Le réalisateur germano-iranien Behrooz Karamizade fait un début percutant avec l'histoire d'un jeune plongeur iranien
Réal/scr : Behrooz Karamizade. Allemagne/Iran. 2023. 101 minutes
Amir (Hamid Reza Abbasi) et Narges (Sadaf Asgari) sont amoureux et, pour un moment au moins, ils osent espérer un avenir ensemble. Amir perd alors son emploi de serveur et est contraint d'effectuer de longues et épuisantes journées de pêcheur dans la mer Caspienne. C'est un travail ingrat et mal payé, et Amir est de plus en plus tenté de gagner de l'argent à côté, illégalement. Un premier album perçant et puissant de Behrooz Karamizade,Filets videsmet en lumière les réalités économiques de l’Iran pour les jeunes qui peuvent à peine se permettre de rêver, et encore moins de vivre.
Un début perçant et puissant
Le film traite de thèmes familiers ? il y a des parallèles, par exemple, avecLuzzo, l'histoire maltaise de la pêche au marché noir et des pressions économiques écrasantes. Mais même s’il s’agit d’une histoire qui a déjà été racontée dans diverses incarnations et lieux, la qualité de la réalisation du film ne fait aucun doute. Interprété de manière convaincante par les deux protagonistes très charismatiques, et photographié de manière atmosphérique par Ashkan Ashkani (qui a servi de directeur de la photographie sur le film lauréat de l'Ours d'or de Berlin 2020 de Mohammed Rasoulof)Il n'y a pas de mal), le film présente le réalisateur germano-iranien Behrooz Karamizade comme un talent véritablement prometteur. Un intérêt accru pour les festivals semble probable.
Nous rencontrons pour la première fois Amir et Narges lors d'un moment volé au bord de l'eau. Pour Amir, bon nageur, la mer est un terrain de jeu. Il plonge, retenant son souffle jusqu'à ce que Narges fasse les cent pas et s'inquiète sur le rivage. Puis il fait surface, chassant son anxiété en riant, avec un sourire blanc nacré et sans soucis au monde. La relation d'Amir avec la mer est le miroir de son état d'esprit et de sa compréhension de ses aspirations pour l'avenir. Même s'il nourrit toujours l'espoir d'épouser Narges, il n'y a rien à craindre de l'eau, aucun secret désagréable ne se cache sous les vagues.
Mais Narges est issu d’une famille riche et bien connectée. Pour l'épouser, Amir doit être en mesure de lui fournir une dot convenable. Fils de veuve, Amir gagne à peine sa vie avant même de perdre son emploi dans un restaurant. Au fur et à mesure que le film avance et que son rêve semble de plus en plus lointain, la mer prend un caractère menaçant et conflictuel. La conception sonore nous martèle avec une pression écrasante alors qu’Amir plonge pour tendre les filets. Les eaux sont pleines de crasse et de plastique ; parfois, ils jettent un corps sur le rivage. Et les hommes avec lesquels Amir se retrouve à vivre et à travailler sont une bande de bardeaux et de gravier, dont la douceur a été usée depuis longtemps par les vagues incessantes et déferlantes.
Les compétences d'Amir en tant que nageur lui valent le respect des anciens grisonnants de la pêcherie. Dans une scène époustouflante, il triomphe dans un concours sous-marin de capture d'anguilles. Mais Omid (Keyvan Mohamadi), l'ami d'Amir et colocataire dans le triste dortoir en béton qui abrite les hommes, est moins confiant dans l'eau ? un échec qui le prépare un peu trop inévitablement à son destin ultime. Narges, quant à elle, s'éloigne, reconnaissant à peine son amant. Tous les traits qui l'ont attirée vers lui ? son empathie, sa gentillesse, son honnêteté, sa chaleur, son rayon de soleil radieux ? commencent à ressembler à des articles de luxe qu’il ne peut plus se permettre.
Société de production : Basis Berlin Film Production
Ventes internationales : Pluto Film benjamin@plutofilm.de
Producteurs : Eva Kemme, Ansgar Frerich, Uschi Feldges
Photographie : Ashkan Ashkani
Montage : Anne Jünemann
Conception et réalisation : Shahram Karimi
Musique : John Gürtler, Jan Miserre, Sabah Alizadeh
Acteurs principaux : Hamid Reza Abbasi, Sadaf Asgari, Keyvan Mohamadi, Pantea Panahiha, Ali Bagheri, Behzad Dorani, Mehrdad Bakhshi, Mojtaba Bahmani, Ali Mohseni