Réal : Emily Atef. France/Allemagne/Luxembourg/Norvège. 2022. 122 minutes
Une femme en phase terminale est déterminée à s'approprier sa mort dans ce drame franc et sensible de la réalisatrice et co-scénariste franco-iranienne primée Emily Atef (Tue-moiet3 jours à Quiberon), inspiré du combat de sa défunte mère contre le cancer. Avec de superbes rôles de Vicky Krieps et du regretté Gaspard Ulliel – dans son dernier rôle – en tant que couple confronté aux choix les plus difficiles,Plus que jamaispersuade, plutôt que de forcer, son public à regarder la mort en face, et s'avère étonnamment affirmant la vie dans le processus.
Plus que jamaisévite les pièges traditionnels du drame mélodramatique de fin de vie au soft focus pour se concentrer plutôt sur des questions plus graves et potentiellement inconfortables.
Première au Certain Regard — où Krieps impressionne également dans le rôle de l'Impératrice Elisabeth d'Autriche dans Marie KreutzerCorsage—Plus que jamaisdevrait attirer l'attention pour son haut niveau de savoir-faire des deux côtés de la caméra. Ses performances et ses panoramas époustouflants méritent le traitement sur grand écran déjà prévu dans des territoires, notamment les territoires copro en France et en Norvège, et il devrait très probablement trouver une pièce de théâtre plus loin.
A partir du moment où nous rencontrons Hélène (Krieps), 33 ans, elle est une étrangère dans sa peau. S'habillant pour un dîner, elle devient frustrée lorsqu'aucun de ses vêtements ne lui va ; là-bas, et bien qu'elle soit entre amis, elle se comporte comme un poisson hors de l'eau. (L'eau, qu'il s'agisse de la sérénité calme d'un fjord placide ou des vagues tumultueuses, est l'un des motifs clés du film). À travers la conversation guinée et l'éventuelle explosion d'Hélèn, il devient clair que personne ne sait comment faire face au fait qu'Hélène souffre d'une maladie pulmonaire qui la tuera à moins qu'un donneur ne soit trouvé pour une greffe ; quelque chose qu'Hélène n'est même pas sûre de vouloir.
Déterminer ses besoins s'avère difficile pour Hélène, car tout le monde semble avoir une opinion ; Mathieu (Ulliel), son mari bien-aimé, souhaite qu'elle survive quoi qu'il en coûte physiquement. En cherchant des réponses en ligne – « que faire quand on va mourir », tape-t-elle – Hélène tombe sur le blog d'un patient norvégien atteint d'un cancer connu sous le nom de « Monsieur » et est immédiatement frappée à la fois par son attitude pragmatique et par le magnifique paysage de son fjord. -côté maison.
Après avoir noué une amitié en ligne avec Monsieur, le seul qui semble être sur sa longueur d'onde, elle annonce à un Mathieu mécontent qu'elle partira seule en Norvège pour renouer avec elle-même ; elle a soif de silence, dit-elle, et de lumière. C'est donc comme un choc lorsqu'elle arrive en Norvège de découvrir que Monsieur, de son vrai nom Bent (acteur norvégien vétéran Bjorn Floberg) n'est pas tout à fait ce à quoi elle s'attendait, que le silence de la montagne l'assourdit et que la lumière infinie l'empêche de dormir. . Les notions romantiques peuvent être facilement écrasées, nous dit le film, même lorsque l'on est en train de mourir.
Ce réalisme désordonné est au cœur dePlus que jamais,qui évite les pièges traditionnels du drame mélodramatique de fin de vie au soft focus pour se concentrer plutôt sur des questions plus graves et potentiellement inconfortables. Pouvez-vous encore profiter des plaisirs de la vie – musique, tabac, sexe, vin – même lorsque vous êtes confronté à la fin ? Quelqu’un d’autre devrait-il avoir son mot à dire sur votre comportement ? Et, fondamentalement, est-il acceptable d’être égoïste quand on est en train de mourir ?
La première moitié du film se déroule dans le petit appartement urbain d'Hélène et Mathieu à Bordeaux ; un décor convenablement claustrophobe – bien que confortable au niveau domestique – pour les luttes d'Hélène pour réconcilier ses sentiments avec ceux des autres – en particulier Mathieu, avec qui elle partage un lien profond. (L'alchimie entre Krieps et Ulliel est palpable). Durant ces scènes, la palette de couleurs est atténuée, l'action limitée au domicile du couple, le décor sombre de l'hôpital où on lui dit que ses options sont limitées.
Pourtant, même à cette échelle réduite, on constate qu’Hélène n’est pas – refuse de l’être – définie par sa maladie. Elle s'en prend aux platitudes vides de sens, s'en prend à ceux qui la qualifieraient de courageuse, déteste que Matthieu la chagrine déjà. Les séquences clés parlent de son dynamisme obstiné, de sa colère face au fait que la maladie lui enlève ce qu'elle tenait autrefois pour acquis. Une tentative de relation sexuelle avec Matthieu se termine par un essoufflement dans le mauvais sens, frustré dans tous les sens. « Cela n'a pas d'importance », dit-il, mais elle est désemparée. Plus tard, ils assistent à un concert, se déhanchent ensemble, son masque à oxygène brillant sous les néons.
Quand Hélène part pour la Norvège, la partition de Jon Balke s'enfle, le paysage industriel laisse place à de grands ciels et des montagnes enneigées, capturées dans toute leur splendeur émouvante par le directeur de la photographie Yves Cape. Au fur et à mesure qu'Hélène s'habitue à son nouvel environnement et développe une amitié avec Bent, elle commence à bouger en phase avec les rythmes simples de la nature. Celles-ci sont capturées en détail par le concepteur sonore Nicolas Cantin, qui place également l'échelle de la respiration humaine – irrégulière, superficielle, profonde, passionnée – au centre du paysage sonore évocateur du film.
Seule en Norvège, Hélène peut simplement être dans l'instant présent, dépouillée de toute responsabilité plus large, de toute pensée douloureuse sur l'avenir. Mais quand Mathieu arrive, désespéré de convaincre sa femme de revenir se faire soigner, il devient clair que l'un d'eux doit faire un sacrifice pour l'autre.
Production company: Eaux Vives Productions SARL
Ventes internationales : The Match Factory,info@matchfactory.de
Productrice : Xénia Maingot
Scénario : Emily Atef, Lars Hubrich
Photographie : Yves Cap
Conception et réalisation : Silke Fisher
Montage : Sandie Bompar, Hansjorg Weissbrich
Musique : Jon Balke
Acteurs principaux : Vicky Krieps, Gasper Ulliel, Bjorn Floberg