'Amin': Cannes Review

Dir: Philippe Faucon. France. 2018. 91 mins

Œuvre d'un humanisme tendre et de bonnes intentions abrutissantes, Amin explore le sort de personnes comme l'immigré éponyme Amin (Moustapha Mbengue) qui, pour diverses raisons, se retrouvent éloignées de leur famille et de leurs proches. Compatissant mais travaillé, c'est un film à ranger aux côtés du travail de Ken Loach et Stéphane Brizé. Comme le meilleur des films de Loach, il est empathique et socialement conscient ; comme le pire d'entre eux, il matraque ses points de l'intrigue avec un peu trop d'insistance avec des dialogues sourds et déclamatoires et des performances extrêmement variables.

L'atout principal du film est Moustapha Mbengue dans le rôle central d'Amin

L'ampleur intimiste du drame fait que c'est un film qui fonctionnerait aussi bien sur le petit écran qu'au cinéma. En fait, il est probable que sa meilleure chance d’entrer en contact avec les personnes qu’il dépeint avec tant de sensibilité – des migrants qui ont sacrifié la meilleure partie de leur vie de famille pour subvenir aux besoins de ceux qu’ils ont laissés derrière eux – serait à travers la télévision ou les plateformes de streaming. Pourtant, le caractère discret de l'histoire ne l'aidera pas à se démarquer sur un marché saturé d'histoires de personnes déplacées.

Le principal atout du film est Mbengue dans le rôle central d'Amin, un travailleur immigré en France avec une femme et trois enfants restés au Sénégal. C'est un homme de décence et de dignité, mais les neuf longues années d'exil l'ont laissé vide. C'est un spectacle qui respire la chaleur et la solidité ; il est le point central autour duquel gravitent les autres personnages.

Les premières scènes, lors de l’une de ses rares visites au Sénégal, sont incroyablement poignantes. Amin accueille ses enfants avec un torrent de plaisanteries joviales et de questions, il ne peut pas risquer un silence gênant. Ce serait admettre que les enfants qui sourient si timidement lui sont pratiquement étrangers. Son épouse, Ayesha (Marème N'Diaye) encourage les enfants à faire pression pour que la famille s'installe ensemble en France. Mais Amin insiste gentiment sur le fait que la France n’est pas la terre promise qu’ils croient.

De retour en France, Amin vit dans un foyer habité par des hommes du monde entier. C'est ici que le scénario expose ses tendances les plus schématiques. Plusieurs personnages secondaires semblent entièrement construits pour illustrer certains aspects de la condition migrante. Il y a le jeune homme qui rend visite aux prostituées pour se soulager momentanément du travail pénible et de la solitude. Et il y a l'ouvrier marocain Abdelaziz (Noureddine Benallouche), tiraillé entre deux vies, sa famille au Maroc et ses deux filles en France. Le malheureux Abdelaziz porte sur lui l'empreinte de la tragédie dès la première scène ; il est clair que son récit est édifiant.

Le travail d'Amin pour Gabrielle (Emmanuelle Devos), divorcée, elle-même éloignée de son ex vindicatif et luttant pour maintenir un lien avec sa fille, conduit à une relation provisoire entre les deux. Bien qu’ils soient essentiels à l’histoire, leur lien est curieusement sous-alimenté. Mais il est tout à fait possible que telle soit l'intention. Ce sont, après tout, deux âmes solitaires temporairement réunies ; deux personnes dont le cœur est ailleurs.

Société de production : Istiqlal Films

Ventes internationales : Pyramide International [email protected]

Producteurs : Olivier Père

Screenplay: Philippe Faucon, Yasmina Nini-Faucon, Moustapha Kharmoudi

Scénographie : Manuel Swieton

Editing: Sophie Mandonnet

Photographie : Laurent Fénart

Avec : Moustapha Mbengue, Emmanuel Devos, Marème N'Diaye, Noureddine Benallouche, Jalal Quarriwa, Fantine Harduin, Samuel Churin