?La Civil?: Cannes Review

Teodora Mihai fait des débuts explosifs dans la fiction avec ce thriller se déroulant au Mexique


Réalisateur : Teodora Mihai. Belgique, Roumanie, Mexique. 2021. 134 minutes

« Je veux juste retrouver ma fille ? est le plaidoyer sincère qui devient un mantra obsédant dansLe Civil.Le premier long métrage dramatique de la documentariste belgo-roumaine Teodora Mihai est un thriller captivant qui équilibre la tension avec un portrait nuancé de la culture de la violence qui en est venue à définir le Mexique moderne. Une performance centrale imposante et digne d'un prix d'Arcelia Ramirez est l'atout d'une histoire passionnante qui devrait gagner le soutien des distributeurs mondiaux.

L'amère ironie deLe civilrepose sur le simple fait que tout le monde est la fille ou le fils de quelqu’un.

Co-écrit avec Habacuc Antonio de Rosario, Mihai s'est inspiré de l'histoire vraie de Miriam Rodriguez et de la souffrance d'innombrables familles.Le civilse déroule dans le nord du Mexique où Mihai établit efficacement la vie ordinaire, presque banale, de Cielo (Ramirez) et de sa fille Laura (Denisse Azpilcueta). On voit la mère préparer un gâteau, ranger une pile de linge et regarder un feuilleton à la télévision alors que Laura se prépare à sortir pour la nuit. Les gros plans de Laura ont un éclat légèrement flou qui fait ressortir son teint pêche et ses yeux pétillants. (Le directeur de la photographie Marius Panduru sert magnifiquement l'histoire tout au long, en particulier dans les nombreuses scènes nocturnes sur des routes poussiéreuses et menaçantes éclairées par un seul bassin de lumières ou des maisons assiégées alors que les balles volent et que la menace devient réelle.)

Cielo est ensuite approché par El Puma, un jeune homme suffisant et arrogant joué par Daniel Garcia dans une performance ricanant qui attise le ressentiment du public. Si elle veut revoir sa fille vivante, elle lui fournira une rançon de 150 000 pesos (environ 7 000 dollars) et les clés d'un pick-up noir appartenant à son ex-mari Gustavo (Guerrero). Figé dans les phares de ce cauchemar, Cielo ne voit d'autre choix que d'obéir. Le truculent et cynique Gustavo est moins sympathique et demande à être convaincu que la situation est même réelle.

La façon dont les gens réagissent offre des révélations révélatrices sur l’état du Mexique, où l’on suppose qu’il est inutile de contacter la police, alors qu’on accepte avec lassitude que le Mexique est tel qu’il est devenu.

Lorsque le paiement initial ne garantit pas la libération de la fille, Cielo devient détective, suivant des pistes, interrogeant des individus et s'accrochant à l'espoir. Le spectateur est entièrement de son côté, non seulement à cause de ce qui s’est passé, mais aussi parce que nous n’en savons que autant qu’elle. Mihai ponctue le film de moments visuels révélateurs. Un mur de la maison de Cielo présentant des portraits de famille contraste avec un mur orné d'affiches demandant des informations sur les personnes disparues ou kidnappées. La force motrice du film est la détermination inébranlable de Cielo et le sentiment brûlant d'injustice qui lui donne du pouvoir.

Arcelia Ramirez donne vie à Cielo, capturant sa colère, son exaspération et sa détermination qui se manifeste dans tout, de sa démarche déterminée aux nerfs qu'elle contrôle tranquillement lors d'un raid sur un bastion d'un cartel. Même ses cheveux deviennent le reflet de qui elle est ; interrompu alors qu'elle passe de la passivité à l'agressivité. Un pacte avec le lieutenant Lamarque (Jorge A. Jimenez) la place en première ligne de la guerre contre les cartels. Plus elle reconstitue le sort de sa fille, plus elle peut lui fournir de preuves.

Le civildresse un tableau convaincant d’une société dans laquelle on ne peut faire confiance à personne et où tout le monde est complice d’un cycle sans fin de violence, d’intimidation et de vengeance. Cela va également au-delà de cela pour montrer que le « bon » les gars peuvent être incroyablement violents dans leurs actions et que les méchants ont aussi des familles. L'amère ironie deLe civilrepose sur le simple fait que tout le monde est la fille ou le fils de quelqu’un.

Sociétés de production : Menuetto, One For The Road, Les Films Du Fleuve, Mobra Films, Teorema

Ventes internationales : Urban Distribution International[email protected]

Producteur : Hans Everaert

Scénario : Habacuc Antonio de Rosario, Teodora Mihai

Photographie : Marius Panduru

Editing: Alain Dessauvage

Scénographie : Claudio Ramírez Castelli

Musique : Jean-Stéphane Garbe, Hugo Lippens

Acteurs principaux : Arcelia Ramirez, Alvaro Guerrero, Jorge A Jimenez, Daniel Garcia