"McQueen": Revue Tribeca

Le créateur de mode révolutionnaire Alexander McQueen est présenté dans ce documentaire passionnant

Réalisateurs : Ian Bonhôte, Peter Ettedgui. ROYAUME-UNI. 2018. 111 minutes

Ses amis l'appelaient Lee ; son mentor, Isabella Blow, l'a persuadé d'utiliser Alexander car cela semblait plus sophistiqué. Mais c’est le nom McQueen, emprunté pour le titre de ce documentaire, qui a fini par avoir une résonance emblématique, tant dans le monde de la mode que dans la culture contemporaine dans son ensemble. Ce film tout à fait flamboyant explore les humbles débuts de McQueen, ses inspirations, son groupe de collaborateurs soudés, son processus créatif et l'éclat violent de son travail. Comme les créations de McQueen, c'est passionnant, troublant et teinté de tragédie.

À travers des entretiens francs avec des amis et des collègues, le portrait d'un génie troublé se dessine.

L'accueil extatique réservé à Savage Beauty, l'exposition rétrospective des créations de McQueen qui a établi des records au Metropolitan Museum of Art et au V&A, suggère une fascination pour le designer britannique qui n'a fait qu'augmenter au cours des années qui ont suivi sa mort en 2010. Il est donc probable que le public de ce film ne se limitera pas au seul monde de la mode. McQueen, après tout, n’était pas qu’un simple designer. C'était un artiste d'avant-garde et un phénomène culturel pop, dont les spectacles incorporaient le théâtre et la technologie, le sexe, la mort et la folie. Bien que le film ne corresponde peut-être pas tout à fait au statut de blockbuster de Savage Beauty, il semble probable qu'il s'agisse de l'une des sorties sur le thème de la mode les plus réussies de ces dernières années.

Le film tire sa structure de chapitre d'une boutade que McQueen fait dans une vidéo personnelle décousue. Entre les deux, il campe son Cockney pour que la Haute Couture ressemble à "Oat Cootuer", il sourit à la caméra et plaisante sur "The McQueen Tapes". Les réalisateurs Ian Bonhôte et Peter Ettedgui reprennent cette idée et la mettent en pratique. Chaque ? Bande ? ou le chapitre porte le nom d'une série clé, à commencer par le spectacle explosif de McQueen, Jack l'éventreur traque ses victimes.

Potelé, ouvrier et obsédé par la musique de Sinead O'Connor, le jeune Lee McQueen n'était pas un candidat évident pour une carrière dans la mode. Mais armé d'un charme sûr de lui et d'une habitude de griffonner des robes alors qu'il aurait dû étudier à l'école, l'adolescent McQueen s'est engagé dans un apprentissage chez un tailleur de Savile Row. De là, il apprend le savoir-faire qui fait sa renommée, mais c'est un cours à Central Saint Martins, financé par les économies de sa tante Renée, qui le lance aux yeux du monde de la mode.

Ses inspirations étaient diverses. L’éducation de l’est de Londres a émergé, tordue et reconfigurée, en clin d’œil à Bedlam et à l’Éventreur. Son ascendance écossaise a été référencée dans la collection controversée Highland Rape et Widows Of Culloden, qui voyait un hologramme grandeur nature de Kate Moss suspendu au-dessus de la piste.

Le film tente de refléter la théâtralité du grand guignol des spectacles de McQueen avec, entre autres, un motif de crâne ? des images d'archives sont superposées à un crâne, des feuilles d'or provenant des os d'un animal. Des aperçus d'images accidentelles cauchemardesques rendent hommage à l'attrait macabre des penchants gothiques de McQueen.

Ce qui est plus difficile à capturer, c'est son humour. McQueen était assez heureux de se présenter devant la caméra avec des amis, mais était moins détendu dans les interviews filmées. L’homme dans une grande partie des images d’archives a un côté nerveux et prudent, plutôt que la méchanceté enjouée célébrée par ses proches.

À travers des entretiens francs avec des amis et des collègues, dont Sebastian Pons, parfois assistant de conception, des membres de la famille et Detmar Blow, le veuf d'Isabella, le portrait d'un génie troublé émerge. Et une marée de tristesse monte à mesure que le film avance et que McQueen perd deux des femmes les plus importantes de sa vie, Blow puis sa mère. La mort de sa propre main d'un McQueen épuisé et en deuil pose des questions inconfortables à une industrie de la mode vorace et inconstante qui aurait sûrement pu faire davantage pour protéger son fils non-conformiste.

Sociétés de production : Salon Pictures, Misfits Entertainment

Ventes internationales : Embankment Films [email protected]

Producteurs : Ian Bonhôte, Andee Ryder, Nick Taussig, Paul Van Carter

Scénario : Peter Ettedgui

Montage : Cinzia Baldessari

Photographie : Will Pugh

Musique : Michael Nyman

Avec : Lee Alexander McQueen, Isabella Blow, Sebastian Pons, Andrew Groves.