Un début formidable de Mounia Akl dans une idylle montagnarde libanaise ? jusqu'à ce que la décharge arrive à côté
Réal. Mounia Akl. Liban/France/Espagne/Suède/Danemark/Norvège/Qatar. 2021. 106 minutes
Haut dans les collines, loin de la pollution et de la corruption qui gangrène le reste du pays, une famille libanaise a bâti une sorte d'idylle. C'est une vie simple ? je passais à m'occuper des légumes, à presser l'huile d'olive, à lutter avec les poulets et à enseigner aux enfants à la maison. Et surtout, c'est loin de Beyrouth, un endroit qui, avec son climat politique et ses tas d'ordures, n'est plus une option vivable pour Walid (Saleh Bakri), même si sa femme Soraya (Nadine Labaki), ancienne chanteuse, aspire toujours à la vie citadine. La famille apprend alors que le terrain attenant est destiné à une décharge. Et ils en savent suffisamment sur le gouvernement pour se rendre compte que les promesses en matière de sensibilité environnementale sont creuses.Costa Brava, Libanest un formidable premier long métrage de Mounia Akl qui fonctionne à la fois comme un drame domestique captivant et comme une élégante allégorie politique.
Fonctionne à la fois comme un drame domestique captivant et comme une élégante allégorie politique
C'est une image qui a beaucoup à recommander, notamment le pouvoir de star et la chimie de Labaki et Bakri.Costa Brava, Libanest également intrigant sur le plan tonal, partageant un sentiment d'insularité assiégé similaire à celui d'Ursula Meier ?Maison, un film avec lequel il trouve aussi une parenté dans ses couches de symbolisme. A noter qu'Akl a co-écrit le scénario avec Clara Roquet, qui est également créditée sur Jaime Rosales ?Pétraet dont les débuts en tant que réalisateurLibertéprojeté à la Semaine de la Critique de Cannes plus tôt cette année. Suffisamment distinctif pour s'imposer auprès du public art et essai, c'est un film qui pourrait sortir du circuit des festivals avec le soutien d'un distributeur ou d'une plateforme de streaming engagé.
Si la famille peut exister dans un vide auto-construit, ce n’est pas le cas du cinéma. Akl ouvre le film avec un clin d'œil effronté au plan d'ouverture du film de Fellini.La Dolce Vita.Mais plutôt qu'une statue du Christ planant au-dessus des faubourgs de Rome, on suit une effigie en béton du président qui est transportée, ignominieusement, sur un camion plateau à travers les détritus entassés des banlieues insalubres de Beyrouth. Il s'avère-t-il destiné à être monté sur la colline juste en dessous de la résidence de la famille Bacri, signe avant-coureur d'un afflux de nouveaux visiteurs indésirables ? ouvriers et un jeune et beau chef de chantier.
Ils sont accueillis avec une animosité à peine voilée par Walid et sa plus jeune fille Rim (interprétée avec brio par les jumelles identiques Ceana et Geana Restom). Rim catapulte des pierres sur les hommes, tandis que son père tire des poignards aux yeux sombres par-dessus la clôture de séparation. Mais le reste de la famille est plus accommodant. Zeina, la mère malade de Walid, incite les ouvriers à acheter des paquets de cigarettes interdites ; Soraya, reconnue par les fans qui ont grandi en écoutant sa musique, ne peut s'empêcher de jouer à nouveau devant le public. Et Tala (Nadia Charbel), 17 ans, la fille aînée des Bacri, dont l'adolescence s'est déroulée dans l'isolement, connaît les premiers frémissements gênants de l'éveil sexuel.
Les poisons se propageront bientôt de la décharge dans la terre et dans l'air ? les déchets sont brûlés, illégalement, dès que les yeux des médias se détournent du site (la promesse d'une décharge « verte » est, comme toutes les autres promesses de campagne des prochaines élections, faites pour être rompue). Le bruit de la décharge ? la musique pop hurlante et jetable, la machinerie lourde et grinçante ? est un autre type de pollution, un point souligné par la conception sonore du film. Et ainsi la toxicité s’infiltre dans les relations familiales. Une jolie scène montre la mère racontant à ses filles (Rim se tortillant, Tala ravie) l'histoire de la façon dont elle a rencontré leur père. C'était après une violente manifestation dans la ville ; elle a renversé du whisky par inadvertance sur ses blessures, puis a ri parce qu'il en faisait tellement d'histoires. Mais le sous-texte est clair ? pour un mariage aux racines dissidentes, il est difficile de ne pas voir ce retrait dans les collines comme une sorte de défaite. L'arrivée de la décharge creuse un fossé qui s'était déjà formé entre Walid et Soraya, divisés sur la question de savoir où se battre pour la vie qu'ils souhaitent pour leurs enfants ? sur la ferme assiégée ou de retour sur la ligne de front à Beyrouth.
Sociétés de production : Abbout Productions, Snowglobe, Participant Medoa, Cinema Defacto, Lastor Media, Fox in the Snow Films AB, Barentsfilm As, Gaïjin, Boo Pictures
Ventes internationales : mk2 Films[email protected]
Producteurs : Myriam Sassine, Georges Schoucair
Scénario : Mounia Akl, Clara Roquet
Photographie : Joe Saadé
Montage : Cyril Aris, Carlos Marques Marcet
Scénographie : Thomas Bremer, Issa Kandil
Musique : Nathan Larson
Casting principal : Nadine Labaki, Saleh Bakri, Nadia Charbel, Ceana et Geana Restom, Yumna Marwan, Liliane Chacar