoielle l'a fait, cela semble échapper à toutes les personnes présentes au procès au tribunal de Saint-Omer, dans le nord-est de la France, y compris l'accusé.

Multicouche et complexe et noueux

Après sa première mondiale en Compétition à Venise,Saint OmerIl semble en passe de devenir un titre populaire sur le circuit des festivals avec des projections au TIFF, au New York Film Festival et au BFI London Film Festival déjà réservées. Et cela suscitera presque certainement l'intérêt des distributeurs sur le marché des voix féminines distinctives et des perspectives nouvelles sur les histoires des personnes de couleur, d'autant plus qu'il s'agit d'une œuvre si personnelle ? le film s'inspire étroitement d'un cas réel et d'un procès auquel Diop elle-même a assisté.

Diop était à la fois fasciné et repoussé par l'horreur du crime, mais il a également reconnu quelque chose chez la femme accusée, une immigrée sénégalaise nommée Fabienne Kabou. Ils avaient le même âge, la même origine ethnique. Dans le film Rama, qui ? comme Diop à l'époque ? est enceinte, joue le rôle d'observateur, traitant le procès mais agissant également comme un prisme qui dévie et fracture la présentation médiatique dominante de l'affaire. Rama commence à remettre en question ses propres hypothèses, mais plus encore celles de la presse qui couvre le procès.

À Laurence ? un personnage de fiction basé sur Kabou ? Diop nous présente une femme épineuse et complexe qui ne rentre pas dans le récit de victime qui se superpose fréquemment à la femme immigrée africaine. Diop fait astucieusement un clin d'œil à l'idée selon laquelle cette jeune femme brillante sur le plan académique, avec son français précis et ornemental, devient presque invisible une fois arrivée en France ? la palette de couleurs des boiseries de la salle d'audience, le choix du haut marron tabac de Laurence : tout s'harmonise avec sa carnation pour qu'elle semble se fondre dans le décor.

L'utilisation d'une musique acapella obsédante, parfois discordante, sur la partition souligne le fait qu'il s'agit d'une histoire de connexions humaines ? des relations qui, comme celle de Rama et de sa mère, ne sont pas toujours en harmonie. C'est un film porté par deux performances intéressantes et inattendues. Bien que son rôle soit principalement celui d’une observatrice, Rama de Kagame n’a rien de passif ? c'est une femme qui porte avec elle la sagesse et la tristesse dans chaque scène. Et Malanda apporte à Laurence un équilibre et une éloquence troublants. Il y a un moment extraordinaire et effrayant où leurs yeux se croisent à travers la salle d'audience ; il y a une étincelle de connexion et, en même temps, un rejet. Comme une grande partie du film, ce moment, qui semble simple à première vue, est en fait complexe et complexe.

Société de production : Srab Films

Ventes internationales : Wild Bunch International[email protected]

Producteurs : Toufik Ayadi, Christophe Barral

Scénario : Alice Diop, Amrita David, Marie NDiaye

Cinematography: Claire Mathon

Production design: Anna Le Mouel

Montage : Amrita David

Musique : Thibault Deboaisne

Main cast: Kayije Kagame, Guslagie Malanda, Valérie Dréville, Aurélia Petit