Anthony Bajon est un policier déterminé à démanteler un réseau pédophile belge dans la procédure policière tendue de Fabrice du Welz
Réal/scr : Fabrice du Welz. Belgique/France. 2024. 153 minutes
Maldororévoque avec vigueur les récits épiques de crime et de châtiment qui sont devenus une caractéristique de Sidney Lumet dans le cinéma américain des années 1970. Fabrice du Welz transforme des événements réels de la Belgique des années 1990 en un puzzle volumineux à plusieurs niveaux dans lequel la juste poursuite de la justice d'un policier non-conformiste le met en désaccord avec tous ceux qui lui sont chers. La tension croissante, les dilemmes moraux et les conséquences personnelles contribuent tous à un thriller propulsif et captivant qui devrait attirer un public adulte qui a adopté des titres récents commeLa nuit du 12(2022) etLes bêtes(2022).
Bajon porte le film
L'histoire d'un débutant idéaliste et de sa quête obsessionnelle est un matériau très fréquenté, mais Du Welz et la scénariste Domenica La Porta lui confèrent des saveurs distinctives avec le décor belge et un examen de la manière dont l'emprise du mal peut rester incontestée. Du Welz fournit un premier contexte avec l'information selon laquelle la Belgique de 1995 avait un système de police divisé en trois services ? Gendarmerie, Police Communale et Police Judiciaire. Les tensions et rivalités entre les différentes organisations ont conduit à un système dysfonctionnel et corrompu. Tout au long du film, le jeune gendarmerie Paul Chartier (Anthony Bajon) ne cesse de lutter contre ce système. On lui dit de suivre les ordres et d'accepter le statu quo. Défier toutes les restrictions le pousse vers une colère de plus en plus juste.
L'affaire qui commence à consumer Chartier est la disparition de deux jeunes filles. Trois mois plus tard, leur sort reste un mystère. L'enquête policière a été caractérisée par l'inaction et l'incompétence. Chartier se porte volontaire pour une opération de surveillance clandestine et non autorisée appelée « Maldoror », sous le contrôle du vétéran marqué par la bataille Hinkel (Laurent Lucas, habitué de Du Welz).
L'engagement de Chartier dans cette affaire se joue contre ses relations personnelles et ses petites bombes à retardement de révélations sur son passé. Son père criminel de carrière et sa mère alcoolique Rita (Beatrice Dalle) expliquent sa décision de rejoindre la police et brisent le cycle de son histoire familiale. Son mariage avec Gina (Alba Gaia Bellugi) l'attire dans les bras de sa famille italienne aimante et bruyante ; un contraste saisissant avec le sien. Il y a quelque chose de Francis Ford Coppola?Le parrain(1972) ou celui de Michael CiminoLe chasseur de cerf(1978) dans l'accent mis par Du Welz sur la joie et l'exubérance du mariage du couple, soulignant exactement ce que Paul mettra en jeu par une éthique de travail résolue qui commence à aliéner tout le monde.
L'objectif initial de l'opération de surveillance est le criminel Marcel Dedieu (un Sergi Lopez crasseux et répugnant), mais, à mesure que l'intrigue se déroule, Chartier et ses collègues découvrent une histoire aux multiples tentacules de pédophilie, de pornographie, d'enlèvement et de trafic qui implique des hauts gradés. membres de l’établissement local. Du Welz maintient une emprise claire sur le récit naissant et nous fait prendre conscience très tôt que l'instinct de Chartier est bien fondé. Cela renforce notre identification à sa frustration que personne ne le prenne au sérieux.
Du Welz et le directeur de la photographie Manuel Dacosse confèrent à l'histoire une qualité d'enfer sur terre grâce à l'utilisation de couleurs saturées et de décors silex de paysages industriels boueux et détrempés par la pluie, de ciels gris et de décadence. Cette histoire semble également être étayée par des codes de conduite. On attend beaucoup d'une recrue de la police obéissante, d'un mari fidèle ou d'un nouveau père. Le choix de Chartier de ne pas se conformer fait de lui un personnage de plus en plus isolé.
Peut-être inévitablement,Maldororest une histoire très masculine, dégoulinante de testostérone, de droit et du mal que font les hommes. Les personnages féminins sont pour la plupart secondaires mais Bellugi apporte une certaine vitalité à Gina, Dalle tire le meilleur parti de ses quelques scènes poignantes dans le rôle de la mère fragile et bien intentionnée de Chartier et Lubna Azabal incarne parfaitement son rôle de Santos, puissante propriétaire de bordel.
Anthony Bajon (2023?sChien de casse) a constamment prouvé qu'il était l'un des meilleurs acteurs de sa génération, et il investit ici Chartier d'une énergie téméraire et animale qui rappelle James Cagney à son apogée. Bajon porte le film, conservant sa sympathie même si le personnage fait des efforts extraordinaires pour remettre le monde en ordre.
Sociétés de production : Frakas Productions, The Jokers Films
Ventes internationales : WTFilms [email protected]
Producer: Jean-Yves Roubin, Cassandre Warnauts, Manuel Chiche, Violaine Barbaroux
Scénario : Fabrice du Welz, Domenica La Porta
Photographie : Manuel Dacosse
Scénographie : Manu de Meulemeester
Montage : Nico Leunen
Musique : Vincent Cahay
Casting principal : Anthony Bajon, Alba Gaia Bellugi, Alexis Manenti, Sergi Lopez, Laurent Lucas, Beatrice Dalle.