La législation française imposant un délai de 36 mois entre la sortie en salles d'un film et sa disponibilité sur un service de SVOD est considérée comme un frein à la croissance du marché.
Canal Plus lancera le 8 novembre un service de vidéo à la demande (SVOD) par abonnement, CanalPlay Infinity.
Cette décision est considérée comme une tentative du géant de la télévision payante de s'imposer comme un acteur majeur du marché français de la SVOD, avant l'arrivée d'opérateurs américains comme Netflix, Apple ou Google.
« Nous anticipons une évolution de notre marché grâce à l'émergence des TV connectées qui vont devenir de plus en plus nombreuses et entraîner de nouvelles habitudes de consommation, » » a déclaré le président de Canal Plus, Bertrand Meheut [photo] lors d'une conférence de presse la semaine dernière.
CanalPlay Infinity proposera-t-il une sélection de quelque 2 000 films et 700 émissions TV par mois tirées principalement de Canal Plus ? catalogue mais aussi des séries télévisées diffusées pour la première fois sur les chaînes françaises TF1, M6 et France Télévisions.
Meheut a déclaré que le groupe était actuellement en négociations avec cinq grands studios hollywoodiens ainsi qu'un certain nombre de producteurs français pour inclure leurs contenus sur le service.
Le nouveau service d'abonnement, offrant un nombre illimité de films et d'émissions de télévision, coûtera 9,99 euros par mois.
Dans un premier temps, il ne sera disponible que sur la plateforme IPTV de SFR mais Canal Plus prévoit de le déployer sur les plateformes IPTV d'autres fournisseurs d'accès Internet, dont Bouygues et Free, avant la fin de l'année.
Les experts locaux du numérique préviennent quant à eux que la législation française imposant un délai de 36 mois entre la sortie en salles d'un film et sa disponibilité sur un service de SVOD entravera sérieusement la croissance du marché.
Ils affirment que les téléspectateurs continueront à se tourner vers les services de VOD payants sur lesquels les films récents sont disponibles quatre mois après leur sortie.
Dans une interview avecLe FigaroDans un journal publié le 17 octobre, le directeur du contenu de Netflix, Ted Sarandos, a déclaré que le service de sa société finirait par arriver en France, mais qu'il ne s'agissait pas d'un territoire prioritaire en raison de l'environnement réglementaire strict.
« Nous serons partout » dit-il. « Mais nous n'avons pas décidé dans quel ordre. Nous nous concentrerons sur les marchés où l'accès à Internet à haut débit est bien développé ou où le contexte économique est favorable. En France, pour l'instant, le marché est un peu trop réglementé.
Il a toutefois ajouté que Netflix était extrêmement intéressé par l'Espagne, un territoire "ravagé par le piratage" à laquelle son entreprise « avait les outils pour répondre ».
En attendant, le portail de cinéma sur Internet Allocine devrait également lancer ce mois-ci un service SVOD en France sous la forme d'iCinema. Le service proposera plus de 10 000 films et émissions de télévision, dont des titres de Pathé, Gaumont et Warner Bros.