Le studio français Gaumont poursuit la sortie en salles de Roman PolanskiUn officier et un espionaujourd'hui (13 novembre), face aux protestations croissantes contre sa libération, suite à une nouvelle allégation de viol contre le réalisateur.
Une projection en avant-première au cinéma Le Champo, dans le Quartier Latin de Paris, a dû être interrompue mardi soir après qu'un groupe de militantes des droits des femmes ait manifesté devant l'événement, brandissant des slogans tels que "Polanski violeur, le cinéma est complice, le public est complice".
L'acteur français Louis Garrel, qui joue le rôle de l'officier de l'armée accusé à tort Alfred Dreyfus dans le drame historique, devait assister à une discussion après la projection avec deux historiens de premier plan. Mais la manifestation a été abandonnée vers 21 heures après l'intervention de la police.
La première officielle en présence de Polanski au cinéma UGC Normandie sur les Champs-Elysées s'est déroulée comme prévu. Il a cependant évité le tapis rouge, entrant et sortant du cinéma par la porte arrière.
Nouvelle allégation de viol
La libération deUn officier et un espiona été laissée dans le désarroi suite à une accusation du photographe Valentine Monnier selon laquelle Polanski l'avait violée dans un chalet de ski à Gstaad, en Suisse, en 1975, alors qu'elle avait 18 ans.
L'accusation a été publiée par le journal français Le Parisien vendredi dernier (8 novembre), où Monnier affirmait : « Il m'a frappé, m'a battu pour me soumettre puis m'a violé ? Je venais d'avoir 18 ans ? Je pensais que j'allais mourir.?
Polanski a démenti ces allégations dans un communiqué publié par son avocat Hervé Temime, qui a déclaré qu'il intenterait une action en justice contre Le Parisien et qu'il ne participerait pas à "un procès médiatique".
Ces accusations ont mis un terme à la dernière étape de la campagne promotionnelle du film. L'acteur principal Jean Dujardin, qui incarne un enquêteur militaire qui s'est battu pour que justice soit rendue au nom de Dreyfus, s'est retiré dimanche soir d'une interview diffusée en prime time sur TF1, tandis qu'une série d'interviews préenregistrées ont également été abandonnées par les chaînes qui devaient les diffuser. .
Gaumont a été l'un des principaux bailleurs de fonds de cette production de 20 millions de dollars, dirigée par Legende Films du producteur français Alain Goldman avec le soutien de RP Productions, Eliseo Cinema, Rai Cinema, France 2 Cinema, France 3 Cinéma, Kinoprime Foundation, Kenosis et Horus Movies.
Gaumont n'a pas répondu aux questions envoyées par courrier électroniqueÉcranquant à savoir s'il modifierait sa stratégie de sortie dans 550 salles ou commenterait publiquement les allégations portées contre Polanski.
Réponse internationale
Reste à voir quelles implications cette allégation aura sur la carrière internationale du film.
Écrana interrogé une douzaine de distributeurs internationaux pour savoir si l'accusation de Monnier aurait un impact sur leurs projets de sortie. Les quelques personnes qui ont répondu ont déclaré qu’elles surveillaient la situation mais qu’elles espéraient maintenir leur stratégie initiale en place.
Ce nouveau scandale pourrait également nuire aux chances du film aux prochains European Film Awards,oùUn officier et un espionest le favoriaux côtés de Pedro AlmodovarDouleur et gloireet Marco Bellocchio?Le traître.
Il compte quatre nominations pour le meilleur film européen, le meilleur réalisateur, le meilleur acteur pour Dujardin et le meilleur scénariste européen pour Robert Harris et Polanski.
L'Académie européenne du cinéma n'a pas répondu à une question envoyée par courrier électroniqueÉcransur la question de savoir si l'accusation aurait un impact sur l'éligibilité du film à la compétition.
Le débat #MeToo renaît en France
L'allégation de Monnier intervient quelques jours seulement après que l'actrice française Adèle Haenel a relancé le débat #MeToo en France.quand elle a décidé de le rendre publicsur le site d'information d'investigation Mediapart avec des accusations selon lesquelles le réalisateur Christophe Ruggia l'aurait agressée alors qu'elle était adolescente.Il a refusé son compte.
Haenel a été l'un des premiers à s'exprimer publiquement en faveur de Monnier, écrivant dans une lettre au Parisien et à Mediapart : « Je soutiens Valentine Monnier. J'ai été bouleversé par son récit. Je crois qu'elle et sa position sont d'autant plus admirables que son agresseur est puissant.
Il y a eu peu de réaction du public dans le reste du monde du cinéma aux allégations de Monnier.
Auteurs, réalisateurs et producteurs français ? La guilde l?ARP a toutefois publié un communiqué mardi soir annonçant qu'elle discuterait d'une motion lors de son prochain conseil d'administration visant à introduire une nouvelle réglementation visant à lutter contre les actes d'inconduite sexuelle dans ses rangs.
Selon les mesures proposées, tout membre reconnu coupable par un tribunal d'un crime à caractère sexuel serait automatiquement exclu de l'organisation, tandis que tout membre faisant l'objet d'une enquête pour inconduite sexuelle serait suspendu jusqu'à ce que l'affaire soit tranchée.
En toile de fond, les révélations de Haenel et Monnier ont donné un nouvel élan au mouvement #MeToo en France, où il ne s'est jamais implanté de la même manière qu'aux États-Unis et au Royaume-Uni.
Une réaction négative semble se produire, les militantes des droits des femmes se faisant de plus en plus entendre pour accuser l'establishment cinématographique du pays d'être complice d'une culture qui normalise le harcèlement sexuel au sein de l'industrie cinématographique. Mediapart avait reçu une avalanche de courriels de particuliers relatant des cas de harcèlement sexuel à la suite de la décision de Haenel de rendre public son expérience.