Le Festival de Cannes n'a jamais craint le scandale, mais l'édition de cette année se déroulera dans un contexte de troubles sociaux jamais vu en France depuis 1968. L'industrie cinématographique mondiale retient son souffle pour voir quel impact cela aura sur la logistique et le ton. de la fête.
Au-delà des manifestations sur les retraites,la grève des écrivains américainsest déjà en train de bouleverser l'industrie et de nombreux drames hors scénario se sont déroulés depuis le dévoilement de la programmation.
Le premier à faire sensation a été l'annonce du drame historique français étoilé de MaïwennJeanne Du Barrycomme lefilm d'ouverture. Cela marque un retour sous les projecteurs de la star du film Johnny Depp, à la suite de son procès en diffamation au Royaume-Uni contreLe Soleiljournal (qu'il a perdu) et procès en diffamation aux États-Unis contre son ex-femme Amber Heard (qu'il a gagné). Quelques jours plus tard, il apparaissait que Maïwenn était poursuivie en justice par un journaliste français pour l'avoir agressé dans un restaurant.
Puis vint l'ajout tardif du livre de Catherine CorsiniRetour à la maisonà la concurrence, ce qui a déclenché une réaction violente. Premièrement, il a été rapporté que Corsini aurait été accusé de harcèlement sur le plateau par des membres de l'équipe pendant le tournage. Le directeura nié les accusationset a été absous de toute accusation. Par ailleurs, une scène impliquant des mineurs n'a pas reçu l'accord préalable de l'organisation française compétente et le CNC a rapidement retiré son financement. Corsini et son producteur ont admis avoir malheureusement négligé le processus d'approbation de la scène. La fureur initiale s'est calmée en France, mais la première du film à Cannes pourrait relancer la conversation.
Les récents événements ajoutent de l'huile sur le feu.plusieurs accusations d'inconduite sexuellecontre l'acteur français Gérard Depardieu dans un reportage d'un journal d'investigationRapport média(Les avocats de l'acteur ont déclaré qu'il « nie toutes les accusations qui pourraient relever du droit pénal »).
Cannes a eu tendance à éviter la politique une fois les lumières éteintes, mais a soutenu les artistes de pays comme l'Ukraine et l'Iran. Le festival de l'année dernière a débuté avec une apparition surprise par satellite du président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui a parlé du rôle du cinéma dans les affaires mondiales. Le Marché a encore renforcé son programme Ukraine in Focus pour 2023 afin de soutenir l'industrie cinématographique du pays.
Le festival a publié une déclaration en juillet 2022 exigeant la libération des cinéastes Mohammad Rasoulof, Mostafa Aleahmad et Jafar Panahi, détenus par le régime iranien au pouvoir, et condamnant « la vague de répression manifestement en cours en Iran contre ses artistes ». Rasoulof devaitrefuser une invitation à rejoindre le jury Un Certain Regarden raison de son interdiction de voyager.
Troubles des retraites
Toute cette fièvre festivalière survient alors que la vie quotidienne des Français continue d'être perturbée par les manifestations, les grèves des transports et même les interrogations sur l'approvisionnement énergétique. Le syndicat français des travailleurs de l'énergie amenacé de cibler de grands événements dont Cannesdans ce qu'il appelle « 100 jours d'actions et de colère », une réponse directe au discours d'avril du président Emmanuel Macron appelant à « 100 jours » de mesures destinées à apaiser les tensions qui ont résulté du fait qu'il a fait adopter une loi augmentant l'âge de la retraite dans le pays.
Le groupe affirme qu’il perturbera les sources d’électricité, ce qui pourrait entraîner l’obscurité dans toute la ville. Même si le Palais et la Ville affirment avoir mis en place des mesures préventives, tout problème d'alimentation électrique pourrait nuire à l'ambiance. Les grèves ont également touché le transport ferroviaire et aérien ces derniers mois.
La police nationale armée du pays et des contingents locaux seront à nouveau déployés dans les rues de Cannes, en plus des plus de 800 caméras de surveillance de la ville qui surveillent chaque mouvement.
Reste à savoir si les stars françaises utiliseront le tapis rouge pour dénoncer les réformes de Macron et d'autres questions sociales. Ces derniers mois, Juliette Binoche, Marion Cotillard et Isabelle Adjanisymboliquement, ils se coupent les cheveuxdans une campagne vidéo pour soutenir les manifestations en Iran appelant à la liberté des femmes ; d'autres ont signé une lettre ouverte derrière la même cause, dont Corsini et le délégué général de Cannes Thierry Frémaux.
Binoche joue dans Tran Anh HungThe Pot Au Feuet Cotillard dans Mona AchachePetite Fille Bleue, tous deux au festival. Le décor est planté pour un mélange convaincant d’art et d’activisme.