Isabelle Huppert incarne une véritable dirigeante syndicale qui a subi une horrible attaque
Réal : Jean-Paul Salomé. France. 2022. 121 minutes
Si vous avez une histoire assez forte et une actrice principale aussi bonne qu'Isabelle Huppert, pourquoi compliquer les choses ? Cela semble être le principe directeur de ce mélange gaulois laborieux mais inexorable de drame de dénonciation et de noir procédural, avec sa durée indulgente de deux heures. Basé sur "La Syndicaliste", un livre de la journaliste d'investigation Caroline Michel-Aguirre, il se concentre sur le cas réel d'une organisatrice syndicale de l'industrie nucléaire française qui a été agressée à son domicile alors qu'elle enquêtait sur elle. affaires louches de ses patrons, puis accusée d'avoir simulé son propre viol.
Son pouvoir découle du fait de savoir que cette histoire choquante s’est réellement produite.
Traversé de références aux scandales, aux accords commerciaux, aux PDG et aux ministres des années François Hollande (2012-17), c'est un film qui résonnera chez nous avec des nuances que les spectateurs d'ailleurs pourraient avoir du mal à capter. Cela dit, les cabales collusoires dominées par les hommes ne sont pas exclusives à la France.La SyndicalisteL'histoire principale de – la mise à l'écart et la victimisation d'une femme forte et fondée sur des principes – ne se perdra pas dans la traduction, et la cache mondiale d'Isabelle Huppert devrait aider à guider le film vers une poignée d'autres territoires internationaux. Il s’adressera probablement à une population plus âgée, qui s’installera dans le fauteuil confortable de son scénario de la vieille école et de ses solides valeurs de production artisanale.
Huppert joue le rôle intelligent et fougueux de la représentante syndicale Maureen Kearney… et ici il y a une ride qui n'a jamais été résolue. Si ce nom ne sonne pas trop français, c'est qu'il ne l'est pas. La véritable survivante de cette erreur judiciaire choquante était une Irlandaise qui avait déménagé en France à la fin de la vingtaine. Vraisemblablement, Salomé et sa co-scénariste Fadette Drouard n'ont pas voulu compliquer les choses en faisant du protagoniste quelque chose de moins que 100% français - d'autant plus que Maureen de Huppert est dépeinte comme une femme capable de naviguer dans les cliques et salons politiques et financiers parisiens.
Elle n'est peut-être pas l'idée que tout le monde se fait d'une dirigeante syndicale : une coiffeuse aux cheveux blonds parfaitement coiffés, elle siège au conseil d'administration d'Areva, la multinationale nucléaire basée en France dont elle représente les travailleurs, et une ligne directe avec les ministres et même le bureau du président. Ce n'est qu'à la maison, avec son mari musicien et câlin, Gilles (Grégory Gadebois), qu'elle se détend un peu – mais il est révélateur que même ici, elle aime se détendre autour d'une partie de poker.
Dès le début, le scénario établit certaines lignes de fracture. Lorsque la patronne avisée de Maureen, Anne Lauvergeon (Marina Fois), est évincée lors d'un coup d'État politique, elle est remplacée par l'irascible misogyne Luc Oursel (Yvan Attal). Une taupe de l'agence nucléaire française EDF révèle au représentant syndical que des accords douteux sont en cours avec des partenaires chinois, qui entraîneront inévitablement d'importantes suppressions d'emplois. Maureen met les bouchées doubles pour contrer la menace et, ce faisant, se fait de puissants ennemis.
Finalement, une heure plus tard, un film divisé en chapitres datés atteint son point charnière – et devient ainsi quelque chose de nouveau. Après ce qui semble être une attaque brutale contre Maureen, les réunions ministérielles, l'espionnage industriel et les intrigues des conseils d'administration disparaissent, pour être remplacés par le travail de détective et de conseiller juridique. Ce qui unit les deux moitiés de l’histoire, c’est le préjugé masculin. Dans la première partie, Maureen a été mise à l'écart par son nouveau patron parce qu'elle était trop douée pour jouer le rôle d'un homme traditionnel. Dans la deuxième partie, elle devient un objet de suspicion parce qu'elle ne joue pas assez bien un rôle traditionnel de femme : celui de victime.
Pendant que nous regardonsLa Syndicaliste, il est impossible de ne pas penser à celui de Paul VerhoevenElle– un autre drame dans lequel Huppert incarne une victime de viol jugée beaucoup trop calme après coup. Mais les deux films ont très peu de points communs. Avec sa démarche résolue à travers les faits, ses cadrages tout à fait classiques, dominés par des plans moyens et des plans d'ensemble où la caméra se livre une fois de trop à ce vieux truc de téléfilm qui consiste à flotter lentement vers ses sujets,La Syndicalistene joue aucun jeu avec le public. Son pouvoir découle du fait de savoir que cette histoire choquante s’est réellement produite. Lorsque c'est le cas, il est peut-être bon de le servir directement.
Production company: Le Bureau
Ventes internationales : The Bureau Sales, [email protected]
Producer: Bertrand Faivre
Scénario : Jean-Paul Salomé, Fadette Drouard, d'après le livre de Caroline Michel-Aguirre
Scénographie : Françoise Dupertuis
Montage : Valérie Deseine, Ain Varet
Photographie : Julien Hirsch
Musique : Bruno Coulais
Cast: Isabelle Huppert, Gregory Gadebois, Francois-Xavier Demaison, Pierre Deladonchamps, Alexandra Maria Lara, Gilles Cohen, Marina Fois, Yvan Attal